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Coupes budgétaires dans la culture – la colère des syndicats

par Olympe Du Fil
27.03.2024

Nous avons déjà fait état des coupes budgétaires dans la culture imposées par Bercy en février et annoncées aux professionnels en même temps qu’à l’ensemble des Français en février 2024.

L’opiniâtreté de la nouvelle Ministre de la Culture, Rachida Dati, n’a pas suffi à contrer ces coupes, pas plus que ses menaces auprès du Premier Ministre Gabriel Attal (« Je vais transformer ton chien en kebab » – sic) ou ses insultes adressées au Ministre de l’Economie, Bruno Lemaire («Tu es une grosse merde» – re-sic). (ndlr : Le Monde 19 mars 2024 )

Il est vrai que le choc est énorme pour l’ensemble des acteurs du secteur et nombreux sont les figures d’autorité dans le spectacle vivant qui ont fait part de leur incapacité à créer dans les conditions financières actuelles, qu’il s’agisse de Stéphane Braunschweig, directeur du Théâtre de l’Odéon-Europe et qui a décidé de ne pas se porter candidat à sa succession ou, plus récemment, Hortense Archambaud, directrice de la MC93.

En ce 26 mars 2024, ce sont les principaux syndicats du spectacle vivant sous toutes ses formes qui ont donné de la voix. Le texte, qui se trouve notamment ici, est co-signé par une grande majorité des syndicats et exprime consternation et colère et peur face à l’avenir de la création dans un contexte budgétaire dégradé.

Les coupes budgétaires imposées sont dénoncées comme sans précédent et de surcroît dans un contexte de forte inflation, notamment liée aux coûts de l’énergie, et toujours plombé par le Covid-19 et la sortie de la crise sanitaire qui a si fortement impacté les habitudes culturelles des Françaises et Français.

Les négociations salariales annuelles de la branche du spectacle vivant sont bloquées du fait des coupes budgétaires, alors que la question des rémunérations du secteur du spectacle vivant est toujours prégnante. Les syndicats accusent l’Etat d’un « plan social à bas bruit » et de la destruction de la création contemporaine ainsi que la remise en cause généralisée de l’Etat providence français, pas seulement dans le secteur culturel mais aussi l’Education Nationale, la santé ou encore la recherche…

On est en droit de s’interroger avec les syndicats sur la pertinence de maintenir le budget alloué au Pass culture (251 millions d’euros) alors que celui-ci, qui partait de la volonté de donner un large accès à la culture aux jeunes lycéens et étudiants de 15 à 18 ans et s’est transformé de fait en une vaste opération de financement public de la diffusion des mangas. D’ailleurs, le dispositif est critiqué par la Ministre de la Culture elle-même qui, la semaine dernière, devant la commission des affaires culturelles de l’Assemblée Nationale a demandé à ce que l’offre soit éditorialisée afin de ne pas reproduire les inégalités sociales et culturelles déjà existantes.

Et, autre élément que les syndicats ne mettent pas en avant, mais nous sommes également en droit de nous interroger sur les choix faits par notre gouvernement, qui a accordé une augmentation de 5,3 % à l’ensemble des retraités français en 2024, indépendamment de leurs niveaux de revenus, pour un coût estimé en 2024 à 14 milliards d’euros, alors même qu’il s’agit depuis plusieurs décennies de la classe d’âge la plus aisée de France en termes de patrimoine.

Ah, mais ils constituent le coeur de l’électorat d’Emmanuel Macron… donc pas touche.

Olympe du Fil