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17.10.2024 → 17.10.2024

Gérald Garutti : «Trois personnes sur quatre craignent de prendre la parole en public»

par Yaël Hirsch
15.10.2024

« Comment réparer la parole ? », comment redonner à cet organe son pouvoir créateur de sens et de liens ? C’est tout l’enjeu des États Généraux de la parole qui ont lieu jeudi 17 octobre 2024 (de 9h à minuit), organisé par le Centre des Arts de la Parole (CAP). Parmi les orateurs et oratrices de cet évènement important : Matthieu Kassovitz, Cynthia Fleury ou Étienne Klein. Auteur d’un manifeste important chez Actes Sud Il faut voir comme on se parle (Actes Sud, 2022), le philosophe et dramaturge Gérald Garutti est aussi le fondateur du CAP. Il répond à nos questions sur l’action du Centre et sur l’importance de nous parler.

Ces États Généraux de la parole sont un lancement du CAP pour le grand public ?

 

Il y a eu un acte de naissance avec le lancement l’année dernière du CAP. Et les premiers cercles sont déjà fédérés, avec notamment un certain nombre de partenaires comme Actes Sud, le Samu Social, la Cité de la Mode française, Ville des Musiques du Monde ou la Croix-Rouge. Il y a déjà un conseil de 24 membres du CAP qui sont impliqués depuis le début, dont Cynthia Fleury, Ismaël Jude ou Paul Rondin, par exemple. Et nous avons déjà an et demi d’action sur le terrain, avec des programmes comme « Voix au chapitre », qui donne la parole à des sans-abri et à des gens qui souffrent d’addiction.

Il y a aussi un programme que nous déployons sur trois ans, à Liévin dans le bassin minier, pour développer la parole dans un territoire qui a connu de grandes difficultés et de grandes souffrances. Comment arrive-t-on à développer la parole collective, comment fait-on en sorte que la ville parle, se parle, se retrouve, se développe ?

Nous avons également lancé le Festival l’Odyssée de la parole,  un parcours de cet art de la parole à travers les pièces, des contes, lancé le 23 mars 2024, à la Cité internationale de la langue française – Château de Villers-Cotterêts et qui se poursuit. Il y a également une collection de livres sur les arts de la parole, avec Actes Sud. Le premier ouvrage est le manifeste, Il faut voir comme on se parle, que j’ai signé. Le CAP est donc «mis», si je puis me permettre, aussi bien en création, en édition, en débat, en réflexion, en action sur les territoires ; et bien sûr en formation quand nous intervenons, depuis deux ans, dans des écoles, des associations, des collectivités, ou des entreprises afin que nous nous parlions mieux. Pour travailler à une parole plus juste et plus humaine.

Mais, en effet, au niveau du grand public, c’est le premier événement du CAP qui a vocation à rassembler ainsi de façon très large, très transversale. Cette première édition des états généraux de la parole sera suivie d’autres éditions, qui seront biennales. Elle inaugure donc un travail de fond, créant une nouvelle dynamique. C’est à partir de cet événement que nous allons lancer un certain nombre d’actions, de groupes de travail et de préconisations. Lors de cette journée, nous voulons réunir des personnes des trois mondes différents que sont la jeunesse et l’éducation, le travail et l’entreprise et la sphère publique, politique et médiatique. Comment se parle-t-on dans ces mondes-là en particulier ? Comment réfléchit-on ensemble à améliorer la parole individuelle et collective ? Comment peut-on réparer la parole ? L’évènement est ouvert sur inscription à tout le monde. Nous n’avons pas pensé ces États généraux comme un colloque de spécialistes, mais vraiment comme une sorte d’assemblée de dimension citoyenne. Les thèmes brassent large, allant de l’humour à la question du harcèlement, en passant par l’invention des récits communs. Dans la réflexion que nous proposons sur le rapport à l’écoute, il y aura des moments artistiques, avec des projections de films, des écoutes de podcasts. Des temps pendant lesquels on entendra des textes lus par des comédiennes et comédiens. L’idée, c’est aussi de commencer à poser un certain nombre de notions, d’idées, de concepts, d’enjeux communs et de les partager. Ainsi, ce lancement « grand public» est un point d’orgue du sort des arts de la parole.

 

Quand on pense états généraux, on pense aussi aux cahiers doléances et à la Révolution. Quelle forme prend la révolution du CAP ?

