Vous livrer une newsletter spéciale cadeaux de Noël en retard aurait été un peu trop attendue, avouez-le ! Toutes les deux, nous avions plutôt envie de nous retourner vers celles et ceux qui ont été des révélations pour nous, en culture, en 2023. Car, si Cult.news n’a pas encore un an, celles et ceux qui l’animent vivent, boivent et mangent culture depuis toujours. En 2023, bon cru, on s’est souvent dit «j’avais jamais vu ça»
Pour moi, Amélie, la révélation est un changement de structure du spectacle vivant. Jamais, dans ma vie de spectatrice, je n’ai vu la place du public être à ce point modifiée. Depuis l’abolition du quatrième mur, nous avions l’habitude de voir les spectatrices et spectateurs être solicité.es, à déambuler ou à interagir. Là, c’est autre chose. Le public devient une pièce de la dramaturgie. La direction des actrices et acteurs ne se trompe pas, chacun reste à sa place mais si le public ne monte pas danser en masse sur le dancefloor italien du premier acte d’Extinction de Julien Gosselin, s’il ne décide pas d’habiter vraiment le temple ancien de Susanne Kennedy dans Einstein on the Beach, s‘il refuse de s’allonger sur le sol de la science-fiction de Lake Life. de Kate McIntosh, le spectacle ne pourrait pas exister. Tout simplement ne pas exister. Cela semble être un contrecoup à la période Covid-19. A un public d’abord banni des salles de spectacles, puis distancié aujourd’hui, la réponse est dans l’agglutinement des corps. On marche, on se touche, on se parle. C’est mieux, non ?
Pour moi, Yaël, 2023 est l’année du réel rebond. Pas seulement avec la naissance de Cult.news, mais aussi avec une effervescence en salle et à Paris comme nous ne l’avions pas vécu depuis 2018. L’élégance de Paris+ m’a marquée, l’impact de lieux phrases nouveaux comme l’Académie du climat, Push Manifesto ou encore le Hangar Y m’ont bluffée. Sans parler des nouveaux restaurants et même lieux de Nuit (oui ça danse et ça balance de nouveau en France), ainsi que des salles qui jouent à guichets fermés… Il est loin le temps où nous avions peur que nos publics restent sur le canapé à regarder leur écran d’ordinateur ! Côté scène, je rejoins follement Amélie (cela ne vous étonnera pas). J’aime de plus en plus être surprise, sollicitée et en mouvement. La metteuse en scène qui m’a le plus séduite est Jeanne Desoubeaux. J’ai suivi avec jubilation ses deux créations de l’année : une Carmen itinérante et une Esmeralda avec un bûcher fou d’une compositrice injustement oubliée, Louise Bertin. J’ai aussi aimé suivre le travail remarquable et exigeant d’Un temps pour elles et la boîte à pépites pour les femmes compositrices et j’ai adoré redécouvrir mille visages d’Agnès Varda à la Cinémathèque : elle arrive encore à me surprendre et elle me manque. Côté cinéma, beaucoup de jolies choses, mais moins de vrai bouleversement esthétique. Ou alors je vais de plus en plus chercher du côté du cinéma de genre. A ce propos, le Conann de Bertrand Mandico est tout simplement remarquable. Et j’ai découvert tardivement l’audacieuse Tour de Guillaume Nicloux. Et même si j’aurais adoré adorer Barbie, trop genrée et pas assez de genre, je me réjouis de retrouver néanmoins de retrouver la réalisatrice Greta Gerwig à la présidence du jury du Festival de Cannes, en mai. Enfin, en littérature, je suis restée très mainstream et je dois avouer que le travail lent et lancinant de l’excellent Prix Goncourt m’a permis de découvrir Jean-Baptiste Andréa.
Une toute belle fin d’année à vous chères lectrices et chers lecteurs de Cult.news, prenez une jolie pause en l’attente de toutes les révélations de 2024.
Amélie et Yaël
Visuel ©Ingo Hoehn