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Florent Héridel et Lauranne Germond : “Notre relation à la mer est une relation de possession”

par Amélie Blaustein-Niddam
21.10.2025

Le MAIF Social Club nous invite à Voir la mer autrement au travers des œuvres de 14 artistes. Florent Heridel, directeur du lieu et Lauranne Germond, commissaire de l’exposition nous parlent de cette plongée aussi belle que mélancolique dans nos contradictions.

Chez vous, depuis que vous avez pris en charge ce lieu, vous avez choisi de développer de grands thèmes, de proposer des expositions plus longues. Nous avons mangé avec vous, nous avons marché dans l’espace, et maintenant vous avez décidé de nous faire plonger jusqu’aux abysses. Alors, pourquoi la mer ?

Florent Héridel :
Parce qu’il m’a semblé, et je pense que Lauranne Germond sera d’accord, que le rapport que nous entretenons à la mer est assez révélateur de celui, plus global, que nous entretenons à nos environnements. Aujourd’hui, notre relation à la mer est une relation de possession : nous la regardons comme une ressource, comme une frontière, parfois comme un espace de loisir. Mais nous oublions, de manière assez évidente, que nous dépendons entièrement d’elle. L’enjeu, c’était donc de parler de ce lien fondamental. Entrer par l’océan permettait de parler plus largement de notre rapport aux environnements, mais aussi, comme toujours, de croiser la question écologique et celle du vivre-ensemble, en ouvrant une parenthèse sur la question des exilés. C’est un sujet extrêmement vaste, presque aussi vaste que l’océan lui-même.

Vous avez choisi “voir la mer” et non “voir les océans”. Est-ce que vous vouliez jouer sur le signifiant ( la mer/ la mère) pour nous reconnecter à ce qui nous nourrit ?

Lauranne Germond :
La matrice ! (rires) Le titre, nous l’avons choisi ensemble. D’ailleurs, nous n’étions pas d’accord au début. Mais oui, nous nous sommes mis d’accord sur l’usage du mot mer, non pas pour le jeu de mots “mère/mer”, mais parce qu’il ramène à quelque chose de plus quotidien, de plus poétique aussi.

Vous disiez que vous aviez pensé le titre ensemble. Lauranne, en tant que commissaire d’exposition, ce n’est pas la première fois que vous intervenez ici. Vous êtes une habituée du MAIF Social Club.

Lauranne Germond :

Merci de le souligner ! (rires) Je le suis, oui. La première fois, c’était Forêt. Je dédie ma vie  aux écosystèmes. Pas seulement, bien sûr, mais j’y reviens souvent. Je suis spécialisée sur les questions écologiques, donc c’est assez naturel que je sois mobilisée sur ces thématiques-là. Et là, avec la volonté de Florent d’aborder la mer dans sa dimension écologique, c’était une évidence de retravailler ensemble.

À quel point travaillez-vous ensemble dans l’élaboration d’une exposition ?

Florent Héridel :

La thématique vient de nous, oui. C’est moi qui ai eu envie de parler de la mer, des océans, etc. Ensuite, j’ai frappé à la porte de Lauranne.  Et nous avons construit ensemble le parcours, le choix du scénographe. Là encore, nous étions tout de suite d’accord, puisqu’on a travaillé avec Benjamin Gabrié, qui était aussi le scénographe de Forêt. Nous nous sommes dits que nous allions reformer notre trinôme de choc. Ensuite, nous avons avancé main dans la main : Lauranne est arrivée avec des propositions, moi aussi.

La scénographie, je la trouve magnifique. Et ce que j’admire au MAIF Social Club, c’est que le lieu ne ressemble jamais à lui-même. Il se renouvelle sans cesse. Je me souviens de Forêt, nous étions vraiment dans une forêt. Et là, vous avez réussi à nous faire nager, littéralement, jusqu’à passer du temps avec des poissons. Comment avez-vous pensé cette scénographie ?

