Dolce & Gabbana théâtralise le Grand Palais

par Yaël Hirsch
10.01.2025

Après le Palazzo Reale de Milan, l’exposition « Du Cœur à la Main : Dolce & Gabbana » apporte sa légende et son savoir-faire au cœur de Paris. Un voyage immersif sur trois étages qui propose une expérience sensuelle, atemporelle et théâtrale, où le baroque italien rencontre la magie de l’opéra et la religiosité.

Retrouver la Chronique de Yaël sur l’exposition dans les Matins Jazz de TSF Jazz

Une exposition fleuve au cœur de la création italienne

Dix salles, 1200 m², 200 créations – volontiers contemporaines comme la collection dédiée à l’Opéra de 2020 – des milliers de pièces de dentelles et de dessins, et un atelier reconstitué sous la verrière du Grand Palais : autant dire que la générosité est au rendez-vous de cette exposition prise d’assaut dès son premier jour. On entre dans l’exposition Du Coeur à la Main par un grand moment d’obscurité où les divers lieux de défilés sont mis à l’honneur avec la voix de la Callas dans le Casta Diva. Dolce&Gabanna, la Sicile ET Milan, se sont donné la main pour nous ouvrir le cœur de leur réacteur. On imaginait les artisans plus à l’honneur, ils et elles sont là, remercié·e·s et vanté·e·s, mais continuent à tirer les ficelles dans l’ombre tandis que se détache entre deux univers de création, la figure omniprésente… du visiteur et de la visiteuse.

Un spectacle immersif, transgénérationnel et populaire

En effet plus encore que les bijoux, les dentelles, les délirantes hauteurs de talons et les lourdeurs orientalistes des bijoux, entre ombres et lumières, ce sont les miroirs qui sont omniprésents dans cette exposition qui se vit comme un spectacle immersif. La musique change, on passe de tableaux figuratifs en création de bijoux et l’on se regarde entre spectateurs et spectatrices, et souvent soi-même entre deux corsets et une cape. Alors que les mannequins se regardent, se répondent et nous tournent parfois même le dos dans de grands ensembles sculpturaux, c’est notre regard qui leur donne vie. Notre regard qui se reflète dans les glaces, au sol, au plafond et sur les murs, pour mieux retomber sur des paysages italiens, des mosaïques de byzantines ou sur le stuc blanc d’un paysage de vêtements baroques. À la fois féérique dans sa scénographie et très grand public dans sa manière d’emporter toutes les générations dans une Dolce Vita pleine d’yeux colorés, cette exposition assez unique imaginée par conçue par Florence Müller, l’Agence Galuchat et produite par IMG est précise et précieuse sans jamais être élitiste. Elle redonne toutes les couleurs de l’Italie à la «Haute couture » de Dolce&Gabanna et elle représente la mode et le monde comme une grande mise en scène.