04.11.2025 : Laurent Mauvignier remporte le prix Goncourt avec La Maison vide    29.10.2025 : Le metteur en scène américain Ted Huffman nommé directeur général du Festival d’Aix-en-Provence    23.10.2025 : Xie Lei lauréat du prix Marcel Duchamp 2025    23.10.25 : Anne Teresa De Keersmaeker a reçu le prestigieux Praemium Imperiale    21.10.25 : L’écrivain norvégien Roy Jacobsen est décédé le 18 octobre 2025, des suites d’une longue maladie    20.10.25 : À Lyon, le cinéaste américain Michael Mann reçoit le prix Lumière 2025    9.10.2025 : Le prix nobel de litterature a été attribué au Hongrois László Krasznahorkai    9.10.25 : La tombe de Robert Badinter à Bagneux profanée avant son entrée au Panthéon    05.10.25 : Le dramaturge, scénariste et réalisateur Xavier Durringer a succombé à une crise cardiaque à 61 ans    03.10.25 : La DJ Barbara Butch sera la directrice artistique de la 25e Nuit blanche à Paris    04.11.2025 : Laurent Mauvignier remporte le prix Goncourt avec La Maison vide    29.10.2025 : Le metteur en scène américain Ted Huffman nommé directeur général du Festival d’Aix-en-Provence    23.10.2025 : Xie Lei lauréat du prix Marcel Duchamp 2025    23.10.25 : Anne Teresa De Keersmaeker a reçu le prestigieux Praemium Imperiale    21.10.25 : L’écrivain norvégien Roy Jacobsen est décédé le 18 octobre 2025, des suites d’une longue maladie    20.10.25 : À Lyon, le cinéaste américain Michael Mann reçoit le prix Lumière 2025    9.10.2025 : Le prix nobel de litterature a été attribué au Hongrois László Krasznahorkai    9.10.25 : La tombe de Robert Badinter à Bagneux profanée avant son entrée au Panthéon    05.10.25 : Le dramaturge, scénariste et réalisateur Xavier Durringer a succombé à une crise cardiaque à 61 ans    03.10.25 : La DJ Barbara Butch sera la directrice artistique de la 25e Nuit blanche à Paris    04.11.2025 : Laurent Mauvignier remporte le prix Goncourt avec La Maison vide    29.10.2025 : Le metteur en scène américain Ted Huffman nommé directeur général du Festival d’Aix-en-Provence    23.10.2025 : Xie Lei lauréat du prix Marcel Duchamp 2025    23.10.25 : Anne Teresa De Keersmaeker a reçu le prestigieux Praemium Imperiale    21.10.25 : L’écrivain norvégien Roy Jacobsen est décédé le 18 octobre 2025, des suites d’une longue maladie    20.10.25 : À Lyon, le cinéaste américain Michael Mann reçoit le prix Lumière 2025    9.10.2025 : Le prix nobel de litterature a été attribué au Hongrois László Krasznahorkai    9.10.25 : La tombe de Robert Badinter à Bagneux profanée avant son entrée au Panthéon    05.10.25 : Le dramaturge, scénariste et réalisateur Xavier Durringer a succombé à une crise cardiaque à 61 ans    03.10.25 : La DJ Barbara Butch sera la directrice artistique de la 25e Nuit blanche à Paris    04.11.2025 : Laurent Mauvignier remporte le prix Goncourt avec La Maison vide    29.10.2025 : Le metteur en scène américain Ted Huffman nommé directeur général du Festival d’Aix-en-Provence    23.10.2025 : Xie Lei lauréat du prix Marcel Duchamp 2025    23.10.25 : Anne Teresa De Keersmaeker a reçu le prestigieux Praemium Imperiale    21.10.25 : L’écrivain norvégien Roy Jacobsen est décédé le 18 octobre 2025, des suites d’une longue maladie    20.10.25 : À Lyon, le cinéaste américain Michael Mann reçoit le prix Lumière 2025    9.10.2025 : Le prix nobel de litterature a été attribué au Hongrois László Krasznahorkai    9.10.25 : La tombe de Robert Badinter à Bagneux profanée avant son entrée au Panthéon    05.10.25 : Le dramaturge, scénariste et réalisateur Xavier Durringer a succombé à une crise cardiaque à 61 ans    03.10.25 : La DJ Barbara Butch sera la directrice artistique de la 25e Nuit blanche à Paris    04.11.2025 : Laurent Mauvignier