Florent Héridel :
Alors déjà, ce n’est pas un hasard : tout ce qui est scénographie, nous le travaillons avec Benjamin Gabrié. C’est un vrai duo. Nous aimons créer des espaces sinueux. L’espace du MAIF n’est pas immense, mais dès que nous créons du parcours, nous donnons la sensation d’un lieu plus vaste, nous traversons plusieurs univers. Très vite, l’idée, c’était de ne pas montrer la mer sous sa forme idéalisée, les cartes postales, le sublime, la beauté évidente, mais au contraire de révéler ce que nous ne regardons pas assez. Montrer une mer cernée de toutes parts, exploitée, abîmée. Nous commençons par les abysses, là où une vie existe sans nous, et nous remontons peu à peu à la surface, vers cette mer désormais cloisonnée, sillonnée, fatiguée. Nous voulions partir du port, de la relation entre humains et mer, et nous éloigner d’une vision ludique ou enfantine. C’est le MAIF Social Club, donc un lieu ouvert à toutes et à tous, mais nous ne voulions pas tomber dans un imaginaire de pirates ou de sirènes. D’où ce parti pris industriel, un peu brut.

Certes, un peu brut, mais c’est superbe. Je trouve que c’est l’une des plus belles expositions que j’aie vues ici, d’un point de vue esthétique. Nous entrons dans une sorte de musée d’histoire naturelle. À quel moment intervient la quête du beau ?

Lauranne Germond :
J’aime que ce soit beau. J’y attache de l’importance. Dans la sélection des œuvres, j’ai envie qu’il y ait de l’émerveillement, de la beauté. Peut-être même que c’était encore plus recherché ici, justement parce qu’il y a cette ambivalence. Dans le titre comme dans l’exposition, presque toutes les œuvres comportent ce paradoxe : le paradoxe de notre rapport à la nature. Nous aimons la nature, nous la contemplons, nous nous en apaisons, et pourtant nous l’exploitons sans répit. Comment faire cohabiter en nous le désir et la prédation, l’amour et la destruction ? Ces deux émotions sont constamment présentes, en nous comme dans notre système global. Les œuvres traduisent ce double mouvement : elles sont souvent extrêmement belles, convoquant tout le merveilleux de la mer, et en même temps, elles montrent une destruction inacceptable. C’est ce que j’aime dans Voir la mer. Il y a, par exemple, La Vague d’Adélaïde Fériot, que j’ai commandée explicitement. J’avais envie de ce moment de labyrinthe, d’immersion, et de transposer dans la lumière, les couleurs, le souffle, ce “sentiment océanique” dont parlent les poètes : cette émotion du sublime, de l’incommensurable, ce qui nous dépasse.

Ce qui est fort, c’est que c’est explicite sans être littéral. J’ai adoré les vêtements d’Ana Mendes qui condamnent sans que l’on s’en doute l’élevage intensif des saumons. Comment avez-vous découvert cette artiste ?

Lauranne Germond :
Je dirige COAL, un collectif qui décerne chaque année le Prix COAL d’art contemporain. Nous recevons entre 600 et 800 projets d’artistes par an. En 2022, le prix portait justement sur les océans. C’est là que j’ai découvert Ana Mendes, parmi d’autres artistes passionnants. J’essaie, quand je le peux, d’aller puiser dans ce vivier d’artistes que nous avons rencontrés par ce biais.

Et, puis il y a cette statue de sel ! Mythique, biblique, même,  de Mathieu Lorry Dupuy. Comment avez-vous réussi à l’amener ici ?

Lauranne Germond :
C’est une œuvre en trois parties, moulée directement dans du sel brut, non raffiné, provenant du groupe Salins à Aigues-Mortes. Le corps de la femme, la chaise et quelques objets sont faits de ce sel rigidifié, donc assez fragile, mais pétrifié naturellement. Tout a été transporté avec soin. Sous la sculpture, il y a un volume creux, dissimulé. Et ensuite, le tout a été recouvert d’une fine couche de sel. Ce n’est pas si difficile à installer, mais c’est lourd et impressionnant, oui.

J’aime que vous osiez installer des œuvres massives. C’est courageux. J’ai ressenti aussi une mélancolie, presque une tristesse, en me promenant dans l’exposition. Était-ce recherché ?

