Jeudi 15 mai, en début d’après-midi, on pouvait, en salle Debussy, retrouver dans la sélection d’Un certain regard, un film super-ultra-hyper queer qui mêle, dans les années 80, des personnages flamboyants en univers hostile et une parabole sur une « mystérieuse maladie qui touche les mecs qui s’enculent ».
Comme l’a déclaré le réalisateur Diego Céspedes, en préambule de la séance de présentation, c’est l’histoire d’une « famille choisie », dont les membres, aussi joyeux que pathétiques, travestis dans la vie comme pour des spectacles désertés par les spectateurs, ont des noms d’animaux ou de fleurs. Iels sont performeuses mais personne ne vient plus voir leur show depuis que le bruit court que leur regard donnerait « la peste» à ceux qui s’y risquent. Bien sûr, on nage en pleine hypocrisie car il est plus facile pour les mineurs, habitants du lieu d’accuser le regard… du « flamand rose » que sa bite…
Entre l’homophobie, le meurtre et la présence sur les corps des tâches bien caractéristiques du SIDA, la violence est omniprésente dans le film. Mais elle semble neutralisée par la douceur de ces personnages hauts en couleurs qui tantôt subissent, tantôt bastonnent (en dessous de la ceinture, c’est toujours mieux). Toute cette petite famille choisie – de l’aînée (Paula Dinamarca) à la cadette (Tamara Cortés), meurtrie par la disparition de l’étincelant flamand rose (Matías Catalán) – nous emmène au delà de la tendresse qui transcende le ridicule. Mais, même s’il y a toujours la tentation d’éloigner les enfants quand le danger rôde, ce film nous montre que même les histoires qui finissent mal se terminent par une belle histoire d’amour.
Pour en savoir plus, le mieux est d’aller voir ce film gai(y), savoureux et plein d’ironie, en piste pour la Queer Palm (dont le jury est cette année présidé par Christophe Honoré). On se demandait qui pouvait succéder, en 2025, aux Reines du drame d’Alexis Langlois, on a, d’ores et déjà, trouvé.
La misteriosa mirada del flamenco (Le mystérieux regard du flamant rose) – réalisé par : Diego Céspedes – 2025 – Chili, France, Allemagne, Espagne, Belgique.
Durée : 104 minutes
Visuel : © Arizona distribution