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19.03.2024 → 24.03.2024

Hassane Kassi Kouyate : « Les Franco, c’est un endroit où on aimerait faire entendre plusieurs points de vue »

par Julia Wahl
17.03.2024

Hassane Kassi Kouyate, directeur du festival de théâtre francophone Les Zébrures du printemps, nous présente l’édition 2024, qui commence le 19 mars.

Quelles sont les spécificités de cette édition des Zébrures de printemps ?

 

Son originalité, c’est de combiner l’accompagnement de jeunes autrices et d’autrices féminines un peu plus confirmées. Je dis « féminines », parce que nous sommes très attentifs à l’écriture théâtrale féminine, avec les dispositifs « Découverte » et « Terminer un texte » qui sont dédiés aux écritures théâtrales féminines. Nous avons également la présentation de textes primés comme les prix RFI, SACD et ETC Caraïbe. Pour nous, c’est à l’image de la dynamique qui se développe autour de l’accompagnement des écritures, aussi bien au niveau des résidences et de l’écrit que de l’accompagnement vers la scène que nous essayons de favoriser. Donc, vous découvrirez des textes qui vont vers la scène dès le mois de septembre et d’autres en automne 2025. On met l’accent dans cette édition-là sur ces écritures féminines et cet accompagnement vers la scène.

 

Est-ce que ça signifie que l’idée, c’est d’avoir un travail pérenne en fonction spécifiquement des autrices ?

 

Oui, on se rend compte de l’importance de cette question par les statistiques : les Franco ont 41 ans maintenant et, quand on prend le nombre d’autrices qui y sont passées, la présence féminine ne fait même pas 20%. Alors que, je dis une banalité, mais il y a plus de femmes sur terre que d’hommes ! On sait aussi que voir le monde de plusieurs fenêtres, c’est important. Les Franco, c’est un endroit où on aimerait faire entendre plusieurs points de vue. Donc le point de vue des femmes sur le monde à travers l’expression théâtrale est très important pour nous. On voudrait vraiment développer cela. Pour cela, on est un peu limité par nos moyens. L’idéal, pour nous, ce serait d’avoir au moins huit bourses par an. Il y a une vraie demande. Il y a beaucoup de femmes qui voudraient écrire du théâtre dans le monde. Il faudrait les encourager, déjà en leur disant qu’elles ont le droit de le faire. Ça paraît simple de dire ça, mais la question de la légitimité passe par des programmations dans des lieux comme le nôtre.

 

Au vu de cette profusion de femmes écrivaines ou aspirantes écrivaines, comment faites-vous la sélection ?

 

On voyage beaucoup. On travaille beaucoup avec des relais sur le territoire. On a des amis « veilleurs » (on les appelle des « veilleurs ») qui nous mettent au courant d’une autrice potentielle, de gens qui ont un talent caché ou dont ils remarquent qu’il y a quelque chose à faire pour les pousser un peu plus. On nous parle de gens de partout, de tous les continents. L’avantage de Limoges, c’est qu’il y a un savoir-faire depuis plus de 40 ans et donc il y a un carnet d’adresses qui a été créé par les différentes directrices et directeurs. Et le bouche-à-oreille marche beaucoup par rapport aux Franco : on a donc aussi des candidatures spontanées et ce n’est pas à négliger. Les Franco ont une superbe réputation à l’étranger : quand on parle de théâtre dans beaucoup de pays, c’est Limoges et Avignon.

 

Pour en revenir aux écritures féminines, ce qui est intéressant, c’est que ce ne sont pas uniquement des textes écrits par des femmes, mais des textes qui explorent la condition féminine et notamment des choses assez violentes.

 

C’est ça : on veut aussi qu’on parle des femmes. Je ne cherche pas forcément à n’avoir que des femmes, mais je cherche à ce qu’on aborde aussi les questions autour des femmes. Des fois, je suis tombé sur des hommes qui parlaient mieux de la condition des femmes que des femmes. Mais, je souhaite aussi que, quand on raconte des histoires de chasse, ce ne soit pas que les chasseurs qui racontent leur histoire, mais que les lions aussi puissent parler.

 

Il y a aussi dans la programmation beaucoup de textes qui s’intéressent à d’autres questions de société, y compris un peu anciennes comme les mines du Pas-de-Calais avec le texte de Penda Diouf [Noire comme l’or, programmé le 21 mars au Vieux Château], la question de la liberté de la presse [À cœur ouvert, d’Éric Delphin Kwégoué, programmé le 22 mars au CCM Jean Gagnant] ou celle de l’écologie [Dictionnaire de la rouille, de Mélissa Mambo Bangala, programmé le 24 mars au CCM Jean Gagnant]. Ce sont des choses qui sont importantes pour vous aussi ?