Lauranne Germond :
Forcément. Quand nous parlons de la destruction des océans telle qu’elle se joue aujourd’hui, avec des sacs plastiques jusque dans la fosse des Mariannes, des espèces qui disparaissent avant même d’être découvertes, des millions de poissons détruits pour finir dans des poke bowls… il y a une absurdité et une violence qui serrent le cœur. Nous aimons la mer, donc il y a du vague à l’âme, oui.

Florent Héridel :
Nous ne nous sommes pas dit qu’il fallait que ce soit plus triste que d’habitude, mais oui, c’est un peu plus sombre. Dans Forêt, il y avait un espoir, une forme d’action possible. Là, c’est plus difficile. Même si la pièce de Duke Riley, à la fin, rend hommage à ceux qui vivent à la marge du système capitaliste industriel, il y a une gravité nouvelle.

Est-ce que le MAIF Social Club se doit d’être tout de même un peu positif, de donner des pistes d’avenir ?

Florent Héridel :
Nous proposons toujours des pistes, des actions concrètes. Par exemple, en ramassant, comme vous y invite avec humour le collectif Hypercomf des énormes cigarettes.. Nous parlons de consommation, de ce qu’il est possible de faire ou non. Mais il ne s’agit pas d’un optimisme béat. Nous venons de dépasser la septième limite planétaire, celle de l’acidification des océans, donc dire “tout va bien aller” n’aurait pas de sens.

Lauranne Germond :
Oui, et puis cette année était celle des océans, avec la conférence de l’ONU en juin. Nous étions confrontés aux données, aux chiffres, à une réalité parfois difficile à adoucir. Mais l’exposition n’est pas plombante. Nous avons voulu maintenir l’émerveillement, la poésie, tout en assumant cette ambivalence.

C’est un lieu ouvert à tous et toutes, y compris aux tout-petits et aux personnes âgées. Qu’avez-vous mis en place pour que l’exposition soit le plus accessible possible?

Florent Héridel :
Nous avons créé de nouveaux outils de médiation et de nouvelles formes de visites. Pour les tout-petits, la Cité des bébés propose des visites à quatre pattes, de 0 à 3 ans. Nous avons aussi recruté une personne sourde et muette qui réalise directement des visites en LSF, non interprétées. Une artiste spécialisée a conçu des cartes en relief pour les visiteurs aveugles ou malvoyants. Et un audioguide d’audiodescription complète le dispositif.

Lauranne Germond :
Il y a aussi tout un parcours pensé pour les jeunes publics, avec trois niveaux de lecture : les cartels des œuvres, des cartels d’ouverture vers des sujets d’actualité et des phrases destinées aux enfants. Nous réfléchissons toujours à la manière dont les œuvres peuvent être partagées, ressenties, parfois touchées, écoutées, respirées. Par exemple, l’installation olfactive de Charlotte Gautier van Tour modifie réellement l’air : elle ne sent pas le parfum, elle fait ressentir le souffle, la fraîcheur.

Florent Héridel :
Et pour certaines œuvres fragiles, comme la sculpture de sel, nous avons prévu des dispositifs tactiles annexes, afin que les visiteurs puissent avoir une expérience sensorielle sans abîmer les pièces.

Lauranne Germond :
Oui, et même les sons, les matériaux, tout est pensé pour offrir une expérience complète et inclusive, tout en gardant la cohérence de la scénographie.

Florent, il y a aussi une programmation de spectacle vivant au MAIF Social Club. Est-elle reliée à l’exposition ?

Florent Héridel :
Oui, elle l’est, mais pas de manière littérale. Nous ne voulions pas onze mois de spectacles de sirènes et de pirates (rires). La programmation vient enrichir les thématiques abordées dans l’exposition : la dimension sensorielle, les écosystèmes marins, le cycle de l’eau, les migrations. Il y a trois grands axes : ressentir les océans, réfléchir à nos rapports écologiques et explorer la question du vivre-ensemble à travers l’exil et le sauvetage en mer.

Au MAIF Social Club, jusqu’au 25 juillet 2026, entrée libre

Informations et réservations

Visuel: © Jean-Louis Carli

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