remporte le prix Goncourt avec La Maison vide    29.10.2025 : Le metteur en scène américain Ted Huffman nommé directeur général du Festival d’Aix-en-Provence    23.10.2025 : Xie Lei lauréat du prix Marcel Duchamp 2025    23.10.25 : Anne Teresa De Keersmaeker a reçu le prestigieux Praemium Imperiale    21.10.25 : L’écrivain norvégien Roy Jacobsen est décédé le 18 octobre 2025, des suites d’une longue maladie    20.10.25 : À Lyon, le cinéaste américain Michael Mann reçoit le prix Lumière 2025    9.10.2025 : Le prix nobel de litterature a été attribué au Hongrois László Krasznahorkai    9.10.25 : La tombe de Robert Badinter à Bagneux profanée avant son entrée au Panthéon    05.10.25 : Le dramaturge, scénariste et réalisateur Xavier Durringer a succombé à une crise cardiaque à 61 ans    03.10.25 : La DJ Barbara Butch sera la directrice artistique de la 25e Nuit blanche à Paris    04.11.2025 : Laurent Mauvignier remporte le prix Goncourt avec La Maison vide    29.10.2025 : Le metteur en scène américain Ted Huffman nommé directeur général du Festival d’Aix-en-Provence    23.10.2025 : Xie Lei lauréat du prix Marcel Duchamp 2025    23.10.25 : Anne Teresa De Keersmaeker a reçu le prestigieux Praemium Imperiale    21.10.25 : L’écrivain norvégien Roy Jacobsen est décédé le 18 octobre 2025, des suites d’une longue maladie    20.10.25 : À Lyon, le cinéaste américain Michael Mann reçoit le prix Lumière 2025    9.10.2025 : Le prix nobel de litterature a été attribué au Hongrois László Krasznahorkai    9.10.25 : La tombe de Robert Badinter à Bagneux profanée avant son entrée au Panthéon    05.10.25 : Le dramaturge, scénariste et réalisateur Xavier Durringer a succombé à une crise cardiaque à 61 ans    03.10.25 : La DJ Barbara Butch sera la directrice artistique de la 25e Nuit blanche à Paris    04.11.2025 : Laurent Mauvignier remporte le prix Goncourt avec La Maison vide    29.10.2025 : Le metteur en scène américain Ted Huffman nommé directeur général du Festival d’Aix-en-Provence    23.10.2025 : Xie Lei lauréat du prix Marcel Duchamp 2025    23.10.25 : Anne Teresa De Keersmaeker a reçu le prestigieux Praemium Imperiale    21.10.25 : L’écrivain norvégien Roy Jacobsen est décédé le 18 octobre 2025, des suites d’une longue maladie    20.10.25 : À Lyon, le cinéaste américain Michael Mann reçoit le prix Lumière 2025    9.10.2025 : Le prix nobel de litterature a été attribué au Hongrois László Krasznahorkai    9.10.25 : La tombe de Robert Badinter à Bagneux profanée avant son entrée au Panthéon    05.10.25 : Le dramaturge, scénariste et réalisateur Xavier Durringer a succombé à une crise cardiaque à 61 ans    03.10.25 : La DJ Barbara Butch sera la directrice artistique de la 25e Nuit blanche à Paris    04.11.2025 : Laurent Mauvignier remporte le prix Goncourt avec La Maison vide    29.10.2025 : Le metteur en scène américain Ted Huffman nommé directeur général du Festival d’Aix-en-Provence    23.10.2025 : Xie Lei lauréat du prix Marcel Duchamp 2025    23.10.25 : Anne Teresa De Keersmaeker a reçu le prestigieux Praemium Imperiale    21.10.25 : L’écrivain norvégien Roy Jacobsen est décédé le 18 octobre 2025, des suites d’une longue maladie    20.10.25 : À Lyon, le cinéaste américain Michael Mann reçoit le prix Lumière 2025    9.10.2025 : Le prix nobel de litterature a été attribué au Hongrois László Krasznahorkai    9.10.25 : La tombe de Robert Badinter à Bagneux profanée avant son entrée au Panthéon    05.10.25 : Le dramaturge, scénariste et réalisateur Xavier Durringer a succombé à une crise cardiaque à 61 ans    03.10.25 : La DJ Barbara Butch sera la directrice artistique de la 25e Nuit blanche à Paris    04.11.2025 : Laurent Mauvignier remporte le prix Goncourt