Spiritualité, symphonie et salut. Le 7 novembre, Rosalía sortira son quatrième album LUX, fortement imprégné de religion catholique, une référence peu subtile à la rédemption et à la renaissance. Malgré tout, la chanteuse espagnole a provoqué la surprise avec son single « Berghain », morceau torturé où les ombres du dehors et du dedans côtoient la lumière. Anatomie d’une promo faite avec de la dentelle et, on l’espère, d’une proposition musicale aussi révolutionnaire que Motomami.
Le drift, s’il est serré, semble maîtrisé. Le 27 octobre, la chanteuse espagnole Rosalía a dévoilé le clip de son single « Berghain », qui apparaîtra sur son album LUX, prévu le 7 novembre 2025. Quatre ans après Motomami, incursion réussie dans les musiques électroniques, folkloriques, la pop et le reggaeton, cette sortie était très attendue. La chanson s’ouvre sur les violons de l’orchestre symphonique de Londres qui pressurisent la musicienne par leur rythme effréné et leur intensité. Au milieu du chaos, la voix de tête, limpide, de Rosalía, impressionne toujours autant. On avait presque oublié cette faculté à toucher en plein cœur.
Elle tente dans un premier couplet en allemand de rivaliser avec les sopranos. Très loin de la référence au club de techno berlinois, l’artiste désespère, emportée par la musique classique : « La flamme pénètre mon cerveau/Comme un ours en peluche en plomb ». Puis Rosalía passe à l’espagnol et Björk, telle la bergère qui veille, annonce en anglais que « la meilleure manière de nous sauver est par l’intervention divine ». Un drame est à l’œuvre, renforcé par les chœurs en fond. Brutalement, le cerf rassurant du jardin de la fin du clip se transforme en créature anthropomorphique tandis que le musicien expérimental Yves Tumor assène : « I’ll f**k you ’til you love me ».
Après l’imaginaire cuirassé sans limites de l’excellent Motomami, l’éternelle artiste caméléon saute de sa moto devenue désuète, lui préférant désormais les louanges rassurantes de la religion catholique. On peut discerner dans « Berghain » la douleur de ce changement, lié à des ruptures personnelles et à des questionnements intérieurs.
Le morceau tranche toutefois avec la promo radieuse et à l’apparence spontanée de l’artiste originaire de Catalogne. Lundi 20 octobre, elle annonce officiellement dans un live Tik Tok la sortie de son nouveau projet, LUX. Elle y apparaît notamment, sourire jusqu’aux oreilles, en train de courir dans les rues de Madrid, poursuivie par ses fans. Peu de temps avant, elle se filmait dans une cathédrale ou une église. Un chapelet dans la bouche, elle assistait aux répétitions d’un orchestre.
Voir cette publication sur Instagram
Mais le teasing a commencé bien avant. Le 29 juin, elle postait sur son compte Instagram une vidéo où elle lévitait à un mètre du sol. Elle y était habillée d’un crop-top blanc sur lequel sont imprimées des notes de musique. Le 14 août, elle apparaissait en couverture du magazine Elle USA dans la tenue de la deuxième moitié de son clip de « Berghain ». Le 14 octobre, moins d’une semaine avant l’annonce, elle était photographiée avec un tee-shirt « God complex », une situation dans laquelle un individu croit détenir des capacités surhumaines pour accomplir ses désirs.
En quatre mouvements et 18 titres, l’album LUX, selon un communiqué, « trace un arc émotionnel grandiose de mystique féminine, de transformation et de transcendance, oscillant entre intimité et opéra pour créer un univers radieux où son, langage et culture fusionnent ». L’univers onirique et hanté du clip de « Berghain » dessine bien un voyage intérieur aussi explosif qu’introspectif. D’autres titres donnent aussi le ton : « Sexo, Violencia y Llantas », « Divinize », « Mio cristo » ou « Mundo nuevo ».
Si Motomami avait fasciné par sa liberté novatrice et rafraîchissante, on attend avec impatience de savoir si, cette fois-ci, la promesse faite par la star de la pop urbaine sera tenue et si elle ouvrira une nouvelle brèche féconde et visionnaire.
Visuel : pochette de l’album ©Columbia Records