Passé par L’Étrange Festival et le Toronto International Film Festival, entre moult autres compétitions, Escape From The 21st Century de Yang Li compte bien retourner les salles obscures hexagonales.
Été 1999. Suite à une baston aux abords d’une voie ferrée, trois adolescents se retrouvent accidentellement exposés à une mystérieuse substance liquide multicolore. Ils découvrent alors qu’un simple éternuement suffit à les faire voyager dans le temps. Propulsé vingt ans plus tard, le trio se retrouve chargé d’une mission capitale, et pas des moindres : sauver le monde. Hybride exubérant entre L’Armée des 12 Singes (1995) de Terry Gilliam, Scott Pilgrim (2010) d’Edgar Wright ou encore le plus récent Everything Everywhere All At Once (2022) de Daniel Scheinert et Daniel Kwan, l’OVNI made in China Escape From The 21st Century vaut-il le détour ?
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la curiosité est de mise face à cette proposition survitaminée de Yang Li, qui ne manquera pas de faire parler d’elle, tant le cinéma de genre chinois sur grand écran est une denrée rare par chez nous. A l’instar de la comédie romantique féministe Her Story de Yihui Shao, sortie sur nos écrans début avril, on est heureux qu’un nouveau projet singulier de l’Empire du Milieu ait réussi à se frayer un chemin jusqu’à nos salles obscures. Extraordinairement inventif et énergique, le film de Yang Li s’ouvre sur des images d’une planète qui ressemble trait pour trait à la nôtre. Pourtant, une voix off nous explique qu’il s’agit en réalité de la Planète K, clone quasi parfait de la Terre, à un détail près (et des plus notables) : une journée ne dure que douze heures. Le temps, et surtout l’été, passe donc bien vite pour notre trio de copains.
Suite à sa séquence d’introduction, Escape From The 21st Century fait ensuite courir un marathon au spectateur. Avec un montage soutenu et hautement dynamique d’un bout à l’autre de son récit, le film se révèle rapidement être un concentré visuel de vingt-quatre trouvailles par seconde qui laisse nos pupilles ébranlées, mais non moins revigorées, à l’arrivée du générique final. Le dernier né de Yang Li mélange plusieurs strates temporelles et narratives, et s’octroie par ailleurs des ruptures de tons aussi farfelues qu’inattendues, tout en mixant habilement les univers du cinéma, du jeu vidéo, de l’animation et même de la bande dessinée. De quoi faire flamber illico presto la tignasse blanche du Doc dans Retour vers le Futur (1985).
Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, le réalisateur change de format d’une temporalité à l’autre, passe d’une colorimétrie chaude et saturée à des couleurs poisseuses et sombres en une fraction de seconde, mais également d’un plan en prises de vue réelles à une scène en animation sans jamais sourciller. Particulièrement créatif, Yang Li ne se refuse rien et laisse libre court à son imagination fourmillante, bousculant les codes des superproductions mondiales de moins en moins captivantes. Et si l’intrigue se retrouve parfois ensevelie sous ces amas d’effets visuels et sonores à foison, Escape From The 21st Century demeure pourtant la proposition de blockbuster la plus authentique, punchy et audacieuse de ces dernières années. A bon entendeur.
Escape From The 21st Century de Yang Li. Avec Ruoyun Zhang, Chuxi Zhong, Song Yang… Chine. 01h38. Interdit aux moins de 12 ans. Sortie le 27 Août 2025.
Visuel : © Charybde Distribution.