Long-métrage d’animation avec animaux ne parlant pas, Flow conjugue à la perfection trois ingrédients de prix.
Long-métrage d’animation avec héros animaux, Flow montre d’emblée qu’il a été réfléchi pour tous les publics. Si ses personnages sont des mammifères et oiseaux habitant une forêt, bien identifiables et visuellement crédibles, ils ne parlent pas, pour commencer. Ce qui suffit à donner d’emblée du sérieux à ce qui leur arrive : à savoir le déferlement d’une vague recouvrant toute la terre autour d’eux.
Ensuite, cet élément perturbateur fait vite sentir qu’une sorte de fable va se tisser : elle apparaît en prime assez ouverte, dès le départ, elle ne semble pas vouloir se limiter à une morale réaliste. Mais surtout, le spectateur a assez peu le temps de se questionner, au début du film, pour savoir si ce bois aperçu lui semble assez adulte ou plutôt enfantin : l’ultra mobilité de la mise en scène l’entraîne vite dans quelque chose de cinématographique, tout simplement.
L’intelligence du long-métrage, côté écriture, est qu’il s’échine à mettre en scène des personnages animaux avec des comportements qui ne dérogent pas à leur nature. Chat noir, chiens plus ou moins joueurs et autre lémurien doivent littéralement cohabiter sur le même bateau pour survivre, sans pour autant pouvoir oublier leur manière de se comporter profonde. Leur qualité de héros de fiction, de personnages de film, en découle, au lieu d’être vainement trop écrite.
Ces deux dimensions se nourrissent l’une l’autre de manière parfaitement fluide. Et on se prend en conséquence à trouver les réactions de ces personnages rafraîchissantes, à la fois logiques et malicieuses malgré leur situation. Une fraîcheur qu’on ne trouve plus guère chez le tout-venant des animaux animés, trop anthropomorphisés.
On l’a compris, le film est fort pour se placer dans un entre-deux artistiquement très intéressant. Son style graphique est à l’avenant : chaleureux, il rend aussi la dureté du monde sauvage. Son mélange de coup de crayon et d’image de synthèse lui évite d’être lisse et lui donne un côté sensible, palpable.
Mais surtout, on constate que ce qui donne à ce long-métrage sa cohérence, que ce qui fait marcher ses ingrédients ensemble, reste sa mise en scène. Si elle se montre virtuose lorsque surgit tout à coup une scène d’anthologie, impressionnante, épique et détaillée à mort, elle brille avant tout par sa mobilité et son dynamisme. On constate simplement vite qu’elle se met au diapason des animaux personnages centraux, qu’elle adopte leur énergie intérieure pour les suivre. Constat fou quand on sait que ce long-métrage d’animation, dirigé par le letton Gints Zilbalodis, est une oeuvre très élaborée, sur le plan technique.
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Flow sortira dans les salles de cinéma françaises distribué par UFO Distribution.
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Visuel : (c) UFO Distribution