Didi nous replonge dans les débuts des années 2000, à l’époque des premiers pas sur Facebook, des conversations interminables sur MSN et des vidéos granuleuses sur YouTube. Chris, adolescent sino-étatsunien que ses amis appellent Wang-Wang et que sa famille surnomme Didi, cherche à trouver sa place : dans sa ville, dans son école, et surtout dans sa propre vie. Entre pression scolaire, premiers émois amoureux et fossé culturel avec sa famille, il avance à tâtons – comme nous toustes à cet âge-là.
Avec une tendresse palpable et une mise en scène pleine d’énergie, Sean Wang nous ouvre les portes de ce qui ressemble fort à ses souvenirs personnels. Chris, héros attachant dans toute sa maladresse, veut être cool, différent, aimé – et il échoue souvent. Mais c’est précisément dans ces petits échecs que le film touche juste. Parce qu’on s’y reconnaît. Parce qu’on a, nous aussi, vécu ces moments de gêne, ces débuts de rébellion, ces frustrations qu’on ne savait pas nommer.
Le style visuel, lui aussi, nous ramène à cette époque pas si lointaine mais déjà vintage : images granuleuses, fish-eye, webcams pixelisées… Le film joue habilement avec l’esthétique des débuts de YouTube, sans jamais tomber dans la caricature ou la nostalgie forcée.
Au-delà du teen movie attendrissant, Didi creuse subtilement la question de l’identité. Comment se construire lorsqu’on grandit aux États-Unis dans une famille chinoise ? Comment naviguer entre les traditions d’un héritage culturel fort et les codes d’une société hyper-connectée qui valorise la performance, l’autonomie et le paraître ?
Chris vit dans une maison sans figure paternelle, avec une mère aimante est parfois trop présente, et une grand-mère douce mais exigeante. La communication est souvent rompue, ou maladroite, mais l’amour circule. Ce sont ces décalages qui construisent la force émotionnelle du film, sans jamais tomber dans le pathos.
On rit beaucoup dans Didi, souvent jaune, parfois franchement. Parce que l’adolescence est aussi une comédie. Les vidéos que Chris tourne avec ses potes, les stratagèmes qu’il met en place pour paraître cool, les humiliations qu’il vit au collège… tout est vrai, vécu, touchant.
Mais au-delà du rire, c’est un film réconfortant, qui dit : tu n’étais pas seul·e à avoir galéré au collège/lycée. Avec une mise en scène dynamique et inventive, Sean Wang signe un nouveau long-métrage sincère, qui parle des adolescent·es d’hier comme d’aujourd’hui.
Didi est un petit bijou d’authenticité, qui réussit à parler d’adolescence sans cliché et d’identité sans lourdeur. Sean Wang signe un film à hauteur d’ado, entre fish-eye, non-dits familiaux et pression d’exister. Un feel good movie pudique et sincère, à voir pour se rappeler qu’on s’en sort toujours – même après les pires années de notre vie.
Au cinéma le 16 juillet
Visuel : © Focus Features