Lorsqu’on évoque Terence Stamp, une émotion singulière nous envahit : l’envie. Quelle beauté il incarnait ! Et toutes ces femmes magnifiques qui ont traversé sa vie et celle de ses personnages de séducteurs ! Mais au-delà de cette image, il était avant tout un acteur, un immense acteur qui nous lègue une filmographie impressionnante et quelques sommets du septième art.
Issu d’une enfance modeste dans l’Angleterre en guerre, à l’image de nombreuses légendes du rock britannique, Terence Stamp entre rapidement dans la vie active avant de décrocher une bourse pour des études d’art dramatique. Il partage alors son appartement avec Michael Caine. Imaginez ces deux dandies dans le Londres effervescent des années 60 !
Repéré par Peter Ustinov, il fait une entrée fracassante dans le cinéma avec son interprétation de Billy Budd dans le film éponyme de 1962, qui lui vaut une nomination aux Oscars et le Golden Globe de la révélation masculine. Sa carrière est lancée : il enchaîne les rôles sous la direction des plus grands réalisateurs. William Wyler, Joseph Losey, John Schlesinger, Ken Loach, Pier Paolo Pasolini… tout le gratin de la réalisation cinématographique se l’arrache.
Certes, il y eut des déconvenues : David Hemmings lui fut préféré pour Blow-Up et George Lazenby (qui donc ?) pour succéder à Sean Connery dans James Bond.
Il connut des hauts et des bas — interrompant même une retraite spirituelle dans un ashram pour aller tourner Superman — mais il traversa plus de six décennies en imprimant son talent à des rôles qui ont marqué l’histoire du cinéma.
Comment oublier le mystérieux visiteur de Théorème de Pier Paolo Pasolini en 1968, le redoutable général Zod dans Superman de Richard Donner en 1978, Willie Parker dans The Hit de Stephen Frears en 1984, et bien sûr Bernadette (Ralph) dans Priscilla, folle du désert de Stephan Elliott en 1994 ? En réalité, on pourrait tous les citer, car dès qu’il apparaissait à l’écran, il enveloppait le film d’une aura unique. Il excellait aussi bien dans le cinéma commercial que dans l’indépendant, transformant des productions à petit budget en œuvres cultes.
Sa vie privée fut jalonnée de rencontres. L’une d’entre elles, le mannequin Jean Shrimpton, partagea longtemps sa vie tout en s’étalant sur les murs de nombreuses chambres d’adolescents de l’époque.
Terence Stamp appartient à cette génération d’acteurs anglais qui, à l’instar des Beatles dans la musique, ont conquis les plateaux de cinéma mondiaux. À l’égal de Michael Caine, Sean Connery, Richard Burton ou Dirk Bogarde, il a su imprimer à sa carrière sa classe naturelle et cet humour « So British ! » qui font tant défaut au cinéma contemporain.
So long, pal !
Portrait d’Allan Warren (C) Wikimedi