Interview avec Loïc Touzé : « Le poète est un verbe d’action »

Cult News : Nous nous étions rencontrés il y a un an pour évoquer la 9e édition du Grand Huit. Pourquoi cette dixième sera-t-elle la dernière ?

Loïc Touzé : Cette ultime édition est dédiée au poète, dramaturge, critique de cinéma et danseur Stéphane Bouquet (1967-2025, ndlr), récemment disparu. Je me souviens du texte Neige écran, commande de l’IMEC (institut pour la mémoire de l’édition contemporaine). Il écrit « Le poète est un verbe d’action ». Cette phrase accompagne l’imaginaire de cette édition. Les artistes invité.e.s sont tous.tes poètes de danse et Stéphane était aussi danseur. Les pièces qu’iels présentent ont en commun une foi dans le travail du geste. Des gestes qui agissent poétiquement sur le monde dans lequel ils se font. Plusieurs artistes présent.e.s dans la programmation le connaissaient bien. Je lui avais commandé une pièce de danse à lire. Il était venu performer ce texte en 2014.

Dernière édition

CN : Qu’en est-il de cette édition du festival ?

LT : Nous aurons réussi, Fabienne Compet et moi-même, puis ensuite avec Cynthia Albisser à réaliser dix éditions entre 2016 et 2025. Entre octobre 2012 et décembre 2015 avec Fabienne, nous avions fait le choix d’inviter tous les huit du mois un.e artiste à Honolulu pour y présenter son travail. Cette régularité était devenue un rendez-vous que le public ne manquait pas. Puis nous avons eu envie d’un temps fort rassemblant sur plusieurs jours des œuvres et des artistes pour une plus grande émulation. Le Grand Huit est né en 2016. Notre réalité économique évolue et le budget du festival est aujourd’hui de 45 000 euros mais nous ne sommes pas certains de pouvoir le reconduire l’année prochaine étant donné les coupes drastiques que notre territoire subit. L’aide du fonds Marie-Thérèse Allier (1931-2022, ancienne directrice de la Ménagerie de Verre à Paris, ndlr), d’un montant de 10 000 € par an pendant trois ans et qui soutient le festival et le lieu, arrive à échéance cette année. On a fléché ce montant sur les résidences et les artistes accueilli.e.s au festival. La Ville de Nantes, le Département de Loire Atlantique et la DRAC nous soutiennent également*. Nous allons d’autre part, à partir de la rentrée 2026, intégrer un nouveau lieu** dont la Ville de Nantes vient de financer la rénovation dans une ancienne caserne militaire située dans un quartier naissant. Il nous semble que c’est le moment à la fois de faire le bilan des quinze années que nous venons de passer et de réfléchir avec ce nouvel équipement à la manière dont nous allons accueillir des artistes et quel cadre nous souhaitons imaginer pour présenter leurs œuvres. En 2027, nous proposerons un nouvel événement.

Pour cette édition 2025, nous programmons une dizaine de projets en partenariat avec cinq lieux fidèles à Nantes. Le CCNN présente Un monde réel de Rémy Héritier et Trémolo d’Emilie Philippot et le Nouveau Studio Théâtre accueille avec le TU De la pierre et de l’eau, un trio chorégraphique d’Alice Gautier. Le TU invite aussi dans ses murs Ondine Cloez et Kotomi Nishiwaki, le 783 ouvrira jeudi 4 le festival avec la pièce de Carole Perdereau, puis le samedi accueille Mountains grow unnoticed d’Adaline Anobile. À Honolulu, nous présentons le travail de Clarissa Baumann et celui de Lina Schlageter. Enfin dimanche soir à la Libre Usine sera présenté Rage d’Anna Gaïotti. Chaque lieu apporte un soutien financier en numéraire et/ou technique mais les enveloppes sont pour certains lieux 50% en-dessous de ce que nous recevions les années précédentes. Cela participe aussi de notre décision d’interrompre cet événement, car la seule marge économique qu’il nous reste serait de réduire les cachets des artistes et nous ne souhaitons pas en arriver là.

