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Émilie Quinquis : « Il y a plein de choses dans mon travail qui se sont dénouées avec cet album »

par Rodolphe Pete
29.12.2024

Dix ans après la sortie de « Silent », Émilie Quinquis a changé de nom d’artiste, mais continue de dérouler un parcours où se mêlent la tradition bretonne et la musique électronique. Épouse de Yann Tiersen, elle est bien loin d’être seulement la femme de… Aux Transmusicales de Rennes en décembre, elle a présenté en avant-première son album à venir au printemps, lors d’un live hypnotique à l’Ubu. Seule sur scène avec son synthé modulaire. Rencontre.

Vous avez commencé votre carrière sous l’alias Tiny Feet, puis vous avez décidé de changer avec votre nom. Pourquoi ?

 

En fait, quand j’ai commencé à écrire en breton, cela n’avait pas trop de sens de continuer sous le nom Tiny Feet, d’autant que ce nom était lié aux boucles que je faisais sur scène et j’avais vraiment changé dans ma façon de travailler, avec du synthé modulaire. Mon nom de famille étant du breton francisé, je trouvais que ça résumait pas mal où j’en étais. Donc, c’est parti comme ça.

 

« Quinquis », qu’est-ce que c’est en breton ?

 

C’est une maison en haut d’une colline, entourée d’arbres. Dans l’histoire de la Bretagne, il y a ce moment où les noms ont été modifiés pour les faire mieux comprendre. Et en faisant cela, le sens et l’essence des noms ont disparu petit à petit. Mon nom, Quinquis, pendant très longtemps, je n’avais aucune idée de ce que cela voulait dire. Quand j’ai commencé à me reconnecter à la langue bretonne, j’ai découvert pourquoi je portais ce nom-là et ça me fait rire parce que Quinquis, les gens ne le prononcent pas mieux que si c’était resté Kinkiz. Je me dis que ça n’avait aucun sens de faire cela !

 

Mais vous l’avez gardé comme cela….

 

Parce que ça fait partie de l’histoire et de mon histoire, car je n’ai pas été élevée en breton alors que, pour toute ma famille, ma mère, ma grand-mère, c’était leur langue maternelle.

 

Comment définiriez-vous votre musique ?

 

Je pense que c’est une musique assez sensible, dans tous les sens du terme. Ce n’est pas forcément évident au premier abord et ça remue pas mal, ça ne laisse pas indifférent et ce n’est pas passe-partout. Quand j’ai commencé à écrire mes morceaux en breton sur de la musique électronique, j’avais bien conscience que c’était quitte ou double, que j’allais peut-être me retrouver dans les bacs « musique du monde » chez les disquaires. J’ai essayé de la traiter comme n’importe quelle langue et pas comme une fin en soi.

 

Vous avez voulu mélanger la tradition à un style plus moderne ?

 

J’ai compris en écrivant en breton que la langue se prêtait bien à ce que je faisais. La musicalité de la langue en elle-même fonctionnait. Je trouvais une liberté dans ma façon de composer, d’aller au cœur de la voix et d’explorer plein de façons de faire en étant moins timorée dans mon travail.

 

Vous êtes seule sur scène ?

 

Oui, je n’ai pas d’ordinateur sur scène, je travaille beaucoup avec le séquençage Midi que j’envoie dans mon synthé modulaire et je sculpte le son comme ça. Ça me permet d’avoir des structures solides pour être libre en interprétation. Pendant longtemps, je travaillais sans cadre, sans filet et au bout d’un moment, je me suis rendu compte que ça m’enlevait de la liberté au lieu de m’en donner. Dès lors que j’ai été hyper structurée dans ma façon de travailler, ça m’a libérée énormément dans l’interprétation. J’ai trouvé le bon équilibre entre des samples déjà enregistrés et du modulaire. En fait, les ordinateurs, ça me bloque ! C’est super pour enregistrer, mais avec le synthé modulaire, on rentre dans la matière, dans la rudesse de la musique électronique, en partant de zéro.

 

Vous présentez aux Transmusicales votre album pour la première fois ; quelle a été sa genèse ?

