Festival de Cannes : Une 77e édition hollywoodienne

Un Cannes « tout à fait américain »

Le mot est revenu souvent dans la bouche de Thierry Frémaux lors de cette conférence de presse, et pour cause ! Greta Gerwig, un brin « west coast » depuis Barbie, est présidente du jury, George Lucas est l’invité d’honneur, et Kevin Costner a d’ores et déjà annoncé sa présence pour présenter son nouveau film en section Horizon. Rappelons, au passage, qu’il y a eu pas moins de neuf films passés par Cannes représentés aux Oscars cette année. Quant à la saga Mad Max, elle sera de retour avec Furiosa. Autant dire qu’une fois la grève finie, Hollywood prend ses quartiers d’été à Cannes…

Un red carpet « Walk of Fame »

En compétition, des stars comme s’il en pleuvait : Francis Ford Coppola is back avec Megalopolis et il y aura également Sean Baker avec Anora. Les stars américaines seront donc nombreuses à Cannes cette année. Outre Costner, parmi les revenants, on y trouvera Richard Gere. Certes, avec un casting d’origine européenne (et néanmoins glamour : Diane Kruger et Vincent Cassel), c’est bien des US que David Cronenberg nous vient pour présenter The Shrouds. Même Kirill Serebrennikov regarde du côté de New York en faisant, avec la figure mythique de Limonov, des allers et retours entre Moscou et les États-Unis. Ceci étant, pour faire bonne mesure, c’est un film français qui ouvre le festival : Gilles Lellouche est en compétition avec une comédie romantique au titre romantique L’Amour ouf et un casting chic, François Civil et Adèle Exarchopoulos.

Les habitués et les revenants

Les noms de la compétition nous sont familiers et nous adorons les suivre à Cannes, d’année en année. Le club des habitués est vaste. Jacques Audiard est de retour avec une comédie musicale qui se passe dans les cartels mexicains, au casting muy caliente : Selena Gomez, Zoe Saldaña et Édgar Ramírez dans Emilia Perez. Yórgos Lánthimos retrouve la divine Emma Stone pour Kinds of Kindness (et on en a bien besoin). Miguel Gomes nous propose quant à lui un Grand Tour. Il ne fallait pas moins qu’un possessif devant la figure tutélaire de Mastroianni pour que Christophe Honoré revienne de la Quinzaine vers le palais avec Marcello Mio. Et l’indienne Payal Kapadia quitte le biopic pour proposer All We Imagine as Light, le parcours d’une infirmière de Mumbai. Jia Zhangke nous ouvre une nouvelle baie vitrée sur la Chine avec Caught by the Tides. Après Holy Spiders (2022), l’Iranien Ali Abbasi est de retour en compétition avec The Apprentice. Enfin, Karim Aïnouz, qui est en ce moment à l’affiche avec un film présenté en compétition l’an dernier, a carrément pris un abonnement annuel. Son nouvel opus s’intitule Motel Destino.

Le club VIP des jeunes réalisatrices en compétition

En compétition officielle, deux jeunes frenchies portent chacune à sa manière son film de genre. On découvrira Agathe Riedinger avec un roman d’apprentissage à l’écran : Diamant brut. Coralie Fargeat va, elle, à Hollywood pour proposer un film d’horreur avec The Revenge. Il fait écho aux deux actrices qui présentent un premier film dans la section Un certain regard : Lætitia Dosch et Ariane Labed. Quant au film de Noémie Merlant, Les Femmes au balcon, il « sudise » Fenêtre sur cour à Marseille, en séance de minuit, juste à côté des frissons du nouveau film, The Surfer, de Lorcan Finnegan, le réalisateur de Vivarium, et de The Executioner du coréen Ryoo Seung-wan. On attend aussi, avec impatience, le nouveau Andrea Arnold, Bird, film perché où elle passe des vaches aux oiseaux. Et on se dit que les femmes ne se laissent pas enfermer dans un seul genre, mais dans plusieurs.

Les sections spéciales, fenêtres sur le monde

Rappelant que la vocation de Cannes Première était de permettre aux films d’êtres vus, Thierry Frémaux a révélé une sélection exigeante et politiquement engagée. La section débutera par La Belle de Gaza de Yolande Zauberman, un film sur les transsexuelles qui quittent Gaza à pied pour aller à Tel-Aviv. Sergei Loznitsa, le réalisateur du documentaire Maidan, proposera L’Invasion, film qui se concentre sur ce qui se passe quand un pays est envahi par un ennemi. Raoul Peck, habitué de la compétition cannoise, proposera son documentaire sur le photographe Ernest Cole. On y retrouvera également Rithy Panh. Plusieurs films français sont présents dans cette section : Miséricorde d’Alain Guiraudie, Apprendre de Claire Simon et Le fils de Daniel Auteuil, mais aussi les nouveaux opus des frères Larrieu et de Leos Carax…