avec La Maison vide    29.10.2025 : Le metteur en scène américain Ted Huffman nommé directeur général du Festival d’Aix-en-Provence    23.10.2025 : Xie Lei lauréat du prix Marcel Duchamp 2025    23.10.25 : Anne Teresa De Keersmaeker a reçu le prestigieux Praemium Imperiale    21.10.25 : L’écrivain norvégien Roy Jacobsen est décédé le 18 octobre 2025, des suites d’une longue maladie    20.10.25 : À Lyon, le cinéaste américain Michael Mann reçoit le prix Lumière 2025    9.10.2025 : Le prix nobel de litterature a été attribué au Hongrois László Krasznahorkai    9.10.25 : La tombe de Robert Badinter à Bagneux profanée avant son entrée au Panthéon    05.10.25 : Le dramaturge, scénariste et réalisateur Xavier Durringer a succombé à une crise cardiaque à 61 ans    03.10.25 : La DJ Barbara Butch sera la directrice artistique de la 25e Nuit blanche à Paris    04.11.2025 : Laurent Mauvignier remporte le prix Goncourt avec La Maison vide    29.10.2025 : Le metteur en scène américain Ted Huffman nommé directeur général du Festival d’Aix-en-Provence    23.10.2025 : Xie Lei lauréat du prix Marcel Duchamp 2025    23.10.25 : Anne Teresa De Keersmaeker a reçu le prestigieux Praemium Imperiale    21.10.25 : L’écrivain norvégien Roy Jacobsen est décédé le 18 octobre 2025, des suites d’une longue maladie    20.10.25 : À Lyon, le cinéaste américain Michael Mann reçoit le prix Lumière 2025    9.10.2025 : Le prix nobel de litterature a été attribué au Hongrois László Krasznahorkai    9.10.25 : La tombe de Robert Badinter à Bagneux profanée avant son entrée au Panthéon    05.10.25 : Le dramaturge, scénariste et réalisateur Xavier Durringer a succombé à une crise cardiaque à 61 ans    03.10.25 : La DJ Barbara Butch sera la directrice artistique de la 25e Nuit blanche à Paris    04.11.2025 : Laurent Mauvignier remporte le prix Goncourt avec La Maison vide    29.10.2025 : Le metteur en scène américain Ted Huffman nommé directeur général du Festival d’Aix-en-Provence    23.10.2025 : Xie Lei lauréat du prix Marcel Duchamp 2025    23.10.25 : Anne Teresa De Keersmaeker a reçu le prestigieux Praemium Imperiale    21.10.25 : L’écrivain norvégien Roy Jacobsen est décédé le 18 octobre 2025, des suites d’une longue maladie    20.10.25 : À Lyon, le cinéaste américain Michael Mann reçoit le prix Lumière 2025    9.10.2025 : Le prix nobel de litterature a été attribué au Hongrois László Krasznahorkai    9.10.25 : La tombe de Robert Badinter à Bagneux profanée avant son entrée au Panthéon    05.10.25 : Le dramaturge, scénariste et réalisateur Xavier Durringer a succombé à une crise cardiaque à 61 ans    03.10.25 : La DJ Barbara Butch sera la directrice artistique de la 25e Nuit blanche à Paris    04.11.2025 : Laurent Mauvignier remporte le prix Goncourt avec La Maison vide    29.10.2025 : Le metteur en scène américain Ted Huffman nommé directeur général du Festival d’Aix-en-Provence    23.10.2025 : Xie Lei lauréat du prix Marcel Duchamp 2025    23.10.25 : Anne Teresa De Keersmaeker a reçu le prestigieux Praemium Imperiale    21.10.25 : L’écrivain norvégien Roy Jacobsen est décédé le 18 octobre 2025, des suites d’une longue maladie    20.10.25 : À Lyon, le cinéaste américain Michael Mann reçoit le prix Lumière 2025    9.10.2025 : Le prix nobel de litterature a été attribué au Hongrois László Krasznahorkai    9.10.25 : La tombe de Robert Badinter à Bagneux profanée avant son entrée au Panthéon    05.10.25 : Le dramaturge, scénariste et réalisateur Xavier Durringer a succombé à une crise cardiaque à 61 ans    03.10.25 : La DJ Barbara Butch sera la directrice artistique de la 25e Nuit blanche à Paris
Actualités
Agenda
Musique
Auteurs et Autrices
Partenaires
Qui sommes-nous?
Contact
Agenda