Ce qui ne se montre pas

CN : À qui s’adresse ce festival ?

LT : Nous pratiquons un prix libre car nous souhaitons que l’accès soit facilité pour les étudiant.e.s, les personnes précaires. Les formes que nous présentons sont radicales et assez peu présentées à Nantes, nous savons que le public qui à une large offre sur l’agglomération nantaise ne va pas se précipiter pour venir au Grand Huit, mais chaque année nous sommes surpris par la fréquentation. Ce dont nous sommes aussi très heureux, c’est de la présence des artistes, c’est un rendez-vous attendu, beaucoup de celles et ceux qui ont été programmé les années précédentes viennent assister à l’entièreté du festival. Partager les œuvres, faire retour, échanger, porter un regard critique, contribuer par sa présence au travail des autres artistes sont devenus, au fil des éditions, une particularité de cet événement. Une manière pour les artistes de se retrouver et dans ce moment pas facile, de se donner de la force.

CN : Les jauges sont parfois petites.

LT : Oui, dans les salles à cinquante places, on est limités, ce qui n’est pas le cas au TU ou au CCNN. La question n’est pas de faire du nombre, mais de la qualité. Le but est de créer des échos par les formes qui sont vues, d’en faire naître d’autres pour continuer à avancer, et de faire confiance à ce qu’écrit Stéphane Bouquet. Dans Neige écran, après : « Le poète est un verbe d’action », il dit : « le poème n’a rien à dire… Il lui échoit surtout et seulement de fabriquer des relations, des liens » La composition, qu’elle soit littéraire ou chorégraphique, consiste en des suites de gestes qui transforment celui ou celle qui le fait (le danseur, le performeur). Ces gestes transforment aussi le regard de celui ou celle qui les voient et transforment le monde dans lequel cela a lieu. J’ai cette foi, je crois en cette puissance. Quand je crée les conditions pour que cela agisse, je fais mon travail.

Les choses doivent avoir lieu, même si c’est à une échelle modeste, pour qu’on puisse se tenir dans des gestes qui ont une forme de radicalité – radical dans le sens de la racine – ces gestes s’appuient sur de l’histoire, celle du monde et aussi celle de l’art. Ils prennent le risque non pas de séduire ou de convaincre un public mais plutôt de faire des actes poétiques réels ou l’on voit des personnes dans l’intégrité de leurs gestes, croire en ce qu’elles font et donner à voir ce qui ne se montre pas. Je n’invite pas les artistes du moment, celles ou ceux qui occupent toutes les scènes, ça n’a jamais été le cas. Les invité.e.s participent d’une communauté d’artistes qui s’attentionnent à l’art du geste et de la danse que je trouve essentiel, vraiment essentiel.

CN : Est-ce vous qui établissez la programmation ?

LT : Oui, je partage ces choix avec Cynthia Albisser. Sans elle, le Grand huit n’aurait pas lieu. Elle travaille pour Oro depuis huit ans, son regard artistique sur la danse s’est construit aussi avec ce festival. Elle s’occupe du lieu et de la compagnie. Elle vient voir, participe à toutes les présentations publiques. Elle travaille pendant une année à préparer le festival : c’est énormément de rencontres, d’échanges sur la technique, les accueils, rédiger des conventions, s’occuper de la communication… Elle fait tout et toute seule. Elle est compétente, pragmatique, précise et joyeuse. Je mesure combien cette collaboration est fondamentale dans l’histoire du festival. Elle le fait par engagement pour l’art. Elle résout toutes les questions dans un éclat de rire.

Des spectacles, des artistes, des œuvres

CN : Peut-on parler des artistes de cette édition ?

LT : Oui mais avant, quelques chiffres. En quinze ans, on a invité à Honolulu deux cent cinquante artistes et au festival soixante-et-onze*** dont douze sont revenus deux ou trois fois. Il y a donc une fidélité et pas seulement des ‘one-shots’. Un suivi des projets existe, certains sont venus pour des étapes de fabrication. Dans cette édition finale, cinq sur les neuf ont déjà été invités. C’est une manière de célébrer le travail et le parcours accompli.

