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István Szabó : « Le monde a changé, mais ce n’est pas de mon ressort »

par Yaël Hirsch
20.05.2025

Alors que l’Europe vit une montée de l’antisémitisme, notamment dans la Hongrie de Viktor Orbán, le cinéaste hongrois István Szabó, 87 ans, revient au Festival de Cannes pour présenter Sunshine (1999) dans la section Cannes Classics. Cette fresque monumentale retraçant le destin d’une famille juive sur trois générations, restaurée en 4K, résonne d’une manière nouvelle dans notre époque troublée. Nous avons rencontré le réalisateur avec des confrères journalistes à Cannes qui nous a parlé avec recul de Mitteleuropa.

Pourquoi ce retour de Sunshine aujourd’hui ?

C’est le Festival de Cannes qui l’a choisi. J’ai appris la nouvelle par mon producteur, Robert Lantos. Il m’a dit : « Notre film est invité ». J’ai demandé : « Lequel ? ». Il m’a répondu : « Sunshine. » J’ai trouvé cela formidable. Cannes Classics, c’est un honneur.

 

Ce film, vingt-cinq ans après sa sortie, vous parle-t-il autrement dans le contexte actuel ?

C’est difficile à dire. J’ai réalisé ce film il y a plus de vingt ans. Je me souviens de comment je l’ai fait, et des sentiments qui m’habitaient. Je ne pense pas devoir changer ces sentiments. Bien sûr, le monde a changé, mais ce n’est pas de mon ressort.

Vous racontez trois générations dans Sunshine. Une quatrième génération a grandi depuis. Avez-vous pensé à la prolonger, à ajouter une suite ?

Non. Un film est un film. Quand il est terminé, il est terminé. Simplement, quand je revois mes films vingt ans plus tard,  je ressens le besoin de les raccourcir. J’aimerais avoir un stylo rouge, comme un écrivain qui relit ses textes. Cela m’arrive avec tous mes films, et je crois que c’est le cas de beaucoup de cinéastes. Peut-être qu’il y en a qui sont contents de leur œuvre. Tant mieux pour eux. Moi, j’ai toujours cette envie de condenser, de simplifier.

En revoyant Sunshine et Mephisto, on est frappé par leur actualité. Ils évoquent des régimes autoritaires, des manipulations politiques. Les voyez-vous différemment aujourd’hui ?

Mais ce n’est pas de ma faute. J’ai fait ces films à partir de mes propres expériences. Je suis né en 1938. J’ai survécu à plusieurs régimes, connu des bouleversements, d’abord comme enfant, puis comme étudiant, enfin comme réalisateur. J’ai toujours essayé d’être historiquement exact, tout en injectant ma propre mémoire dans le récit. Si des choses que j’ai vécues il y a 30 ou 40 ans résonnent aujourd’hui, c’est parce que l’Histoire se répète. C’est la vie.

 

Cela vous surprend-il, ce retour des extrêmes, en Hongrie ou ailleurs ?

Un peu, oui. Mais je me demande : qu’est-ce qui a surpris mes grands-parents ? Mes parents ? Ce que nous vivons aujourd’hui est peut-être moins dangereux que ce qu’ils ont connu, comme le nazisme. Ce que j’ai voulu raconter dans mes films, c’est l’expérience spécifique de l’Europe centrale. Je viens de Budapest, donc mon regard vient de là. Mais mes amis d’Europe centrale — Jerzy Mentele, Dušan Makavejev, Andrzej Wajda — ont traversé les mêmes choses. C’est une région charnière. Et c’est notre réalité.

Vous aviez six ans pendant la Seconde Guerre mondiale. Quels souvenirs en gardez-vous ?

J’étais à l’orphelinat. Je me souviens très bien du jour où un soldat russe est entré dans la cave où nous nous cachions. Il portait un uniforme blanc. Il ressemblait à un bonhomme de neige. Il a demandé, en allemand : « Niemtze ? » — des Allemands ? — et quelqu’un a répondu : « Non, ce sont juste des enfants ». Alors il est reparti. Mais le bruit des bombardements, le sifflement des roquettes — ce qu’on appelait les Katyusha — ça, je l’ai dans l’oreille encore aujourd’hui. C’est comme un oiseau de mort qui passe dans le ciel. Je ne joue pas la comédie. C’est resté.

Le film parle du rêve d’assimilation des juifs en Hongrie, et de son échec. Aujourd’hui encore, est-ce que les juifs hongrois rêvent d’intégration, ou ont-ils renoncé ?

Il faut comprendre l’histoire. Jusqu’au XVIIIe siècle, les juifs n’avaient pas le droit de se déplacer librement dans le pays, ni d’acheter un quartier, ni de fonder une fabrique. Ils pouvaient vendre, exercer un métier, mais très peu. La révolution de 1848 a commencé à changer les choses, même si elle a été écrasée. Ensuite, l’empereur François-Joseph a reconnu la religion juive comme religion d’État. À partir de là, les juifs ont pu accéder à la propriété, créer des entreprises, contribuer pleinement à la vie nationale. Ils ont cru à l’assimilation. Ce rêve a été brisé au XXe siècle, mais il a existé. Et je crois que ce rêve existe toujours, d’une certaine manière. C’est de cela que parle Sunshine : du désir d’être à égalité, et de la difficulté à l’être.

Visuel (c) István Szabó DR