Iran : la culture à l’épreuve de la guerre

par La redaction
24.06.2025

Ce mardi 24 juin, l’Iran et Israël viennent d’accepter, selon Donald Trump, un cessez-le-feu mettant fin à une guerre de 12 jours lancée pour éradiquer le nucléaire iranien. Toute la semaine dernière, nous avons déploré les morts et les destructions, mais également imaginé que le régime en place depuis près de cinquante ans à Téhéran pourrait tomber. Alors que cette idée s’éloigne, comment le monde de la culture réagit-il quand sont aussi abattus des gardiens de la révolution ?

Depuis quelques jours, les militantes du mouvement Femme, Vie, Liberté relaient sur les réseaux sociaux des vidéos montrant ces barbus remplissant des camionnettes d’argent pour fuir. On voit aussi ces mêmes femmes retirer leur foulard et sourire enfin à l’espoir d’une liberté retrouvée.

Pourquoi l’idée qu’un régime islamiste s’effondre ne suscite-t-elle pas en France un enthousiasme comparable ? Comme le souligne Laurent Joffrin dans Le Journal, « le Premier ministre israélien espère faire tomber la dictature des mollahs en affaiblissant sa capacité militaire et en désorganisant, par des assassinats ciblés, son appareil répressif et politique ». De notre côté, la question reste toujours la même face à un événement non culturel : que peut en dire la culture ?

Le rappeur Toomaj Salehi, incarcéré pour la 3e fois depuis 19 juin, vient, en pleine guerre, de sortir de nouveaux titres en ligne, dont le très beau « Pileh », qu’il a dédié « à toutes les femmes qui ont résisté, et qui n’ont pas permis qu’on leur vole leur liberté ». Marjane Satrapi dit de lui : « C’est un poète dont les mots n’appellent pas à la violence, mais au réveil. » En janvier dernier, elle avait refusé la Légion d’honneur, dénonçant l’attitude de la France face à l’Iran. Un geste fort pour défendre les libertés fondamentales : « Quand vous avez un peuple qui se bat pour la démocratie, il faut le soutenir », affirmait-elle alors.

En mai dernier, après avoir obtenu sa Palme d’or et avant de repartir pour l’Iran, le réalisateur Jafar Panahi déclarait au micro de France Inter : « Pour moi, le régime s’est déjà effondré. Il ne reste qu’une coquille vide. Et parce que cette coquille dispose de l’argent et des armes, elle parvient à se maintenir. Jusqu’au jour où elle craquera. Dans une semaine, un mois, un an, je ne sais pas. Mais les Iraniens assisteront à cet effondrement définitif. »

Du côté du théâtre, la pièce d’Aïla Navidi, 4211 km, raconte l’histoire de militants de gauche qui ont combattu le régime du Shah et ont été contraints à l’exil, en France, après l’avènement de la République islamique, lorsqu’on a volé « leur révolution ». Pour rappel, la répression du mouvement Femme, Vie, Liberté est féroce. Le dernier rapport d’Amnesty Internationale est accablant Mais, les témoignages des Iranien.n.e.s qui fleurissent sont la preuve qu’un espoir demeure.

Chanteuse lyrique franco-iranienne, Ariana Vafadari fait de sa voix un outil de résistance. Entre récits intimes et engagement politique, elle tisse des ponts entre les cultures, les époques et les luttes. Vendredi dernier, nous avons souhaité l’interroger sur son parcours, ses prises de position, et son lien avec l’Iran. Une conversation vibrante, marquée par l’espoir qu’enfin, le régime des mollahs cesse après quarante-six ans de terreur.

Les jours défilent et nous toustes guettons, étourdi•es par le soleil de ces derniers jours et par les nouvelles de cette guerre, dont nous ne mesurons pas encore toutes les conséquences. Nous ouvrons l’œil car nous pensons que les œuvres et les acteurices culturelles nous permettront dans les prochains temps de nous projeter un peu mieux.

Bonne semaine à toustes,

Amélie, Yaël et Laura

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