 

Je pense qu’on est obligé de mettre un zoom sur les faits de notre société. Et ces questions contemporaines doivent être le lieu de débats. Si le théâtre ne crée pas un débat entre les uns et les autres, il doit créer un débat intérieur. Il faut que ce soit des choses au plus près de notre quotidien. On parle beaucoup du passé, de l’avenir, mais on ne parle pas assez du passé qui crée le présent qui va préparer l’avenir. Par exemple, les mines du Pas-de-Calais ont des conséquences aujourd’hui. C’est ce qui m’intéresse : comment on explique aujourd’hui par hier ?

 

A propos du dispositif « Vers la scène », comment se passe le développement de partenariats avec les théâtres dans lesquels les pièces sont diffusées ?

 

Nous, nous ne sommes pas porteurs de projets, nous accompagnons les projets. Les compagnies sont autonomes, mais on essaie d’être catalyseurs, d’abord en accompagnant l’écriture, mais aussi en parlant à d’autres collègues, à d’autres directeurs. Des fois, on fait des lettres avec des compagnies pour dire qu’elles ne sont pas seules, qu’elles sont accompagnées. Nous, on aimerait de plus en plus être porteurs de certains projets pour gérer ces aspects-là, mais nos équipes ne sont pas encore armées pour ça, parce qu’on est en sous-effectif. Mais ça fait partie du projet à moyen terme.

 

Un autre partenariat de longue date, c’est le rectorat de Limoges dans le cadre du PREAC…

 

Je parlerai d’abord de dynamique territoriale. On parle de nous, les êtres humains, à tous les niveaux, et l’enseignement en particulier est un endroit où on prépare les hommes et les femmes de demain. Donc, travailler avec l’éducation nationale, pour nous, c’est prioritaire, pour les raisons que je viens d’évoquer, mais aussi au niveau de l’école du spectateur. On forme aussi les spectateurs d’aujourd’hui et de demain et peut-être les dirigeants d’aujourd’hui et de demain. Et comme on parle aussi des choses du monde et de ses complexités, ses richesses, c’est bien que l’on travaille en collaboration avec l’éducation nationale. Au-delà de la dynamique territoriale, c’est donc vraiment le projet qui le veut. Le théâtre a plusieurs fonctions : il y a la fonction de distraction et la fonction d’enseignement ; il y a la fonction aussi de lieu de rencontre. L’éducation nationale ne peut pas ne pas être au cœur de ces réflexions-là.

 

Vous parliez tout à l’heure de dynamique territoriale : il est très intéressant aussi de constater comment les Franco infusent dans un territoire, avec des événements et des spectacles qui sont programmés à l’extérieur de Limoges même. Comment se sont construits ces multiples partenariats ?

 

Ça a commencé dès le départ de ce projet à Limoges. Le territoire s’est ouvert à ça. Il y a plus de 200 associations à travers les activités francophones dans la région. C’est devenu une vraie région francophone : à travers le festival, il y a eu la création de la bibliothèque multimédia [Bibliothèque francophone multimédia de Limoges], qui a généré aussi d’autres actions et d’autres partenariats. Maintenant, on a Angoulême, on a pas mal d’endroits autour de ces questions-là. Mais je pense qu’il y avait des dynamiques territoriales politiques qui étaient en place et qui ont favorisé ces rencontres-là. Maintenant, c’est devenu presque dans l’ADN de la région, ces questions francophones. Il y a pas mal de structures qui ont établi des rapports, des liens associatifs avec des pays, des ONG francophones, suite au festival, parce qu’au début les comédiens et les artistes habitaient chez l’habitant et ils ont créé des liens. C’est devenu presque automatique.

 

Après, comme vous l’avez dit, nous, on essaye de plus en plus de faire que les premières de certains spectacles se fassent ailleurs qu’à Limoges. C’est là que la Scène nationale d’Aubusson intervient. Avec aussi la région Nouvelle Aquitaine, nous avons essayé de réunir toutes les structures artistiques qui sont sensibles à ces questions de la création francophone. On s’était réuni à la maison Maria Casarès et on était près de 26 structures.

 

J’aimerais aussi dire que c’est un lieu de rencontre entre auteurs qui sinon ne se rencontrent pas et de professionnels de théâtre qui rencontrent des auteurs, parce qu’il y a le dimanche matin un petit-déjeuner de rencontres entre les professionnels et les autrices et les auteurs. Ce petit-déjeuner nous paraît aussi important : c’est aussi important de se parler en dehors d’une salle que dans une salle.

Le festival a lieu du 19 au 24 mars à Limoges et aux alentours. Programmation ici.

Visuel : Hassane Kassi Kouyate – crédit : Christophe Péan