Clarissa, romancière en manque d’inspiration, décide de participer à une résidence de la fondation Ludovico, où tout semble être aux derniers cris de la modernité : bâtiment blanc, plantes partout, sol brillant de propreté… mais également robots et intelligence artificielle. Dans ce film d’1h50, Yann Gozlan cherche à explorer les liens entre IA et artistes dans un contexte dystopique, mais le fait de manière lourde, larmoyante et catastrophiste.
Tout, dans Dalloway est brûlant d’actualité : la place de l’IA dans nos sociétés, les canicules de plus en plus présentes, le contrôle que l’État, mais également les grandes entreprises peuvent avoir sur nous, les pandémies qui ne s’arrêtent jamais… Un ensemble de sujets intéressants à explorer – peut-être aurait-il fallu ne pas chercher à tous les aborder à la fois ?
L’IA reste tout de même la question centrale du film, et encore une fois, l’idée était intéressante : l’IA peut-elle créer de l’art, ou bien faut-il quelque chose de profondément humain, une sorte d’âme, pour cela ? Lors de son séjour à la Fondation, Clarissa fait la rencontre de Dalloway, une intelligence artificielle présente dans sa suite, qui a pour but de l’aider avec l’écriture de son roman. Mais, rapidement, Clarissa va se demander, notamment alertée par un ami musicien également dans la résidence, si Dalloway n’est vraiment là que pour l’aider. Une réflexion sur jusqu’où les géants de la technologie peuvent aller avec l’IA, tant éthiquement que technologiquement.
Pourtant, malgré toutes ces pistes intéressantes, le film peine à convaincre. La façon systématiquement larmoyante d’aborder les grands thèmes du film – la technologie, la surveillance de masse, mais également le suicide – finit par empêcher tout effet de surprise ; la musique démonstrative avant n’importe quel semblant de début d’action est lourde ; même les extraits de texte de la protagoniste romancière auxquels on a accès sont franchement mauvais.
« L’IA veut remplacer les humains » semble être la seule analyse du film sur les avancées technologiques récentes, et l’analyse de ces dangers s’arrête là. Pourtant, la protagoniste subit une surveillance de masse constante, une épidémie, des épisodes caniculaires qui la tuent presque, mais, du début à la fin, sa seule obsession, sa seule peur qu’on pourrait qualifier de paranoïaque est et reste l’IA. Difficile de s’identifier à un personnage qui semble aussi aveugle face à la diversité de problèmes qu’elle rencontre.
Malgré un casting qui avait su faire parler de lui – Cécile de France en Clarissa et la voix de Mylène Farmer incarnant l’IA Dalloway – Dalloway n’a pas su nous captiver. Moins de thèmes et plus de finesse auraient peut-être permis un résultat plus convaincant.
Dalloway de Yann Gozlan avec Cécile de France, Mylène Farmer, Lars Mikkelsen, Anna Mouglalis et Frédéric Pierrot, 1h50, en salle le 17 septembre 2025.
Visuel : © Affiche du film