Chaque année, dans le cadre de la semaine d’éducation et d’actions contre le racisme et l’antisémitisme, le Grand Festival donne la parole aux artistes et spectacles qui permettent de lutter contre les discriminations. La 8e édition se tient du 19 au 24 mars au Palais de la Porte Dorée avec l’humoriste Tahnee sur son affiche rose. À cette occasion, Cécile Vermorel, la responsable de la programmation culturelle du Palais de la Porte Dorée – Musée National de l’immigration nous raconte les coulisses de ce Festival, d’autant plus important que son public est jeune et que les dialogues entre identités discriminées peuvent parfois s’avérer difficile.
C’est un « Warm up » pour annoncer notre exposition Olympisme, une histoire du monde, qui commence le 26 avril avec toute une programmation, en amont des Jeux olympiques de Paris.
Évidemment, quand on parle de discrimination, le sport est un sujet éminemment intéressant, comme le montre le « tube » d’Hortense Belhôte, Une histoire du Football féminin, qui ouvre le festival mardi prochain. Mais nous n’avons pas la volonté de thématiser les prochaines éditions. Le sujet de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme étant une thématique qui se suffit en soi. Nous voulons avant tout proposer une programmation pertinente sur ce sujet.
C’est essentiellement le public de notre musée, qui sont des personnes intéressées par notre programmation et assez jeunes (18-30 ans). Le festival fait écho à ce public avec la volonté de toucher des familles, par exemple avec des ateliers parents-enfants ou le collectif Kay !, dimanche 24 mars : c’est libre, on circule, c’est participatif, pas impressionnant, et fait pour accueillir tout le monde.
Évidemment avec Hortense Belhôte et l’humoriste Tahnee sur l’affiche, la question de la discrimination anti-LGBT fait bien partie de notre programmation. Mais si l’intersectionnalité ouvre nécessairement à plusieurs luttes, nous avons enlevé cet aspect du titre pour ne pas créer des attentes trop fortes sur la question et après êtres déceptifs. Mettre Tahnee sur l’affiche était une évidence : elle signe le retour du stand-up au Grand Festival et cette humoriste en incarne totalement l’esprit. Elle interroge des sujets sérieux avec une vitalité et une joie qui nous plongent au cœur de questions actuelles.
C’est vrai pour cette année. Le festival ne durant que cinq jours, il fallait faire des choix et notre projet permet de passer par des artistes, des spectacles, des performances et volontiers des formats hybrides. Comme le Festival s’inscrit dans le cadre de la semaine d’éducation et d’actions contre le racisme et l’antisémitisme, nous avons également beaucoup d’actions et performances scolaires, et des ateliers ouverts aux familles comme «Le grand méchant mot», qui met en perspective l’usage de nos mots et aussi «La dictée pour tous».
C’est clairement une question. En ce qui concerne notre programmation, il n’y a pas eu de questions posées à chaud. D’une part, parce qu’elle était déjà très avancée cette programmation, avant l’automne dernier, et d’autre part, je crois que c’est lié à la nature du travail des artistes. Le spectacle vivant permet de prendre du recul par rapport à des sujets brûlants et c’est pour cela que ce prisme est très précieux. Nous voulons continuer de croire que l’antisémitisme fait partie du racisme. Mais il est vrai que nous avons peu de propositions sur l’antisémitisme. C’est un angle mort de la création contemporaine. On parle facilement sur scène de la Shoah ou d’antisémitisme historique et par exemple, nous avons programmé plusieurs fois Stéphane Choukroun, un metteur en scène qui travaille sur l’antisémitisme aujourd’hui. Mais ils et elles sont très peu nombreu.ses. Alors que beaucoup d’artistes s’emparent maintenant d’une tendance de fond qui est précieuse, il semble que la question LGBT soit une tendance.