Ce furent deux dernières journées de festival dans lesquelles l’attentisme a succédé à la déception, et qui se sont terminées, courant retrouvé, par un palmarès globalement satisfaisant.
Le film des Dardenne était en projection officielle vendredi après-midi. Si l’on ne peut que reconnaître le don du filmage hyper-réaliste parfaitement fluide et une équipe d’actrices exemplaire, on peine à adhérer à cet opus, catalogue de malheurs de ces jeunes mères (avec lesquelles on ne peut être qu’empathique mais bon…). Faute de voir un peu d’optimisme arriver (sauf dans la scène finale), ces tranches de vie où l’on parle doutes sur la maternité, avortements, abandons, drogue, mecs – et parfois mères – lâches, frisent l’overdose sans même nous faire verser une larme. Bof bof…
Ce vendredi soir, moment attendu de la remise des prix de la section Un Certain Regard, qui propose un regard singulier sur le cinéma d’auteur : c’est le tout premier film du Chilien Diego Céspedes, La Misteriosa Mirada del Flamenco, qui décroche le prix principal.
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De bon matin, nous étions bien partis pour faire deux films que nous voulions rattraper dans la sélection dont Résurrection de Bi Gan. Que tous les feux de circulation soient éteints dans Cannes aurait dû nous mettre en alerte, mais en arrivant devant les salles du Cineum à la Bocca, il s’est avéré que le courant électrique était coupé dans toute la région. À 11h15, on faisait déjà une croix sur Résurrection, à 14h15 sur History of sound. On en profitait pour tailler la bavette avec des vieilles cannoises ou des jeunes parisiens sur nos palmarès imaginaires.
Les quelques nouvelles qui nous arrivaient nous indiquaient qu’un groupe électrogène avait été mis en place au Palais permettant à ceux qui avaient eu la bonne idée de tenter les projections en centre-ville d’y assister. Il restait donc à se diriger vers le Palais pour essayer d’assister à la cérémonie de clôture et à la projection de la Palme d’or.
Qui a dit qu’à Cannes, il se passe toujours quelque chose ?
Après une telle journée en échec, on ne pouvait pas rester sur la frustration de ne pas avoir vu minute de cinéma avant la cérémonie de clôture pendant laquelle allaient être dévoilés les gagnants de cette édition. Du coup, on s’est engouffré salle Bunuel pour assister à une heure de Résurrection sur les 2h40 que dure le film. Et ce fut une heure de cinéma pur et dingue qui nous a furieusement donné envie de voir la suite… à Paris.
Et ce fut le palmarès. Le discours d’Alice Rohrwacher était lumineux et son prix pour The President’s Cake tellement mérité. Juliette Binoche a illuminé son arrivée en consacrant, avec son privilège de Présidente, Résurrection avec un prix spécial. On a adoré que le Brésil soit mis à l’honneur deux fois avec Kleber Mendonça Filho et Walter Moura, que Sirat obtienne le prix du jury (ex-aequo avec l’indigeste Sound of falling) et que John C. Reilly chante « La vie en rose ». Il y avait vraiment de quoi être heureux que Nadia Melliti obtienne le prix d’interprétation féminine pour La petite dernière, déjà consacré par la Queer Palm. Le hasard des projections ne nous a pas permis de voir Sentimental value, mais les retours étaient plus qu’élogieux (et c’est Coralie Fargeat qui a remis le Grand prix !).
Enfin, même si on ne mettait pas son film, Un simple accident, au niveau de la Palme, Panahi s’est montré en juste fer de lance de la liberté espérée pour son pays. Pour nous, les deux grands absents du palmarès étaient Les deux procureurs et Alpha. Mais c’est la règle à Cannes… de toujours être un peu déçus.