Dans l’intimité de la résistance : « Lire Lolita à Téhéran », en salles le 26 mars

par Camille Zingraff
13.03.2025

Lire Lolita à Téhéran, adapté du roman autobiographique du même titre, écrit par Azar Nafisi, sort en salles le 29 mars prochain. Porté par un casting de renom, Golshifteh Farahani, Mina Kavani ou encore Lara Wolf, le quatorzième court-métrage de Eran Riklis est un témoignage où émotions, libertés et répressions s’entremêlent et se confrontent.

Un synospis en faveur de la résistance et de la liberté

À l’écran, on suit Azar Nafisi (Golshifteh Farahani) qui revient à Téhéran pour y donner des cours d’anglais. Alors que les fondamentalistes s’emparent du pouvoir et que la société est de plus en plus oppressive, son cours de littérature et les portes de l’imaginaire qu’offrent les livres deviennent des espaces de rencontres et de résistance pour sept étudiantes qui se rejoignent clandestinement chez la professeure.

Un témoignage puissant et nécessaire

Si lors de la projection les larmes nous viennent, elles ne coulent pas, le drame est brutal et juste. L’estomac est noué tout du long par la peur, l’angoisse et le climat répressif maintenu par les politiques islamiques et la montée du pouvoir de Khomeini.

Rapidement, Téhéran se referme, et l’espoir d’Azar de pouvoir enseigner librement, est mis sous un voile imposé. Les libertés personnelles, notamment celles des femmes, ne cessent de régresser au fur et à mesure du film. Insidieusement, les politiques répressives de la révolution islamique infusent toutes les sphères, de l’intime au public, de l’individuel au collectif.

Les jeux de lumières, d’ombres et l’alternance de plans entre passé et présent permet à la fois de dénoncer un système, qui s tout en étant une ode à la culture, à la liberté de ce contre-pouvoir et au courage de ce groupe de jeunes femmes.

Portrait de femme(s)

Les actrices livrent des performances bouleversantes, tout se joue dans leurs visages, leurs regards et leurs contacts. En sortant, il est difficile de prendre un recul sur la réalisation et la mise en scène tant leurs jeux sont marquants. La nuance de leurs histoires et de leurs émotions est fine, la sincérité et la profondeur de leurs personnages inondent l’écran.

Dans cette oppression où les hommes sont omniprésents et contrôlent leurs faits et gestes, ces femmes trouvent un interstice de sororité et d’espoir qui crée des moments fugaces de joie collective dans le salon de la professeure de littérature anglaise.

Dans cet espace, les voiles sont retirés dans cet espace de bienveillance et de rencontre où ses sourires se dessinent et les corps se laissent aller. Une scène de danse initiée par une reproduction des danses des sœurs Bennet, d’Orgueils et Préjugés, souligne la complicité et la force dont elles se nourrissent mutuellement.

Femme, Vie, Liberté !

Cette histoire qui date de la fin du XXᵉ siècle, résonne encore actuellement, notamment avec le mouvement « Femme, Vie, Liberté ! », provoqué par l’assassinat de Jina Mahsa Amini, une jeune femme iranienne de 22 ans, suite à son arrestation pour « port de vêtements inadaptés ». En 2023, les règles concernant le port du hijab ont été durcies et ont mené à des contrôles stricts.

La littérature a par ailleurs à nouveau été un support de mémoire et de résistance puisque plusieurs ouvrages ont paru ces dernières années à ce sujet :