Culte 2 : dans les coulisses de l’ascension des 2B3

par Yaël Hirsch
26.10.2025

Culte : 2Be3 sur Prime Video explore la naissance du boys band emblématique des années 1990, entre empathie, rétro et regard critique. Une nouvelle saison de six épisodes qui sait trouver la juste distance entre empathie et analyse, où Daphné Bürki crève l’écran.

Aux origines d’un succès fabriqué

1996. Filip, Adel et Frank sont trois amis de 20 ans qui galèrent à trouver leur voie et un travail dans leur cité de Longjumeau. En attendant, ils font de la musculation et travaillent le six-pack. Filip est prêt à tout pour être connu et fait des pieds et des mains pour rejoindre les candidats au titre de « Plus bel homme de France ». Non seulement il remporte le titre, mais, venu avec ses deux meilleurs amis, il les fait remarquer par une productrice de musique en déshérence, Salomé.

Lorsqu’elle les revoit tous les trois — qui ne savent pas chanter —, elle décide que sa dernière chance est de les lancer.

L’angle attendu de l’amitié

Réalisés avec délicatesse et raffinement par Yaël Langmann, les six épisodes de cette série adoptent l’angle attendu — mais redoutablement efficace — de l’amitié. Cette rétrospective sur les 2Be3 reconstitue les allers-retours en RER, les lumières de Paris et le monde des maisons de disques et des fanzines avec générosité. La série brille aussi par ses personnages secondaires joliment creusés : les parents des héros, les cadres de la maison de disques (dont Grégory Montel), les petites amies (Cécile Cassel en Valérie), les soupirants gays, ou encore leur parolière et entraîneuse.

Daphné Bürki crève l’écran

Mais la lumière de cette série est assez inattendue : en productrice et génie de la lampe qui a créé les 2Be3, Daphné Bürki est brillante, extravagante et toujours juste. Son personnage porte la série, comme un contrepoint harmonieux à l’énergie de l’amitié des trois garçons volontaires et tourmentés.

Deuxième volet et objet singulier

La saison 2 n’a donc plus rien à avoir avec le loft (lire notre article sur la première saison) mais en préservant une ambiance, un look rétro et un caractère documentaire, Culte 2 s’attaque à une autre création entertainment des années 1990 : le premier boys band français. On revisite les maisons de disques à leur apogée, le Hit Machine, l’ère de la télévision toute-puissante et des clips de MCM. Les 2Be3 arrivent juste avant les réseaux sociaux, dans un système de production de stars qui sera rapidement balayé. Comme leur groupe, le monde qui les a portés contient en lui sa propre péremption. La question sociale est également très présente, notamment à travers le personnage d’Adel.

Finesse et empathie

Yaël Langmann filme tout cela avec une immense finesse. À la fois très fidèle à l’esthétique de l’époque et capable de s’adapter à notre temps, elle trouve le rythme, les mots et les images justes pour raconter le rêve réalisé de trois jeunes hommes qui risquent de se faire broyer par la machine. On ne spoilera pas, mais la toute fin de la série, qui porte un brin de documentaire, est révélatrice de la manière dont l’œuvre parvient à éviter la naphtaline, l’hypnose et le snobisme. On vous donnera juste un petit indice : c’est Frank Delay (oui, Franck des 2Be3) qui joue le rôle de son entraîneur et père adoptif…

Culte 2 – 2Be3, 6 × 50 min, de Yaël Langmann avec Antoine Simony, Namory Bakayoko, Marin Judas, Daphné Bürki, Gladys Gambie, Marc Robert, Grégory Montel, Frank Delay, Cécile Cassel, Ludmilla Makowski, Adrien Dantou Prime Video,en ligne depuis le 24 octobre 2025.