Dix ans jour pour jour après les attentats du 13 novembre 2015, l’Orchestre de chambre de Paris a rendu hommage aux victimes lors d’un concert classique particulièrement émouvant au Théâtre des Champs-Élysées.
Le poème symphonique Il fait novembre en mon âme constitue l’élément central de ce concert. Il a été commandé par Louise Albertini et son compagnon Julien Thomast, parents de Stéphane Albertini, victime des attentats du 13 novembre 2015, au compositeur franco-libanais Bechara El-Khoury, qui a notamment écrit une œuvre en hommage aux victimes du 11 septembre 2001. Initialement créé pour la commémoration des cinq ans des attentats, le 13 novembre 2020, le concert avait été joué sans public en raison du Covid-19, mais retransmis en direct par France Musique. C’est donc la première fois que le poème symphonique était donné devant un public, dix ans jour pour jour après la tragédie.
Le concert a débuté avec Les Créatures de Prométhée de Beethoven, évoquant Prométhée donnant le feu aux hommes, symbole de lumière et d’espoir. Ensuite fut joué Il fait novembre en mon âme, poème symphonique de trente minutes en deux parties marquées par une dualité entre douleur et espoir. La première partie, marquée par Misterioso puis Drammatico, donne voix à la douleur. La seconde partie s’apaise peu à peu avec Con meditazione puis Con sereno, avec la participation de la soprano franco-américaine Erminie Blondel. Ses vocalises sans paroles, conçues comme « une prière universelle sans référence à une religion en particulier » selon El-Khoury, laissent à chacun la liberté d’y projeter son propre récit, son émotion. Dirigé par le chef britannique Harry Ogg, l’Orchestre de chambre de Paris a livré une interprétation d’une grande intensité qui a ému tout le théâtre. Les musiciens portés par la musique, ont su transmettre la vision du compositeur avec une grande sensibilité. Après l’entracte, le programme s’est poursuivi avec la Symphonie n° 39 de Mozart, dont l’entrée douce évolue vers un final lumineux, comme un chemin qui mène de la douleur à la joie.
À la fin du concert, une longue standing ovation a salué les musiciens ainsi que le chef d’orchestre, témoignant de l’émotion partagée par l’ensemble des spectateurs. Ce concert a bien témoigné du rôle universel de la musique, capable d’unir et de toucher au-delà des mots.
Visuel : © Jean-Baptiste Pellerin