Celia Kameni, Polyphonie intérieure

par La redaction
04.11.2025

Récemment récompensée par les Victoires du jazz dans la catégorie « Artiste vocale » pour son nouveau projet personnel « Méduse », Celia Kameni revient sur les origines de ce premier EP inspirant et aux influences multiples . Une chanteuse qui sait où elle va, entre fragilité, force et agilité. Rencontre.

Interview par Léonor Matet

Vous naviguez dans un océan aux influences musicales multiples. Qui êtes-vous, Celia Kameni ?

Celia Kameni : Je suis artiste, chanteuse, originaire de Lyon. Mon père est musicien, bassiste, parfois guitariste. C’est lui qui m’a emmenée dans ce monde de la musique. A 3 ou 4 ans, je m’amusais déjà à jouer sur les instruments de ses amis. Il jouait dans une multitude de groupes, dans des styles de musique afro ou noire en général — je n’aime pas trop utiliser ces mots parce qu’ils sont trop vastes —, autant dans le jazz, le hip-hop, dans des groupes de musique africaine, de musique antillaise. Enfant, j’ai vraiment été baignée dans cette diversité musicale.

Et le reste de votre famille ?

Ma mère n’est pas musicienne, mais elle chante et fredonne beaucoup à la maison. Ma grand-mère aussi. J’ai découvert tardivement que mes grands-parents, et plus spécifiquement ma grand-mère, avaient dirigé des chorales, plutôt religieuses et dans leur langue d’origine, qui est la langue de l’ethnie Bangangté du Cameroun. Ma mère et sa fratrie étaient alors un peu leurs cobayes ! Quant à ma sœur, elle n’est pas musicienne mais c’est une mélomane incroyable, elle connaît plus de paroles de chansons que moi !

Vous jouez parfois avec votre père ?

Non, j’ai pris quelques cours de guitare avec lui quand j’étais plus jeune. Mais ça s’arrête là.

Quels sont les courants musicaux qui vous ont portée et où les vents vous mènent-ils ?

Mes influences viennent d’abord de ma formation. J’ai étudié la musique classique jusqu’à mes 15 ans. Aujourd’hui, des échos en reviennent dans ma manière de chanter et d’écrire. J’essaie de me détacher des étiquettes, mais le jazz a été très marquant pour moi.. Dans son état d’esprit, dans sa manière de se développer, notamment par rapport à l’expérimentation. Improviser, se servir de l’instant et de l’interaction avec les gens, c’est ce que le jazz m’a vraiment appris. Plus que la pop. Avec certains groupes de jazz, on ne savait pas ce qu’on allait jouer en montant sur scène ! Comme avec le projet du pianiste Alfio Origlio, avec Zaza Desiderio à la batterie et Brice Berrerd à la contrebasse. On se donnait très peu d’indications, juste des titres de reprises. On s’amusait beaucoup et on construisait notre musique en direct. Ce goût pour l’expérimentation et la création complètement libre en live, j’ai pu le partager aux côtés d’artistes comme Tiss Rodriguez ou Oxy. Tout est improvisé dans nos concerts. Et ça me fait beaucoup de bien, en parallèle de mon projet où les choses sont un peu plus cadrées.

Sans aucune contrainte, ou aucun cadre, comment les morceaux démarrent-ils ?

Celui qui commence… commence ! C’est une prise de parole, un dialogue, il y a une espèce de connexion profonde et rugissante.

Donc des influences hip-hop, R’n’B, jazz, classique… Quelle serait votre chanson « doudou » ? Celle à laquelle vous revenez systématiquement, celle qui vous fait du bien ou qui vous fait vous sentir chez vous ?

