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Entretien avec Morgan⸱e, auteur et metteur en scène de « L’Ouvrir » au 11 à Avignon

par Alice Pilette
11.07.2025

L’Ouvrir est le récit de l’émancipation existentielle d’une jeune adulte, Alex, se découvrant (un peu tardivement, mais pas tant que ça) lesbienne. Les spectateur⸱ices suivent dans l’humour et la tendresse, bercé⸱es par de douces mélodies chantées, son cheminement progressif vers la recréation d’une nouvelle identité, tissée de liens et de rencontres singulières qui l’aideront dans sa quête de soi. Pour Cult.News, Morgan⸱e raconte en toute simplicité son parcours et sa pièce, entre chant des cigales entêtant et tractages intempestifs.

Est-ce que vous venez du monde du théâtre ?

 

Je n’ai pas fait d’études de théâtre mais ma mère était dans une troupe de théâtre amateur, j’en ai des souvenirs depuis tout petit. Après j’ai fait de la musique dans une classe CHAM ; je faisais de la guitare classique. J’ai mis un peu le théâtre de côté et j’ai repris au lycée, dans un club. Ensuite, j’ai étudié à Sciences Po et dans une fac de lettres ; à Sciences Po, parmi mille choses moins bien il y avait ce truc trop bien, cette asso théâtre « Rhinocéros », qui m’a permis de commencer à faire des mises en scène. Il y avait tous les styles, des comédies, des trucs classiques, du contemporain… Ma première mise en scène c’était Liliom, que j’avais vue à La Colline et que j’avais trouvée incroyable. Après mon année à l’étranger, j’ai fait un mémoire à la fac sur le théâtre féministe des années 80 et des années 2000 et j’ai monté certaines pièces que je lisais. Après les études, avec une copine on a monté un projet, Entre Meufs, pour les femmes et les personnes non-binaires. C’est du théâtre amateur où chaque petit groupe choisit un thème, s’entretient et enquête avant de monter une pièce de vingt minutes en fin d’année.

 

« L’Ouvrir » c’est la première pièce que vous écrivez seul de A à Z ?

 

Oui, c’est mon premier projet professionnel. On a fait des avant-premières au Sample, un tiers-lieu à Bagnolet, et on a aussi joué dans des petits festivals féministes à Paris en automne 2024, et aussi au théâtre de Belleville, c’était super. C’est là qu’on a été repéré pour jouer au 11.

 

Comment est née l’envie de raconter cette partie de votre histoire ?

 

C’est surtout parti d’un besoin des spectateurs ; depuis #MeToo je voyais de plus en plus de spectacles queer, et c’était très bien, mais pas beaucoup de spectacles qui parlaient des lesbiennes. Il y a eu le spectacle d’Agathe Charnet y’a quatre ans (Ceci est mon corps, ndlr) mais depuis… Je me suis dit tiens, les lesbiennes sont encore invisibilisées, alors j’ai pensé qu’une forme autofictionnelle, un monologue avec peu de comédien⸱nes au plateau, serait bien pour commencer. J’avais déjà des fragments écrits depuis quelques années…

 

Au début vous imaginiez que vous seriez seul en scène ?

 

Non, moi j’aime jouer sur scène mais je ne suis pas comédien ; je sais qu’il faut de la technique pour un monologue. Je me disais qu’il fallait quelqu’un de solide. Avec Pauline Legoëdec (qui joue Alex dans la pièce, ndlr), on se connait depuis la troisième. Je l’ai vue apprendre à jouer, j’ai suivi ses débuts de comédienne professionnelle… Je savais qu’elle était parfaitement capable d’assurer ça. Au début, sur scène, je me tenais tout près de Valentine Gérinière (qui assure la création musicale à la flûte traversière). Suite à des conseils d’amis j’ai quand même pris de l’assurance, je me suis progressivement décalé au centre de la scène. Le texte de fin, c’est moi qui le dis maintenant, et je pense que ça permet aussi d’éclaircir pourquoi je suis là. Mais c’est marrant quand les gens nous croisent dans la rue, ils s’adressent à Pauline ; c’est normal et c’est intéressant cet effet de décalage.

