Festival Regards Satellites : « Wet Monday » de Justyna Mitnyk remporte le Prix des étudiant·e·s de Paris VIII
par Yaël Hirsch10.02.2025
Pour sa troisième édition, et pour la première fois, le Festival Regards Satellites, organisé par l’Écran de Saint-Denis, proposait une compétition officielle. Parmi les prix décernés, celui du jury des étudiant·e·s de l’Université des créations – Paris VIII a retenu toute notre attention. Composé d’étudiant·e·s passionné·e·s et engagé·e·s, ce jury d’avenir a choisi de récompenser un premier film polonais poignant, qui interroge à la fois la résilience et les traditions : «Wet Monday» de Justyna Mitnyk.
Pour entendre la chronique de Yaël Hirsch dans « Les matins jazz» du 01.04.2025, c’est ici :
Un rite de passage entre tradition et traumatisme
Dans une petite ville de Pologne, Klara, 15 ans, sa sœur et ses amis attendent avec impatience le lundi de Pâques. Pour elles, cette journée dépasse la simple célébration religieuse : elle est marquée par une tradition bien spécifique, où les jeunes filles — surtout les plus jolies — sont jetées à l’eau en guise de rite festif. Mais cette année-là, Klara traverse une terrible épreuve et subit un traumatisme qui transforme cette fête en cauchemar. Dès lors, elle développe une phobie de l’eau.
Aidée par sa meilleure amie Diana, et encadrée tant bien que mal par sa sœur, elle se prépare à affronter le lundi de Pâques suivant. L’occasion de toutes les révélations, mais aussi d’un véritable parcours de résilience.
Un regard unique entre réalisme et onirisme
Avec un mélange subtil de naturalisme et de surréalisme, Justyna Mitnyk plonge son spectateur au cœur d’une tradition méconnue hors de Pologne. Son film restitue avec une précision sensorielle un moment folklorique qu’elle sait à la fois célébrer et déconstruire en nous plongeant en immersion totale dans un groupe de jeunes femmes rayonnantes.
C’est avec justesse que la réalisatrice décrit les affres de l’arrivée de l’âge adulte, en donnant une place centrale aux personnages féminins, tous extrêmement touchants et incarnés avec force par des actrices talentueuses. Loin de tout cliché, la réalisatrice joue avec les codes du fantastique et de l’onirisme tout en restant au plus près de son sujet : la reconstruction après un viol. Sans jamais tomber dans le pathos, sans avoir besoin de tout montrer, elle flirte avec le teen-movie et ne laisse ni ses personnages ni son film se laisser enfermer dans aucun genre.
«Wet Monday», de Justyna Mitnyk , avec Julia POLACZEK, Nel KACZMAREK, Weronika KOZAKOWSKA, Jowita BUDNIK, Maja KLESZCZ, Pologne, 2024, 87 min sortie le 2 avril 2025.
visuel (c) Karolina Grabowska / Wayna Pitch
