Christian Ubl : « Vagabondages et conversations », un duo décalé

Christian Ubl, vous préparez en ce moment un spectacle avec Gilles Clement.

Oui, Gilles Clément est une personnalité très inspirante qui a toujours travaillé en lien avec la nature, les jardins et les semences. Il a développé des concepts fascinants, comme le jardin en mouvement ou le jardin planétaire, qui interrogent notre existence et nos actions dans ce monde.

Gilles Clement est-il également artiste ?

Pas du tout ! C’est un scientifique et un jardinier, pas un danseur. Ce projet est hybride et marque sa première apparition sur scène à 82 ans. Il a une carrière riche d’ingénieur, d’écrivain, et de penseur. Il a créé des concepts autour de la vie des jardins, où tout évolue sans frontières. La nature va là où elle peut se développer, sans drapeaux ni limites.

Comment la danse s’intègre-t-elle dans ce projet ?

Il y a de l’humour et beaucoup de légèreté, mais aussi de la danse, bien sûr. J’ai invité Gilles à participer à ce projet hybride, et il a relevé le défi de danser un peu avec moi.

C’est un duo ?

Oui ! Nous sommes tous les deux sur scène. Ce spectacle, Vagabondages et Conversations, mêle discussions et danses inspirées de styles comme le cha-cha-cha, la rumba ou encore le pasodoble. C’est une conférence dansée, décalée et pleine de surprises.

Où en êtes-vous dans la création ?

On est encore en plein travail. C’est une première collaboration entre Gilles et moi, et lui n’étant pas un artiste de scène, il a fallu se découvrir mutuellement.

Comment l’avez-vous rencontré ?

Nous nous connaissons depuis 2014. À l’époque, je travaillais sur ses écrits pour un triptyque autour des drapeaux et de l’acculturation. Cela a été le point de départ d’une belle amitié. Dix ans plus tard, je lui ai proposé ce projet autour du vivant, de la sensibilité et de la non-performativité. Il a accepté, et c’est à la fois drôle, léger et profondément touchant.

Vous revenez sur scène après plusieurs créations en tant que chorégraphe de groupe. Pourquoi ce choix ?

J’aime les duos hybrides. Et ce projet un peu décalé avec Gilles Clément me semblait une évidence, même si je ne pensais pas qu’il accepterait. C’est un besoin de partager quelque chose de fort et nécessaire, et aussi une manière de réagir face aux défis économiques de la danse contemporaine. Les grandes productions ne tournent plus, il faut trouver d’autres formats pour résister.

Votre travail est-il influencé par le contexte politique ?

Oui, bien sûr. Ces petites formes sont une réponse, comme en nature : les graines poussent là où elles peuvent. C’est une manière de s’adapter et de continuer à faire germer des idées dans un environnement parfois hostile.

Comment se porte votre compagnie ?

Nous sommes une compagnie conventionnée à Marseille. Pour l’instant, je tiens le cap. C’est une période où la robustesse semble être le mot clé : résister et s’adapter, tout comme la nature.