J’ai une playlist avec mes chansons doudou ! Je n’en ai pas qu’une malheureusement, j’aurais des difficultés à choisir. “Cranes in the sky” de Solange m’a beaucoup habitée. C’est une chanson que j’ai beaucoup chantée, aussi en live, dont le texte m’a beaucoup parlé, traversée, et fait du bien. Une autre chanson, brésilienne, a été marquante. Celle d’Ataulfo Alves. Elle a été présente à des moments où j’ai dû prendre des décisions importantes et me jeter dans le vide. Quand j’avais besoin d’une impulsion, c’était comme un mantra que je me chantais.

Les paroles donnent quelque chose comme ça [Celia traduit en même temps qu’elle chantonne] :
J’ai pleuré de nostalgie mais aujourd’hui
plus rien n’est important
Je poursuis ma vie
Sur ce chemin sans retour
Et la seule chose que je n’oublierai pas
C’est d’ouvrir mon coeur…

Avez-vous une routine musicale ?

Non pas du tout ! Dans des périodes chargées comme celle-ci, je n’ai même pas le temps de jouer. Cet été, j’étais dans les calanques de Marseille, et j’écoutais la chanteuse Soul Anaiis tous les matins pour me mettre en route, à me reconnecter grâce à sa douceur et sa profondeur. Elle s’inscrit à la croisée de multiples styles, et peut-être que cela m’a parlé.

Vous avez commencé votre carrière en accompagnant les projets des autres. C’est votre tour à présent de partager votre projet personnel. Quel a été votre déclic ?

Je naviguais dans des mondes variés, c’était très enrichissant, j’aimais participer à un projet en y mettant ma touche. Mais à un moment, j’ai senti le besoin de prendre la parole avec mes propres mots, de faire moins de concessions. Ce ne sont pas toujours mes mots d’ailleurs, mais ils sont choisis par moi.

Comment avez-vous enclenché cette démarche ?

Je n’avais pas l’habitude d’écrire, je ne savais pas par quel bout commencer. J’ai pensé qu’il fallait débuter avec des collaborations. L’univers de Yael Naïm me touchait beaucoup, sa manière d’écrire, pour elle et pour d’autres artistes, son interprétation. Nous avons été mises en relation par un ami commun, Eric Legnini. Elle a accepté cette nouvelle collaboration, qui s’est faite de manière très fluide et à distance. Je lui envoyais des mémos musicaux que j’enregistrais sur mon téléphone, des mélodies, à la voix ou au piano. On a composé ainsi, à partir de certaines de mes idées, mais qu’elle a arrangé et auxquelles elle a ajouté des éléments. Ça a donné le morceau « Used ».

Faut-il être en phase, dans la même période de vie, pour une collaboration réussie ?

Non pas nécessairement, mais on s’est retrouvées dans un endroit de connexion profonde et une forte sensibilité en commun. On s’est comprises musicalement. Yaël m’a beaucoup encouragée à mettre en route ce projet et à dire ce que j’avais à dire.

Avez-vous une langue de prédilection entre le français et l’anglais ?

Les deux langues me permettent de chanter et d’exprimer des choses très différentes. J’ai fait le choix de ne pas choisir. Parfois, je mélange comme dans « Used ».

Vous sortez un EP de 4 titres avec deux approches différentes : celle de l’enregistrement en studio et celle de la scène en live…

J’ai scindé volontairement le travail en studio et sur scène. J’ai plus de compositions que ces 4 morceaux, ainsi que des reprises. Certains musiciens apparaissent sur les deux volets, mais ça a été pensé séparément. Il y a deux ans, j’ai commencé par travailler le live, pour lequel je me suis entourée de Giani Caserotto à la guitare, Julien Loutelier à la batterie, Juliette Serrad au violoncelle, Thibault Gomez au piano et Pierre Favrez au son. Giani, Julien et Pierre viennent de la musique instrumentale écrite mais expérimentale, notamment avec leur groupe le Cabaret contemporain. Ils ont ce talent d’instrumentistes tellement experts qu’ils vont au-delà de l’expérimentation de l’instrument, et c’est ce que je recherchais pour le live de ce premier EP. Quant à Juliette, je voulais que nous collaborions avant même de l’entendre jouer !