CN : Ces artistes ne sont pas qu’originaires de France ?

LT : Si je reviens sur les dix éditions, je vois que certain.e.s viennent d’Amérique du Sud, des pays du continent africain, des États-Unis, d’autres pays d’Europe. Beaucoup sont basés en France.

CN : Y a-t-il un accent mis sur les artistes LGBTQI+ ?

LT : Des artistes invitées font partie de cette communauté, mais il n’y a pas d’accent ou d’orientation spécifique donnée au festival.

CN : Et leur âge ? Ces artistes sont-ils jeunes et en émergence ?

LT : Iels sont de plusieurs générations ; ce qu’iels conçoivent a souvent une dimension critique et propose des formes sensibles d’attentions pour percevoir le monde.

CN : Y a-t-il des créations pour le festival ?

LT : Oui cela arrive, mais ce n’est pas une demande de notre part. Les créations sont présentées à différentes étapes du travail. Pour exemple cette année, Carole Perdereau présente le 4/12, sa pièce en solo Ritmo et altre preoccupazioni qui sera une première étape de visibilité. C’est aussi le cas pour Adaline Anobile le 6/12 (solo Moutains grow unnoticed) ? Pour Alice Gautier et Lina Schlageter ce sont des créations finalisées. Il m’arrive aussi d’inviter des pièces que je n’ai pas vues et que j’ai envie de voir.

CN : Donc une édition riche comme à chaque fois ?

LT : Merci.

CN : Quelle pièce va dans quel lieu ?

LT : C’est un tétris compliqué à mettre en place. Nous échangeons, Cynthia et moi, avec chaque équipe et cela dépend de la nature des projets, de la disponibilité des espaces, des contraintes techniques. Par ailleurs, les responsables des structures, comme par exemple Yves Jourdan au Lieu unique (directeur adjoint et conseiller pour la danse, ndlr), savent que je programme des artistes de qualité. Il a immédiatement dit oui quand je lui ai proposé de présenter le travail d’Anna Gaïotti. Pour le Nouveau Studio Théâtre, le chorégraphe Laurent Cebe y étant un des artistes résidents et un ami, il m’a très tôt dit vouloir participer cette année au Grand Huit. Les formes présentées sont modestes en nombre d’interprètes au plateau et souvent peu compliquées en demande technique. Cela correspond au moment que nous traversons quant aux restrictions budgétaires, aux difficultés rencontrées pour monter des productions, trouver du temps de travail et salarier les artistes. Je trouve ces artistes très courageux de porter leurs projets dans cette période peu propice.

CN : Pourquoi décembre ?

LT : Sans raison particulière, mais j’apprécie l’hiver pour nous retrouver dans une salle de spectacle et cultiver l’imaginaire collectivement. Il y a une sensation plus basse et plus faible dans la volonté, c’est une bonne disposition pour l’attention.

Regard tordu, vision directe

CN : Le texte de présentation du carton sur le site internet est à nouveau quelque peu déroutant…

LT : Je pars des textes des artistes. J’assemble des mots que je trouve dans leurs projets, cela crée un monde, un goût, un espace, une poésie : « Instabilité rythmique, cri et apparition, épopée modeste, chevêtre de langue et ligne, vague et montagne, yeux mi-clos, regard tordu, vision directe, personne étendue, danse réelle, sort, morsure, vertige et lucidité ». J’ai ajouté une phrase inspirée d’un texte de Gertrude Stein.: « Le monde dérive à vive allure, les lumières sont partout et nous ne voyons plus rien ». Je poursuis en disant : « Pourtant une danse sous nos yeux soulève nos imaginaires et accorde nos regards. Continuons de voir ensemble ce qui ne se montre pas », ce qui nous renvoie aux conditions nécessaires pour créer des excès de vision. Je pense ici à un texte de Mathieu Bouvier « Pour une danse qui laisse à désirer : une apologie de la réserve » (CND 2007 et revue canadienne Spirale).

CN : S’appuyer sur des textes est une constante pour vous ?

