Cannes, Quinzaine : Le « Yes » électrique de Nadav Lapid

par Yaël Hirsch
22.05.2025

Après son prix pour le Genou d’Ahed, Nadav Lapid est de retour à Cannes ; non plus en compétition officielle mais à la Quinzaine des cinéastes. Film sur la soumission -même à l’horreur- d’après le 7 octobre, «Yes» accumule des scènes marquantes mais manque sa cible en substituant le cri à la narration.

« La soumission est la seule vérité du temps »

Comme souvent dans ses films, Nadav Lapid met en scène un alter-ego : il s’appelle « Y » et a renoncé à sa carrière de pianiste pour mieux gagner sa vie avec sa femme Yasmine, en animant les fêtes de yacht, de bord de piscine, ou fêtes nationales, pour les apparatchiks de l’Etat israélien. Leur fils, Noah, est souvent gardé par des nounous, tandis que ses parents font les amuseurs publics, la bouche grande ouverte à lécher des oreilles ou des bottes, à la jointure de la prostitution et de l’humiliation.

A perdre la raison

Yes s’ouvre donc sur une fiesta décadente et l’on se croit plus dans la Rome ou la Palerme au crépuscule de Sorrentino que dans le Tel-Aviv en guerre d’aujourd’hui. L’image de Shaï Goldman est saisissante et certains plans fous de Lapid expriment toute la désintégration du commun qui a lieu en Israël. Côté musique, c’est un festival de dance eurotrash juxtaposé. Gaza, comme le 7 octobre est omniprésent dans ce film qui met mal à l’aise et les images insupportables des massacres sont décrites, encore et encore, notamment par le beau personnage de Leah, qui s’est mise à interpréter la propagande étatique. Dans ce Yes long de deux heures trente, qui explose en exposant une hystérie collective, Lapid en est à présenter plus que représenter l’indicible. Le fil s’est résigné car le non n’est plus possible. Alors autant dire « Oui ».

Yes, Oui de Nadav Lapid, avec Ariel Bronz (Y.), Efrat Dor (Yasmin), Naama Preis (Leah), Alexey Serebryakov (Big Billionaire), France Israël, 2025. En compétition à la Quinzaine des cinéastes, sortie française prévue le17 septembre 2025.
Visuel (c) Les Films du Losange

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