 

C’est une révolution au sens d’une transformation positive. Et nous en avons bien besoin, à l’heure où la dégradation objective de la parole semble avoir lieu partout : à l’école, dans les assemblées, dans les médias. 75 intervenantes et intervenants seront réunis, issus de tous les mondes : éducateurs, artistes, philosophes, entrepreneurs et psychologues. Ils et elles travaillent depuis des décennies sur la parole et son partage. Tout cela constitue un immense apport d’expérience, d’expertise, de partage, avec en plus des questions qui sont structurées. Il s’agit également de s’écouter lors de cet évènement dans  une société aujourd’hui où l’on parle de plus en plus vite, où l’on s’écoute de moins en moins, et où l’on s’interrompt, la parole est coupée, la parole est hachée. Jeudi 17 octobre, on entendra un certain nombre d’expériences et de témoignages. Les débats vont être enregistrés et en partie synthétisés, pour que l’on puisse en tirer l’essentiel. L’objectif est de changer le rapport à la parole collective, de faire un travail de réparation, et ça veut dire mobiliser le maximum de gens dans cette démarche et faire en sorte qu’il y ait une écoute réciproque. Travailler sur la prise en compte des paroles, leurs impacts, leurs chambres d’écho et leur transformation. Il s’agit de trouver une méthodologie pour que les paroles des citoyennes et citoyennes soient, elles aussi, progressivement intégrées. En un moment fondateur, en une journée, nous allons faire parler  le public et les intervenants, et c’est déjà énorme !

 

Quelle est la part de la pratique dans méthodologie du CAP ?

 

C’est toute l’originalité du sens des arts de la parole : donner des outils, des moyens. Il s’agit d’abord de poser un diagnostic commun sur l’état de la parole par des partages d’expériences. Puis de pointer vers des indicateurs, afin de construire une sorte de GIEC de la parole. Comment mesure-t-on la pollution sonore  ? Comment rendre une parole moins toxique ? Que se donne-t-on comme objectifs ? Il s’agit aussi de quantifier pour  prendre à bras le corps le sujet. Pas seulement de façon intuitive, expérimentale et existentielle.

 

« Un des problèmes contemporains, c’est que nous réduisons la parole à l’éloquence, l’éloquence à la performance, et la performance à l’impact. »

 

En quelque sorte, les arts de la parole sont-ils aussi une science de la parole ?

 

Le terme « arts » fait référence à l’anthropologie, à l’éthique, avec une dimension qui si elle n’est pas « scientifique » – le mot est peut-être fort – doit effectivement se penser comme une « science humaine ». Nous ne nous arrêtons pas à un constat vécu et partagé ; nous proposons une forme de solution avec les arts de la parole. Au singulier, l’art de la parole, c’est l’éloquence, c’est l’art oratoire. Et un des problèmes contemporains, c’est que nous réduisons la parole à l’éloquence, l’éloquence à la performance, et la performance à l’impact. C’est ce que j’appelle la conception balistique de la parole. La parole est envoyée pour impacter, pour émettre et donc pour frapper l’autre, littéralement. C’est la parole clash, la parole fade, la parole slogan, la parole élément de langage, toute cette parole qui sert à viser et à impacter.

Or, la parole est une forme de relation, pas simplement une expression ; elle doit permettre l’interaction. Il y a évidemment une éthique : l’autre, c’est la base. Ce qui est l’un des problèmes d’aujourd’hui, c’est qu’il y a beaucoup d’enfermement sur le même, sur le choix de reprise. Comment peut-il y avoir une véritable intégration par la prise en compte de l’autre ? Qu’est-ce qui fait qu’il y a rencontre et  échange ? Il faut dépasser l’effet miroir. C’est pour cela que j’ai théorisé les sept arts de la parole, que sont les arts de la création, le théâtre comme art de l’incarnation l’art de l’adresse, la poésie comme art de l’invention et de la formulation, le récit comme art de la narration, l’art de raconter, de mettre en histoire. Cela ce sont les arts de la création. Puis il y a les arts de la transmission, l’éloquence comme art de bien parler, la conférence comme art de transmettre une pensée. Et puis enfin, il y a les arts de l’interaction : le dialogue, art d’échanger la parole, et le débat, art de se confronter par la parole. Si l’on parvient à distinguer le dialogue et le débat, l’on fait déjà un pas énorme vers la dimension de l’être humain. Ainsi, développer les secteurs de la parole pour chacune, chacun, c’est lui permettre d’avoir toute la gamme de ses possibilités, de ses dimensions, et sa dimension humaine. Il y a bien une éthique de la parole, une écologie de la parole et une philosophie de la parole. Comment l’être parlant que nous sommes, l’être humain que nous sommes, qui est en souffrance, se retrouve-t-il, se répare-t-il, se déploie-t-il ? Et ce sont des arts, et pour le coup pas des sciences, parce que les arts ont une dimension pratique. Le dialogue, c’est une pratique. C’est-à-dire la capacité à laisser l’autre avoir un espace, à accueillir le différent, la différence. C’est la capacité à s’ajuster. L’art, à l’origine, c’est ce qui permet l’articulation, ce qui permet le joint, le lien, le fait de se rencontrer. Donc, il y a une dimension de pratique, il y a une dimension de rapport à l’autre. Les arts de la parole, ce sont les arts de l’autre.