Seul Thibault Gomez n’est pas sur l’EP, pourquoi ?

Pour la simple raison que je souhaitais jouer moi-même du piano. Pour respecter mon processus de création : une base de piano-voix. C’est un instrument avec lequel j’ai un rapport précieux, je voulais refléter ma pratique, comme quand j’ai commencé à composer dans ma chambre.

D’ailleurs, vous avez enregistré dans plusieurs studios, mais l’un a retenu votre attention pour le piano.
Oui, le studio Pigalle pour les voix et leur piano droit qui a un son incroyable. J’aime les pianos droits pour leur sourdine — qui permet d’adoucir et de me procurer une petite virtuosité ! — et leur son feutré qui reflète la sensation d’intimité, propre à ma manière de construire la musique. Une musique de chambre, au sens propre comme au figuré.

« Méduse ». Un titre intrigant, inspirant, mythologique… Pourquoi l’avoir choisi pour votre premier projet personnel ?

La méduse évoque d’une part l’animal marin, mais également la divinité grecque, l’une des trois Gorgones, petite fille de l’union de la Terre et de l’Océan.

C’est d’ailleurs la seule à être mortelle… Ses yeux ont le pouvoir de pétrifier celles et ceux qui croisent son regard. Quelle symbolique a compté pour vous en choisissant cette référence ?

Méduse est pour moi une figure féminine à la personnalité incroyable. A la fois mortelle, une fragilité au pouvoir extraordinaire. Une sorte de dichotomie entre une vulnérabilité et une grande force. Je me reconnaissais dans ce symbole, du moins, j’avais besoin de m’y identifier. Une sensibilité puissante qui se déploie dans la lenteur, comme les tentacules de la méduse dans la masse de l’océan.

Vous avez construit ce projet autour d’un puissant imaginaire inspiré de l’univers marin, avec une direction artistique très élégante, spirituelle, entre le ciel, la terre et la mer, tant dans l’univers musical que visuel. D’où vient cette inspiration ?

Les paroles et la mélodie du premier morceau, « Wrong again», sont de Yaël Naïm. Une fois composée, j’ai emmenée cette chanson dans mon univers pour en faire son orchestration. L’image qui m’est venue à ce moment-là, c’est moi face à une falaise, à l’océan, un ciel gris. Une image en noir et blanc, assez sombre, face à l’immensité des océans. Un écho visuel inspiré par Belle-Ile-en-Mer, que je dessinais mentalement, une vision qui n’existait pas vraiment au début du projet et qui avait donné le ton. C’est d’ailleurs le premier morceau que je joue en live, comme un ancrage, une ambiance que je souhaite poser pour le concert.

Quel message souhaitez-vous faire passer au public ?

C’est comme si, pour la première fois, je donnais un accès aux gens à des conversations secrètes. La chanson « I do », parle d’un dialogue avec une personne proche qui a disparu aujourd’hui. J’arrive maintenant à parler de choses intimes et personnelles sur scène, devant un public.

Vous évoquez votre ambivalence entre fragilité et force, on perçoit une joie de vivre teintée de mélancolie. Cela se ressent dans votre musique et vos images. Pour chaque morceaux et pour l’identité visuelle de votre projet, vous avez fait appel à la photographe Anne-Laure Etienne. Qu’a-t-elle apporté ?

Anne-Laure Etienne a travaillé avec beaucoup de chanteuses à Lyon : Claire Days, Cindy Pooch, Rebecca Roger Cruz… Des amies qui m’inspirent. On connaissait mutuellement notre travail. C’est une photographe, certes, mais elle a eu un grand rôle de directrice artistique pour développer tout l’ambiance visuelle. Elle a également conçu le costume.

Du Polaroïd, aux noir et blanc vaporeux, c’est assez éloigné de son écriture très pop aux couleurs vives ?

