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Christiane Taubira : « le cinéma est un art entier »

par Farah Malaoui
28.03.2024

On connaît sa passion pour les mots, son amour de la musique, mais on ignore son côté cinéphile. Christiane Taubira a accepté de nous parler de son rapport au cinéma pendant le festival de Haute Corse organisé par Arte Mare.

Le cinéma tient une grande place dans sa vie depuis son adolescence à Cayenne. Amie du réalisateur Costa-Gavras dont le film Z est l’un des premiers de sa liste « cult ». Elle a commencé à fréquenter les salles assez tard, mais avoue s’être bien rattrapée en écumant tous les genres pendant ses études supérieures à Paris : de Jean Renouard à Agnès Varda en passant par Tavernier ou Claire Denis, mais aussi la culture italienne ou argentine dont elle cite une pléiade de cinéastes connus et moins connus.

« Le cinema est un art entier ». Pour Christiane Taubira le cinéma est « un univers insondable » qui parle de la réalité en ouvrant un espace imaginaire. Il a le pouvoir de transmettre la beauté et la tragédie même au travers de films muets. C’est surtout la créativité dans le pouvoir de narration qui l’anime. Elle raconte des souvenirs de films qui l’ont marquée par le prisme des sentiments qu’ils ont imprimés dans sa construction personnelle.

Dans le cycle H24, 24 heures de la vie d’une femme, Christiane Taubira a écrit le texte de Elle sera belle, un épisode sur la violence conjugale. Elle clôture la narration par une question sur le dilemme de porter plainte ou pas. Elle soutient que le cinéma peut faire réfléchir sur l’organisation d’une société qui produit ces comportements rageurs d’hommes qui ont besoin d’imposer leur supériorité et qui ne trouve pas d’autre moyen que la brutalité. Elle dédit ce court métrage d’une réalité ordinaire à toutes les jeunes femmes et les petites filles d’aujourd’hui qui regarderont peut-être un jour ce phénomène comme appartenant à la préhistoire.

« La politique qui se coupe des expressions artistiques et culturelles, c’est une politique qui se dessèche et qui se meurt ». Si l’ancienne ministre de la justice concède volontiers que « La politique a besoin de tous les supports et notamment les supports artistiques et culturels », elle fait un parallèle osé entre le cinéma et la parole politique. Elle y voit la même obsession de s’occuper de la chose commune, de regarder de près la vie quotidienne des gens et d’essayer de l’améliorer. C’est la même aptitude à « faire danser les mots » et à « manier les symboles » pour donner à rêver d’un monde meilleur. Heureusement, cela fonctionne parfois.