 

Dans la pièce, la question du « basculement » de l’hétérosexualité à l’homosexualité est souvent posée. Pourquoi c’est important ?

 

En fait je me disais déjà que si c’était une fiction, il y aurait un basculement ; il y aurait une rencontre amoureuse, une épiphanie… Dans la vraie vie, c’est un peu plus compliqué. Mais donc pour la dramaturgie de la pièce c’est intéressant. Ensuite, l’autre aspect c’est que j’entendais des gens dire qu’ils avaient toujours « su » d’une certaine manière, et moi pas du tout. Ce truc des jeunes queer qui cherchent une logique … ça revient beaucoup quand on en parle entre nous. J’aimais bien l’idée de montrer cette recherche-là. Alors est-ce que c’est un basculement ou pas ? Oui et non… Aussi, dans la pièce ça se passe en un été, dans la vie ça dure plusieurs années, avec des revirements…. Mais l’idée c’était aussi de transformer en narration fictionnelle des événements personnels. De toute façon on se crée toujours des narrations de nous-même, on s’auto-construit nos propres histoires. Une grande inspiration pour moi c’est Alison Bechdel par exemple, et dans Fun Home elle fait ce travail là, chercher le sens, retrouver tous les détails pour raconter…

 

Les passages musicaux et chantés, c’était quelque chose que vous vouliez aussi en écrivant ?

 

Oui, j’adore la musique, d’ailleurs je voulais en faire professionnellement, mais la guitare classique ça impliquait des concours et travailler tout seul des heures dans sa chambre, pas mon truc. Mais j’aime vraiment quand il y a des musiciens sur scène, j’aime trop les comédies musicales, le personnage (d’Alex) en parle d’ailleurs dans la pièce… C’est ce que j’ai dit à Valentine quand je suis allée la voir, que j’aimais les comédies musicales et le rock mais que je ne voulais pas de guitare électrique sur scène, je trouve que ça se fait trop. Mais c’était parfait car elle jouait de la flûte traversière et qu’elle venait du jazz et des musiques du monde. Après il a fallu trouver des terrains communs. J’aime le résultat, entre comédie musicale et autre chose. Les chansons sont aussi là pour traduire l’état d’esprit du personnage et faire avancer l’histoire.

 

Il y a aussi dans « L’Ouvrir » l’idée que la communauté lesbienne soutient beaucoup votre personnage dans sa transition vers une nouvelle vie. C’est une pièce d’hommage ?

 

Oui, c’est une déclaration d’amour à la communauté lesbienne et à la communauté queer en général ; j’ai eu des copines qui m’ont accueilli à bras ouverts, qui m’ont donné plein de conseils, des lieux, des bars, des coiffeurs… J’aime trop cet état d’esprit, je voulais raconter tout ça, les manifs… C’est aussi un milieu qui fait beaucoup la fête mais moi j’aime pas trop ça, je voulais raconter autre chose aussi, surtout les soirées en appart. Je voyais des nouvelles arriver et regarder autour d’elles en se disant « quoi mais c’est possible en fait ? » et ça je trouve ça important, montrer que ça existe. Puis c’est des amies, je voulais leur dire merci.

 

Dans la pièce, on voit Alex s’émanciper aussi de celui qu’elle appelle « Chéri » et qui, entre autres choses, ne fait jamais la vaisselle… Est-ce que vous pensez que l’hétérosexualité est nécessairement une aliénation pour les femmes ?

 

Non, pas nécessairement : mais à vingt-cinq ans, l’âge d’Alex dans la pièce, je me suis dit plus jamais. Je pense que c’est nécessaire d’être très exigeante quand on sort avec des hommes. Je pense que c’est possible que ça ne soit pas une aliénation, mais que ça demande beaucoup de travail de la part des mecs ; c’est encore les femmes qui passent beaucoup de temps à faire de la pédagogie. Puis tout le monde ne peut pas devenir lesbienne ; les hétéros aussi ont droit à des histoires d’amour qui se passent bien…

 

Il y beaucoup de retransmissions de podcasts dans la pièce, notamment un passage très fort sur la lesbophobie intériorisée. C’était important pour vous de faire entendre ces autres voix ?