 

Il est parti de l’album précédent qui parlait beaucoup de mort et de rapport à la mort. Sur le nouveau, j’ai vraiment eu envie de parler de l’amour, du désir, de quelque chose de plus lumineux. J’ai lu Le sang de la sirène d’Anatole Le Braz, une légende selon laquelle il y avait douze sirènes autour d’Ouessant et, un jour, une est tombée amoureuse d’un humain et a décidé de renoncer à être sirène pour suivre l’homme qu’elle aimait. J’ai trouvé que ça me ressemblait pas mal ! (rires). J’habite à Ouessant depuis onze ans et, sans que je m’en rende compte, petit à petit ça rentre dans ma construction. Ma vie est faite d’Ouessant. Parce que c’est une île, une communauté, les gens là-bas sont des vrais piliers. J’ai réussi à me stabiliser à bien des égards grâce à eux. Il y a une culture de l’entraide, ça s’organise très vite pour aider les gens. On est à la fois coupés du monde et dedans, avec la présence des éléments très forte, qui nous conditionne beaucoup dans notre façon de vivre, c’est comme une micro-société.

 

Est-ce que cela joue sur votre façon de composer ?

 

Je pense que oui, je m’en rends compte lorsque je m’en vais. Le fait d’être seule, on est moins influencés par les modes artistiques en général, c’est notre propre chemin. Mais ce n’est pas une retraite, c’est très concret. Tous les matins, j’emmène mon enfant à l’école, je suis beaucoup dans le réel. Le mythe de l’artiste coupé du monde, je n’y crois pas trop. J’ai beaucoup d’interactions au quotidien, mais je ne baigne pas dans un milieu musical et ça me va bien.

 

Comment avez-vous construit cet album ?

 

Le chemin de création, je le fais depuis longtemps dans ma tête, mais l’enregistrement s’est passé très vite avec beaucoup d’imprévus, comme une invasion de guêpes dans mon studio, et j’ai donc dû sortir tous mes synthés. Toutes ces choses mises bout à bout ont fait que j’ai travaillé dans l’urgence, mais j’étais prête dans ma tête. J’ai mis un an à peu près à le faire.

 

À quel moment on se dit que c’est fini ?

 

Je travaille avec un producteur, Gareth Jones, depuis l’album précédent. Il a ce rôle-là, de me dire d’arrêter. Sur cet album qui va s’appeler Eor (« ancre » en breton) et sort au printemps, il n’avait pas beaucoup de temps, j’ai donc abouti les morceaux beaucoup plus avant de lui envoyer au moment où j’estimais que j’allais m’arrêter. Il faisait des modifications et me renvoyait, avec des retours plus fournis sur deux ou trois morceaux. Ça m’a bien cadrée et, comme j’avais des impératifs de tournée, je savais que si je voulais que l’album sorte à la date prévue, il fallait que j’arrête. Entre les deux albums, il y aura eu trois ans. Mais pendant ces trois ans, on fait plein de choses.

 

Est-ce qu’il y a une appréhension particulière de présenter ce futur album en avant-première aux Transmusicales, devant, notamment, un public de professionnels ?

 

Je suis hyper touchée et heureuse de jouer là. J’ai passé dix ans à Rennes, les Transmusicales c’est quelque chose qu’on a envie de faire dans notre vie quand on fait de la musique. C’est important car j’ai des amis qui vont venir, il y a des oreilles attentives et c’est la première fois que je joue ces morceaux, ce n’est pas rien.

 

Comment s’est faite cette programmation ?

 

J’ai masterisé l’album le 6 septembre, le 9, Jean-Louis Brossard (patron des Trans) l’a entendu et m’a appelé en me demandant si je pouvais venir jouer. Ça a été rapide ! Début septembre, c’était la dernière limite si je voulais faire les Trans cette année.

 

Vous vous attendiez à sa réaction ?

 

Je me disais que s’il ne me programmait pas avec ce disque-là, il ne me programmerait pas. Parce que je sais qu’il y a plein de choses dans mon travail qui se sont dénouées avec cet album. Je sais ce que j’ai fait et je crois que ce disque me ressemble suffisamment pour que si on ne programme pas, c’est que je n’ai pas à jouer là, que cela ne doit pas se faire. Sur ce disque, je suis arrivée à l’endroit où je voulais arriver.

 

Comment prépare-t-on le passage de l’album à la scène ?

 
Ce n’est pas simple car j’ai toujours plein de doutes et il y a forcément la question de savoir si je le fais seule. J’ai pensé à être accompagnée mais ce n’était pas réalisable. Finalement, ça va bien comme ça. Les dernières tournées, j’étais seule et ça m’a permis de faire plein de choses auxquelles je disais non quand je devais être accompagnée. Là, je suis libre dans différents endroits et configurations. Au fur et à mesure du disque, j’ai vraiment pris des notes sur ce que je faisais, sur chaque morceau et ça m’a aidé à construire mon live.

Photos : Quinquis en live à l’Ubu pendant les Transmusicales de Rennes en décembre(c) RP