Drame sur terre battue. Au terme d’un combat sans merci, Coco Gauff #2 mondiale de Tennis finit par dominer la #1 mondiale Aryna Sabalenka en 3 sets (6-7, 6-2, 6-4) et remporte son deuxième grand chelem à Roland Garros.
Par Yohan Bibay
Samedi 7 juin 2025, 15h20. Toit ouvert, ciel incertain sur le court central. Un vent colérique souffle par bourrasques et décoiffe un public excité par la finale à venir. Dustin Hoffman en sourit, et Spike Lee se tasse sous sa casquette. Dans le couloir, deux joueuses qui ne se sont jamais affrontées en finale d’un grand chelem. Aryna Sabalenka, 27 ans, 1,82m, 80kg. La biélorusse, donnée favorite, impressionne dans sa robe turquoise : un physique charpenté, des muscles XXL, et une détermination sans failles. Et Coco Gauff, 21 ans, 1,75m, 55kg. Épaules dégagées, l’américaine a l’air tendue, concentrée. Le visage impassible, casque sur les oreilles, son perfecto noir laisse deviner une personnalité affirmée. C’est elle qui foule en premier l’arène ocre qui se détache du ciel de traine.
Aryna engage et domine bientôt les débats. La biélorusse joue un tennis total, précis, tout en puissance, ne laissant aucune place à la contestation. Imaginez une division d’infanterie ayant franchi l’Oural et déboulant Porte d’Auteuil. Inéluctable ! Coco semble dépassée, à deux balles de concéder un 5 jeux à 1. Dos au mur, elle ne peut plus reculer ! Aidée du vent, elle balaye le terrain de droite à gauche, remettant les balles d’Aryna au bord du déséquilibre. Le ballet des pas de replacement, les folles enjambées et les grands coups lâchés nous débordent. Coco, le poing levé, est au combat sur chaque balle. Égalité, 4 jeux partout !
Au prix d’exploits répétés et de coups magiques, Aryna finit par emporter la première manche (7-6), mais le sillon du doute est déjà creusé. Le deuxième set tourne à l’avantage de Coco, qui exploite les colères et l’impatience de son adversaire (6-2). Au troisième set, les deux athlètes atteignent le sommet de leur art. Le combat est épique : sauvetages inespérés, volées à contre-pieds, passings le long de la ligne, lob laissé sans réponse. L’agression est à la mesure de l’enjeu. Après qu’Aryna ait pris les devants, Coco sonne la révolte pour finalement l’emporter (6-4), au courage.
Le public est debout, survolté par ce classique de la tragédie sportive : relâchement incontrôlé après la balle de match, larmes de joie et de regrets, embrassades, orgueil et préjugés. Aryna, peut être un peu trop sure d’elle, félicitera Coco puis sortira du cours en croyant qu’elle a perdu le match toute seule. Coco dira qu’elle n’a jamais douté de ses chances.
Est-ce dans l’air du temps ? La résistance du plus faible qui fait plier le plus fort, sans éclat de voix, ni démonstration. Fléchir, mais ne pas rompre ! Comme en miroir, la finale homme a consacré Carlos Alcaras aux dépends de Jannik Skinner, en 5 sets, après avoir concédé les deux premières manches. Du jamais vu. Lors des remerciements, Coco s’interroge dans un sourire : « Je ne sais pas ce que j’ai fait pour mériter tant d’amour du public français ». Bienvenue Coco sur la terre battue parisienne, qui consacre David comme Goliath, années après années et avec la même passion.
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