Han Kang ( 한강 ), lauréate du Prix Nobel de littérature 2024
par Georgia Velasco11.10.2024
Déjà lauréate du prix Médicis étranger, du prix Émile Guimet de littérature asiatique, ainsi que du prix international Man Booker, Han Kang a ajouté à son palmarès le fameux prix d’anthologie.
Récompense suprême
Le prix Nobel de littérature a pour mission de récompenser une contribution majeure d’un·e auteur·e, et ce, depuis 1901. Créé par l’Académie suédoise, il s’accompagne, au-delà de la reconnaissance intellectuelle, d’une somme conséquente de 11 000 000 couronnes suédoises (soit environ 900 000 euros). À titre de comparaison, le prix Goncourt n’offre qu’un chèque symbolique de 10 euros. Cette année, Han Kang devient la première femme asiatique à recevoir ce prix au cours de ce siècle, et la deuxième femme d’affilée après Annie Ernaux en 2022. C’est également la première fois qu’une œuvre écrite en hangul, l’alphabet coréen, est récompensée.
Poétique du drame
L’écriture de Han Kang est décrite par ses lecteur·rice·s comme « magnifique et mystérieuse », mais aussi « onirique et sinistre ». L’autrice a été récompensée pour ce qui a été qualifié de « prose poétique et intense, qui affronte les traumatismes historiques et expose la fragilité de la vie humaine ». On pense notamment à son ouvrage le plus connu, La Végétarienne, qui retrace l’histoire d’une femme souffrant de troubles psychologiques. À travers un triptyque, le récit explore la vie de cette femme à travers les yeux de son entourage, révélant toute la violence, l’intolérance, le sexe comme art et désir, en opposition à la folie. C’est une reconquête de soi dans un monde restrictif. Le livre a été adapté en film en 2009 et présenté au Festival du film de Sundance.
Son roman Impossibles adieux (« 작별하지 않는다 », 2021) raconte l’histoire d’amitié entre deux femmes dans le contexte du massacre des communistes en Corée, entre 1948 et 1949. Le récit oscille entre cauchemars, deuils, mais aussi la beauté esthétique du décor naturel de l’île de Jeju.
Avec une carrière débutée en 1995 avec sa nouvelle Love of Yeosu (« 여수의 사랑 »), l’empreinte de Han Kang est désormais gravée aux côtés de celle d’auteurs comme Léon Tolstoï et Émile Zola. Son œuvre apporte un vent de fraîcheur, mettant en lumière des thèmes contemporains et profondément significatifs tels que la santé mentale, la nature et la réappropriation du corps.
Visuel : © Niklas Elmehed