LT : Nous sommes tous appuyés sur des mots, ce sont des bords indispensables, choisir ceux des autres c’est leur donner de la place, c’est une manière de s’agrandir.

CN : Y a-t-il un fil rouge « Loïc Touzé » dans le festival ?

LT : Je suis un artiste, pas un professionnel de la programmation. Je ne signe pas mais je me sens responsable. En dix ans, vous êtes le seul journaliste à être venu m’interviewer à propos de ce festival. Si je regarde les dix éditions, je vois bien que cela construit une forme, participe d’une esthétique, dessine une certaine relation à la danse et n’est pas étranger à ce qui m’anime quand je compose. Mais je ne programme pas ce que j’aime, cela serait trop pauvre. Il m’est souvent arrivé d’inviter des artistes dont je me sens loin dans la manière qu’iels ont d’inventer et de fabriquer. Mais je me sens toujours proche de l’éthique qui circule dans leur travail.

En 2022, avec Barbara Coffy, Fabienne Compet, Cynthia Albisser et Nicolas Couturier, nous avons réalisé une publication qui raconte les dix ans de Honolulu (2012 -2022). Ce qui est frappant quand on parcourt cet ouvrage, c’est la manière dont la définition de ce projet est contenue dans la somme des invitations et les liens souterrains qui se sont tissés d’un projet artistique à l’autre. Honolulu est une entité en soi et le Grand huit aura été jusque là sa part la plus visible. Je veille depuis le début de cette aventure à ne pas m’emparer des œuvres des autres, être discret et ne pas faire écran par ma présence artistique. Laisser les artistes être là en leur nom et créer les meilleures conditions possibles pour présenter leurs pièces à la mesure de nos possibilités.

Rencontre et composition

CN : Une rencontre est annoncée dimanche 7/12 à Honolulu.

LT : C’est à l’occasion de la réédition chez B42 de l’ouvrage Composer en danse : un vocabulaire des opérations et des pratiques (Yvane Chapuis, Myriam Gourfink et Julie Perrin, dir). C’est à 13h et ce sera en présence de deux des trois directrices de l’ouvrage, Y. Chapuis et M. Gourfink. Rémy Héritier, Myriam et moi-même avons participé à cette recherche, dans la mesure où Rémy est présent dans le festival, on a pensé pertinent de parler de ce qu’a été ce travail. Le livre a été édité une première fois en 2020 aux Presses du Réel mais est aujourd’hui épuisé. Dix chorégraphes y ont participé, les directrices ont composé un lexique à partir des contributions des chorégraphes invités. C’est le vocabulaire d’une communauté et aussi d’une époque. C’est un outil de travail, mais c’est aussi une occasion pour toutes celles et ceux que la danse intéresse de voir d’un peu plus près comme se fabriquent des œuvres en danse.

CN : Les œuvres vues au festival influencent-elles votre propre travail de chorégraphe ?

LT : Quand je suis arrivé à Nantes en 2009, nous avons eu besoin avec Fabienne Compet de créer un contexte pour le travail de l’art chorégraphique. Comme j’enseigne dans de nombreux cadres pour des danseur.euses professionnelles souvent en Bachelor ou en Master, je vois des jeunes gens qui sont dans les premiers élans de leur travail artistique et je peux leur proposer de venir à Honolulu en résidence pour donner du temps et une forme à leur commencement. Créer des contextes pour voir les pièces des autres a toujours été une préoccupation dans ma vie artistique. Enseigner, faire des films, faire de la recherche en danse, toutes ces activités façonnent mon travail, les pièces des autres ont une influence considérable sur ce que je fabrique. J’ai besoin de voir ce qui les anime, ce que je ne saurais voir sans eux.

