Projeté au Festival franco-arabe de Noisy le Sec du 17 au 28 novembre, le film est une véritable proposition de cinéma sur la forme pour incarner l’hérésie d’une situation inextricable.
Une incursion dans un micro territoire reconstitue des scènes quotidiennes de cueillette sur les pleines magnifiques de la région limitrophe entre Israël et Jordanie où la nature est abondante en za’atar (équivalent du thym) et akkoub (sorte de chardon ressemblant à l’artichaut).
Avec ce docu-fiction, on assiste au ballet étonnant, à travers les arbustes, des cueilleurs mains nues et des policiers super équipés. Et l’action se poursuit en boucle devant les tribunaux où les comparutions devant le juge sont homériques. D’un côté l’application de la loi israélienne qui administre ce territoire, de l’autre des Palestiniens qui argumentent en hébreux leur attachement ancestral à cuisiner ces plantes sauvages en plats traditionnels.
Les peines prononcées contre les Palestiniens vont de lourdes amendes à un mois d’emprisonnement pour avoir prélevé quelques branchages, même en quantité infime pour leur propre consommation. Car sur le plateau du Golan, en Galilée et à Jérusalem, ce geste ordinaire dans les parcs nationaux administrés par l’État Hébreux, est autorisé pour les israéliens, et interdit aux palestiniens installés pourtant sur ces mêmes territoires.
Loin des préoccupations politiques des grandes puissances, les villageois résistent et bravent continuellement cette loi inique qui vise ostensiblement à préserver l’environnement. Alors que cette végétation, prolifique très sèche et exposée à un soleil intense, nécessite au contraire d’être régulée pour ne pas se transformer en brasier entraînant une potentielle catastrophe écologique. Argumentation et contre-argumentation, malgré la dignité des échanges des deux côtés, le dialogue est impossible à hauteur d’homme.
Le film engagé, dénonce avec humour et tendresse la réalité crue de la colonisation israélienne en Cisjordanie dont les Palestiniens enclavés goûtent l’amertume jusque dans leur assiette.