 

Alors, j’écoute énormément de podcasts ; un peu moins les radios qui se droitisent, alors que je me gauchise. J’ai redécouvert les radios libres, Fréquence Paris Pluriel, Radio libertaire… Mais je n’écoute pas tant de podcasts politiques que ça, plutôt des trucs rigolos comme le Floodcast. Et oui, je voulais faire entendre des voix qui feraient écho au parcours d’Alex, sans être forcément le sien ; la lesbophobie intériorisée par exemple c’est un truc avec lequel beaucoup d’amies ont lutté. C’était important de faire entendre ces voix. Mais ça reste un spectacle qui veut parler de ce parcours avec joie, quitte à idéaliser un peu.

 

Oui, d’ailleurs le coming-out du personnage est quasiment évincé…

 

Oui en vrai tout le monde s’en fout ! C’est aussi parce que moi j’ai pas eu de problème du tout mais je connais aussi des gens qui n’ont pas eu cette chance. Puis on a été ados au moment de la manif pour tous ; j’ai des souvenirs de débats en classe sur ça, des gens qui balancent des trucs que disaient leurs parents : « si tout le monde devient homo, l’espèce humaine va s’éteindre » etc. à l’époque j’avais déjà conscience de cette injustice-là. Ça paraît loin maintenant mais comme on est dans une époque de refascisation, on se rend compte que rien n’est acquis…

 

À un moment de la pièce, juste après l’exquise scène de la tondeuse, il y a ce sentiment de puissance qu’éprouve Alex quand elle sort dans la rue et se fait appeler « beau mec ». Il y a un point de basculement à ce moment-là ?

 

Oui, d’ailleurs ça se voit aussi dans le jeu de Pauline ; elle est un peu moins « là-haut », moins cérébrale, elle se pose, sa voix baisse un peu… C’est un truc que j’ai connu aussi avec la voix, cette prise d’assurance après la bascule. Puis c’est une scène qui donne aussi les indices de la non-binarité qui arrive… le binder, le « beau mec » qui fait plaisir alors qu’il est censé être ironique. Puis en vrai moi les insultes me font kiffer : trop bien que j’aie l’air gouine, trop bien que j’aie l’air non-binaire, que les gens ne sachent pas si je suis une fille ou un garçon… Bring it on, ça me fait plaisir. Bon bien sûr il faudrait pas que ce soit normal les insultes, mais moi je préfère largement ça à quand je me faisais harceler dans la rue, à 20 ans, quand j’avais l’air d’une meuf.

 

Quels conseils vous donneriez à des jeunes lesbiennes ?

 

Je dirais que déjà ça va bien se passer ; que ça demande du courage parfois mais que ça sera récompensé. Surtout qu’il faut oser aller dans des lieux avec des gens qui traversent les mêmes choses. Aller dans des assos, militer, c’est un trop bon moyen de rencontrer des gens, de comprendre ce qu’on ressent, aussi… Oser, vraiment. Puis on est souvent surpris par la bienveillance des gens de l’entourage ; et que si ça se passe mal, c’est horrible mais c’est possible de construire des familles ailleurs, de se refaire des cercles. Ça peut prendre des années mais on finit par trouver. Ça vaudra le coup.

 

Dans la pièce, Alex va au bar’ouf : c’est une question un peu parisiano-centrée, mais quelles bonnes adresses recommandriez-vous ?

 

Alors, le bar’ouf n’existe plus, ça a été racheté, c’est devenu les Les Aimant·e·s : c’est super, plutôt destiné à tous les âges… La Mut(inerie) j’aime bien y aller, mais j’me sens un peu vieux maintenant. Mais c’est quand même génial, les Noël à la Mut… Nous on va à l’Horloge, un bar un peu planqué près de la Mut justement… Puis pour les personnes racisées y’a aussi le Bunker qui vient d’ouvrir dans le 17ème, parce que les bars que j’ai cités sont super mais c’est encore très blanc, donc quand on sent ce décalage y’a le Bunker.

L’ouvrir est à retrouver du 5 au 24 juillet à 11h45 au 11 / 55 minutes / relâche les 11 et 18 juillet

Visuel : ©Kathleen McNally