Cela a commencé à Rennes en 2000. J’ai été invité par Larys Frogier, directeur du centre d’art La Criée, pendant trois semaines. J’ai proposé DÉPLACER et invité Xavier Le Roy, Jennifer Lacey, Catherine Contour, Myriam Gourfink, Alain Michard. Le sous-titre de la manifestation disait : « Non pas changer de place mais changer dans sa place ». La question posée par L.Frogier était : « Peut-on faire une exposition de danse ? ». J’avais fait poser un plancher orange dans l’espace, mis à disposition une bibliothèque avec des livres sur la danse, proposé à Christophe Wavelet de réaliser des entretiens filmés avec chaque artiste invité. Ces portraits étaient projetés sur les murs de la salle d’exposition, des performances étaient données toutes les fins de semaines. Être force invitante a toujours été pour moi fondamental. Je traite la question complexe et souvent déceptive de la diffusion en créant les conditions de la diffusion pour d’autres.

CN : D’autres projets de publication, comme l’ouvrage sur les dix ans d’Honolulu ?

LT : Oui, j’aimerais bien publier un ouvrage sur ces dix éditions du Grand Huit.

*La Ville de Nantes fait confiance à Loïc Touzé. Elle est très présente, soutenant le festival à hauteur de 5000 €, la compagnie Oro (17 000 €) et le lieu (14 000 €). La DRAC aide Honolulu au titre des Ateliers de Fabrique Artistique (AFA) pour un montant annuel de 15 000 € et soutient aussi le festival. L’association Oro est conventionnée avec le Département mais il a baissé sa dotation. La Région a totalement supprimé son aide (comme pour beaucoup d’autres associations).

**Cette nouvelle base comprendra deux espaces, un studio de 150 m2, avec gril technique et jauge public de 100 personnes, et un autre studio d’une surface de 60 m2, partagé celui-là et dédié notamment aux pratiques somatiques. Il s’appellera Le geste. Sans perdre du charme du lieu actuel, les conditions d’accueil seront plus confortables. Le futur bâtiment, situé dans la friche Mellinet, ancienne caserne, a été rénové par l’équipe d’architectes Titan. Honolulu et la compagnie Oro de L.Touzé partageront au même étage les lieux avec le danseur hip-hop Philémon, qui disposera d’un studio de danse de 140 m2.

***Artistes accueilli.e.s : 2016 : Katerina Andreou, Jule Flierl, Sorour Darabi, Géraldine Gourbe, Anna Gaïotti ; 2017 : Aline Landreau, Marion Uguen, Adaline Anobile, Corentin Le Flohic, Laurent Pichaud, Julie Gouju, Pauline Le Boulba ; 2018 : Marion Sage, Florence Casanave, Alain Michard, Isabelle Launay, Jule Flierl, Lina Schlageter ; 2019 : Louise Doumeng, Stéphane Menti, Lucie Lintanf, Céline Cartillier, Inês Campos, Jonas Chereau ; 2020/2021 : Laurent Cebe, Eli Lecuru, CC Le Flohic, Lina Schlagete, Olivia Grandville, Carole Perdereau, Julie Nioche, Rémi Blanes et Mathilde Papin, Marion Blondeau et Ahmed Ayed, Alice Gautier, Pauline Weidmann ; 2022 : Talia de Vries et El Manisero, Laura Kirshenbaum, Annabelle Pulcini, Luara Raio, Nicolas Couturier, Léonce Noah, Joachim Maudet, David Marques, Pau Simon, Stéphane Bouquet, Alexis Fichet ; 2023 : Tatiana Julien et Anna Gaïotti, Alain Michard, Agata Maszkiewicz, Madeleine Fournier et Catherine Hershey, Claude Boillet, La Tierce, Madeleine Fournier, Teresa Silva, Philipp Enders, Pauline L.Boulba et Amanita Labor, Alain Buffard ; 2024 : DD Dorvillier, Laura Simi et Erika Zueneli, Bryan Campbell, Mathilde Papin, Nina Santes, Eli Lecuru, Liane Goodhue, Céline Cartillier, Matthieu Blond et Simon Ascencio, Marie Orts, Romain Jarry et Loic Varanguien de Villepin ; 2025 : Carole Perdereau, Clarissa Baumann, Alice Gautier, Ondine Cloez et Kotomi Nishiwaki, Adaline Anobile, Lina Schlageter, Rémy Héritier,Yvane Chapuis , Myriam Gourfink , Émilie Philippot, Anna Gaïotti.