 

Dans le contexte actuel, dans les tensions actuelles aussi bien politiques intérieures qu’internationales, et avec une certaine technologie qui nous éloigne, comment recréer du lien et un espace public ?

 

C’est tout l’enjeu ! Comment refait-on du commun, comment ouvre-t-on des espaces de paroles partagées, comment peut-on refaire société, comment peut-on recréer du lien ? Il faut pour cela des espaces, des espaces-temps aussi. Il ne faut pas seulement des lieux, mais il faut des temporalités, il faut des formes. Les États généraux servent ces formes. C’est une journée pour réfléchir collectivement à la parole, pour parler, s’écouter, mettre en mot. Et donc, il s’agit de multiplier ces espaces-là. À l’Assemblée nationale, quand il y a un bras dans l’air par-dessus, une insulte par-là, évidemment qu’il y a une forme de profanation d’un espace qui est censé porter la parole. Il s’agit aussi pour nous d’alerter, d’éveiller et proposer une forme de RSE de la parole. Et l’on voit bien ce que cela implique dans des organisations comme des entreprises. C’est une parole qui va mal, c’est une absence d’engagement, de cohésion, c’est une forme de souffrance au travail, c’est une forme d’enfermement derrière son écran. Il faut agir dans les espaces déjà existants, qu’ils soient d’ailleurs publics, professionnels, pour transformer les comportements en donnant aux acteurs les outils et les méthodes.


Quels sont les critères qui vous feront dire que la journée est un succès ?

 

La journée sera un succès s’il y a une dimension de mobilisation collective, de prise de conscience, de partage de savoirs, d’expériences, d’expertises, permettant de mettre en place des groupes, des dynamiques, des actions, et également des objectifs et des indicateurs. Notre objectif est de faire en sorte que les arts de la parole soient enseignés à l’école très tôt, avant le grand oral. C’est bien le grand oral, mais il est parachuté après 12 années d’école primaire et secondaire. En Angleterre par exemple, l’après-midi les élèves jouent du Shakespeare dès la primaire. J’y travaille la moitié du temps et j’ai pu voir ce que cela transporte dans le rapport à la parole, le rapport à l’éloquence, le rapport à la confiance en soi. En France, trois personnes sur quatre craignent de prendre la parole en public.  C’est le garçon qui lève la main à la petite fille et qui a peur de se faire rabrouer parce qu’elle a la mauvaise réponse. Nous devons faire en sorte que les arts de la parole soient enseignés tôt, de façon méthodique, rationnelle, complète. Pas simplement la récitation, ce qui est bien, ou l’éloquence, ce qui est un bon début. Mais l’ensemble des arts de la parole. Et cela doit se faire au niveau de l’éducation nationale par exemple : pour transformer, il faut d’abord former.

 

Quand on regarde le programme de la journée, c’est absolument vertigineux de contenu. À quel moment est-il important dans la méthodologie de l’art de la parole qu’il y ait du silence ?

 

J’espère qu’il y aura du silence partout. Parce que le silence est la condition de la parole. Puisque le silence permet la résonance, et la résonance permet l’écoute. Donc je pense qu’il y aura des moments de silence, des moments dans beaucoup de sessions. Dans les quatre temps de la journée, le temps des mots, le temps des enjeux, le temps des perspectives, le temps de la fête, il y aura des moments de silence, qui sont des moments de respiration. À nous d’aménager l’espace pour qu’il y ait ces moments de silence, c’est important !

Lien d’inscription aux États Généraux de la parole à la Gaité Lyrique, le 17 octobre 2024.

Visuels : Portrait de Gérald Garutti © Olivier Roller et affiche © Julien Rosa