Je suis allée chercher une photographe dont j’aime le travail, mais je lui ai demandé de se déplacer par rapport à ce qu’elle fait habituellement. On a beaucoup échangé : références, mood boards, intentions. Le point de départ était un univers emprunt de nostalgie, un peu ancien, parfois en noir et blanc, avec des clairs-obscurs, de la lumière qui jaillit du sombre. Avec en plus, une espèce de volupté dans les textiles qui flottent. Elle développait ça dans son travail et ça m’a séduite. Pour la coiffure, je l’ai modelée, comme une couronne amovible de fil de fer et de tresses médusées.

Sa marque de fabrique, c’est également de donner une musicalité au corps, capter une chorégraphie en mouvement. Où êtes-vous allées ?

Nous avons fait le shooting vers Marseille, dans l’un de mes endroits « ressource ». Nous nous sommes installés dans une maison prêtée par un ami, et je l’en remercie du fond du coeur. C’est un endroit très sauvage dans le parc régional des Calanques. Nous étions quatre : Anne-Laure Etienne, la photographe, Peter de Munch, vidéaste, et une maquilleuse et amie, Elsa Niamey (orthographe à vérifier auprès de Celia) et moi. On a installé un studio photo léger, facile à transporter pour réaliser les photos en extérieur. Avec ma musique en fond pour être bercés par l’univers du projet.

Il y a différents portraits qui confèrent une esthétique vintage, emprunte de spiritualité. Quels appareils a-t-elle utilisés ?

Elle avait trois appareils : un argentique, un numérique et un Polaroïd. Pour les couvertures de morceaux, nous avons choisi les « Pola » afin de garder une unité. Côté vidéo, nous avons travaillé avec une caméra numérique et une Super-8.

La sélection des photos a-t-elle été difficile ?

Oui ! Déjà, j’ai parfois du mal à prendre des décisions, mais surtout j’ai envie de faire le bon choix ! Alors, je reviens souvent dessus, pour rester dans une cohérence. Autant pour la musique que pour les images, il y a eu beaucoup d’allers-retours. Ils ont eu la patience nécessaire.

Vous êtes active sur les réseaux sociaux, quel usage en avez-vous ?

Avant ce projet, mon compte Instagram ne prenait pas autant de place. C’est quelque chose de particulier de devoir gérer son image, ce qu’on est dans la vie et ce qu’on a envie de garder d’intime, et ce que l’on veut montrer en tant qu’artiste. Je joue le jeu. Il faut l’utiliser comme un outil de communication, et ne pas mettre toutes mes tripes à chaque fois. Je suis aidée par mon manager, Iseecolors, et mon label, Naïve, et, parfois aussi par mon tourneur Giant Steps.

Vous vous produisez dans des lieux très intimes comme ce concert confidentiel pour l’association Le Chalet, et vous étiez, il y a environ un mois à l’Opéra Garnier pour la Nuit de la Voix, la veille d’une maraude dans votre quartier ?

En effet, je suis bénévole dans cette association qui fait de la distribution alimentaire, avec des maraudes place de la République tous les mardis et les jeudis. Ça me fait beaucoup de bien de me raccrocher à une communauté en dehors de la musique, de développer un lien social. L’association a ouvert son lieu dans le 10e arrondissement et propose de la restauration, des activités culturelles et participatives avec des concerts, différents types d’ateliers, qui demande une impulsion de chacun. Une initiative collective portée par une personne extraordinaire, et on vient donner ce qu’on peut comme on peut. C’est comme ça que je me suis retrouvée à donner un concert. La vie de musicien est très éclectique, ça me permet de garder un ancrage, un lien très connecté au monde.

Vous avez été récemment récompensée par les Victoires du jazz, dans la catégorie “Artiste vocale”, face à Sophie Soliveau et Leila Martial. Que cela signifie-t-il pour vous ?

Me retrouver dans ce palmarès aux côtés de ces deux artistes que j’admire énormément, ça a été très émouvant. Depuis que je fais de la musique professionnellement, le jazz est ma première école, ma première maison. Alors remporter cette prestigieuse récompense c’est magnifique. D’autant plus pour mon premier projet. C’est une reconnaissance très encourageante.

Quelle est la suite ?

Avec la récente sortie de mon premier EP, il va y avoir des concerts. Et j’espère rapidement faire de nouvelles collaborations, enregistrer de nouveaux morceaux, partager encore et encore ma musique.

Visuels (c) Anne-Laure Etienne