Caravan : du jeu, du feu, et pas d’artifices !

Un mois au plus

Charlie (Pierre Duchesne), jeune batteur provincial passionné de Jazz, quitte Pontiac dans les années 50 pour aller à la rencontre de son destin. Son voyage le mène au Dixieland, club de jazz renommé mais périclitant sous la direction exigeante – tendance tyrannique – de Swan (Augustin de Winter, et en alternance Clément Boecher). Il y rencontre un trio de musiciens blasés et une chanteuse sur le départ, la belle Joséphine (Maud Lagorsse), qui voient en lui une lueur d’espoir pour relancer le club. Le jeune homme saura t’il se hisser à la hauteur des attentes des professionnels ?

Rendant hommage aux scènes emblématiques de J.K. Simmons dans l’excellent Whiplash de Damien Chazelle, Swan prépare inlassablement le quartet à son prochain concert : à grand coup d’interruptions, bras levé point serré, cambré face ou dos à la scène, il compte les temps, éloigne les cymbales et tape dans les Tom jusqu’à ce que Charlie tienne 250 à la noire. L’épreuve est rude pour le jeune batteur qui rompt mais ne craque pas… jusqu’au soir du concert où il brille sous les lumières et se révèle sous les applaudissements nourris du public !

Le style, c’est votre voix

En contrepoint à l’exaltation qui s’empare de Dixieland, Alice, la sœur de Charlie, incarnée par la lumineuse Anaïs Alizon, porte avec délicatesse la trame dramatique de la pièce. Restée seule auprès d’un père autoritaire, elle nous livre ses joies, ses peines et ses désespoirs au grès de lettres laissées sans réponses. Alors que la scène, jonchée d’instruments et de partitions est plongée dans l’ombre, Alice prend la lumière d’où qu’elle se tienne. Elle est la voix du passé, de la rancœur et de la culpabilité, de cette comptine intérieure que Charlie aimerait faire taire mais qui perdure malgré tout.

Alors pour oublier, Charlie sort, s’enivre et embrasse le succès comme un mal aimé.
Il endosse le costume de leader, anime les arrangements d’Edouard (Pierre Loup Meriaux) au piano, réécrit les phrases liminaires de Charles à la contrebasse (Nicolas Moge) et scande celles de John au Saxophone (Amaël Godin), soit quatre musiciens qui nous surprennent par la justesse de leur jeu et pas seulement de leurs notes. Mais il ne parvient pas à attirer l’attention de Joséphine, la chanteuse star du groupe qui semble être restée à quai, en proie au vague-à-l ‘âme et à l’alcoolisme avant qu’elle ne se libère enfin sur son dernier titre, sur les paroles de Stupid Cupid. On aurait aimé la voir s’affranchir plus tôt, peut-être chanter dans les graves et retrouver la superbe de ses jeunes années. On ne peut que l’imaginer. Ajoutons qu’on lui souhaite aussi une meilleure sonorisation voix, qui n’est pas à la hauteur de celle des instruments.

Beyond Dixieland

Nous ne dévoilerons pas ici le dernier acte de ce concert qui fait vibrer la salle jusqu’au dernier moment. On vous dira seulement que les comédien.nes savent brillamment déborder du cadre, animer la scène et la salle, oublier les partitions et nous ramener à l’essence même du jazz. Alors courrez à l’arrache-cœur, sur ticketoff.com ou sur billetreduc.com pour 1h25 de théâtre et de jazz avec Caravan, écrit par Pierre Duchesne et mit en scène par Pierre Loup Mériaux.