Jusqu’au 28 juillet et dans le cadre de la Célébration Picasso 1973-2023, l’exposition « Gertrud Stein et Pablo Picasso, l’invention du langage » au Musée du Luxembourg met en avant, l’artiste chez la collectionneuse. Elle démontre que Gertrud Stein a été l’égérie de plusieurs générations d’artistes. Une icône qui a nommé la « lost generation » pour mieux trouver comment transplanter dans son propre pays les avant-gardes européennes.
L’exposition Gertrud Stein X Picasso qui ouvre demain au Musée du Luxembourg ne commence pas par un Picasso aux tons sombres mais par… un tableau flashy pop fuschia d’Andy Warhol. C’est une acrylique du Whitney Museum où la fameuse collectionneuse américaine, autrice de la propre autobiographie de sa compagne, Alice Toklas, semble prendre toute la place sur la toile. Massive, dans tous les sens du terme, Gertrud Stein qui disait qu’« Un écrivain devrait écrire avec des yeux et un peintre peindre avec les oreilles » est réellement une icône.
C’est en tout cas ce que démontre cette exposition en deux parties, une scénographie avec autant de légèreté, de transparence et de goût du vide alors même qu’elle brasse 4 générations d’artistes inspirées par Stein.
Et, en effet, l’on passe vite sur la première partie qui se passe à Paris où Stein, américaine, riche, avant-gardiste, salonarde et ouvertement homosexuelle, arrive en 1902. Le dialogue avec Picasso est à l’origine de tout mais aussi limité au cubisme et surtout au questionnement sur le réalisme et l’abstrait à travers le portrait (alors que l’anniversaire des 50 ans de sa mort est organisateur de l’expo).
Très vite l’on suit Gertrud Stein aux Etats-Unis pour une série de conférences à succès en 1935 qui vulgarisent l’avant-garde européenne pour les américains. Mais ce n’est qu’après la Guerre que le couple Cage-Cunningham rend hommage à l’auteur de “a rose is a rose is a rose” alors que l’égérie a inspiré aussi bien le spectacle vivant expérimental du living theater que le pop art de Jasper John ou Andy Warhol. Gertrud Stein est une plante excentrique transplantée des USA à Paris avec match retour et fécond. Une toupie mythique qui tourne en rond aussi bien dans une installation vidéo complètement planante de Nam June Paik (1990) que dans des néons ou des horloges très récentes de Joseph Kosuth.
L’expo du Musée du Luxembourg propose de la découvrir – assez sobrement et d’autant plus efficacement – sous toutes les coutures, jusqu’au 28 janvier prochain.
Musée du Luxembourg, 19, rue de Vaugirard, 75006, Paris, 11,50 à 15,50 euros. Gratuit moins de 16 ans, gratuit sous conditions moins de 25 ans.
visuel(c) Ten Portraits of Jews of the Twentieth Century, 1980, Sérigraphie couleur, 101,5 × 81,2 cm chacune, Paris, Fondation Louis Vuitton © Primae / Louis Bourjac© ADAGP, Paris 2023© The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc. / Licensed by ADAGP, Paris 2023 / Ronald Feldman Gallery, New York