Décès d’Ozzy Osbourne : Le Prince des Ténèbres les a rejoints le 22 juillet

« Les Trois Visages de la peur »

Tout commença dans un cinéma voisin de la salle de répétition du groupe qu’il avait formé avec son ami de toujours, Terence « Geezer » Butler. La légende raconte qu’on y projetait un film d’horreur italien, « Les Trois Visages de la peur », intitulé « Black Sabbath » en version anglaise. Le nom était trouvé : ils adoptèrent ce titre pour baptiser leur groupe.

Mais ils ne s’arrêtèrent pas là. Ce fervent admirateur des Beatles, inspiré par les films d’horreur qu’il y découvrait, eut l’idée d’appliquer cette atmosphère sombre à sa musique : le Prince des Ténèbres venait de naître. Nous étions en 1968, année qui vit également la création de Led Zeppelin et Deep Purple, les deux piliers du Hard Rock.

La formation originelle réunissait Anthony « Tony » Iommi à la guitare, John Michael « Ozzy » Osbourne au chant, Terence « Geezer » Butler à la basse et William « Bill » Ward à la batterie. Le 13 février 1970 sortait l’album « Black Sabbath », qui rencontra un succès immédiat. Quelques mois plus tard, ils enregistraient en deux jours seulement « Paranoid », incluant l’emblématique « War Pigs », titre initialement prévu pour donner son nom à l’album et qui dénonçait la guerre du Vietnam. Ozzy composait et écrivait des chansons qui allaient devenir des classiques du groupe.

Ces deux disques constituèrent la pierre angulaire du Heavy Metal : un son épais et monumental caractérisé par des guitares saturées, des solos prolongés, des rythmes emphatiques et lugubres, et surtout un volume sonore impressionnant.

C’est cependant sur scène que le groupe révélait sa pleine dimension et que le Prince des Ténèbres s’imposait véritablement. De nombreuses paroles faisaient référence au « combat contre le démon », permettant de développer une scénographie gothique ponctuée par les excès légendaires d’Ozzy – notamment les célèbres épisodes de la colombe et de la chauve-souris décapitées à coups de dents – que le public adulait. Comme l’écrivait Télérama, il possédait « une voix nasillarde, sans grande technique et à la limite de la fausse note, mais puissante, qui contribuait à la sonorité globale du groupe accordé plus grave ».

Ce fameux demi-ton en dessous, consécutif à un accident à la main du guitariste, contribua grandement à la sonorité lugubre et angoissante de leurs compositions.

En 1979, après sept albums de qualité très variable et une réputation bien établie d’alcoolique et toxicomane, il quitta le groupe (ou en fut exclu selon les versions).

Ozzy et le Loft

À partir de 1980, sous l’influence de son épouse et manager Sharon, il entreprit une carrière solo fortement marquée par sa période Black Sabbath, produisant treize albums entre 1980 et 2022. Lors de ses concerts, mieux valait éviter les premiers rangs sous peine d’être trempé par les seaux d’eau et les canons à mousse qu’il affectionnait. Mais la drogue demeurait omniprésente dans sa vie… jusqu’à l’épisode du cheval.

C’est grâce à une idée novatrice de MTV que sa célébrité dépassa les frontières musicales avec « The Osbournes », une télé-réalité centrée sur sa vie quotidienne et celle de ses proches. Le concept consistait à suivre Ozzy et sa famille dans leur « vie de tous les jours ». La série devint le plus gros succès de l’histoire de MTV et fut imitée dans le monde entier. Elle permit également de révéler la forte personnalité de son épouse Sharon, même si l’on apprit par la suite que l’ensemble était largement scénarisé.

Un héritage musical majeur … mais pas que

Bien que la seconde partie de sa carrière se soit caractérisée par l’exploitation de la notoriété et du personnage qu’il avait créés avec Black Sabbath, Ozzy Osbourne demeure l’inspirateur d’un courant musical dans lequel se sont engouffrés des dizaines de groupes tels que Judas Priest, Motörhead, Iron Maiden, Mötley Crüe ou Metallica. Ils ont engendré un public de fans dévoués à travers le monde entier, qui reconnaissent en Ozzy le véritable fondateur du genre.

Certains considèrent le heavy metal comme un sous-genre du hard rock, d’autres comme l’aboutissement ultime du rock. À chacun de se forger sa propre opinion.

Force est de reconnaître qu’il a su passer du statut de délinquant de Marston Green, quartier le plus défavorisé de Birmingham, à celui de star fortunée – sa fortune est estimée à 220 millions de dollars selon Celebrity Net Worth – et d’influence majeure dans le show-business.