Tarik Saleh propose en compétition le troisième volet de sa trilogie du Caire Les aigles de la république. Un opus qui continue de s’inspirer de l’âge d’or du cinéma égyptien pour dénoncer les arcanes du pouvoir.
Séparé de sa femme et en couple avec une jeune débutante (Lyna Khoudri) George El-Nabawi (Fares Fares) est l’acteur égyptien le plus connu et le plus adulé. Au panthéon des stars du pays, il est contraint d’affirmer son soutien au régime et notamment d’incarner le Président Al-Sissi dans un biopic à sa gloire. Il entre alors dans les arcanes du pouvoir et joue un jeu dangereux …
Avec une photographie et des costumes rétros en diable, le visage marquant de Fares Fares et la beauté vénéneuse de Zineb Triki (LA Nadia El-Mansour du Bureau des Légendes), ce volet qui rejoue le mythe de Faust avec clinquant et nostalgie, distille peu à peu une tristesse infinie. Le héros a le génie d’être beaucoup plus complexe que les personnages féminins du film et la caméra si nostalgique de Tarik Saleh nous enjoint de nous laisser prendre dans les sables mouvants de la corruption politique. Une tragédie classique, qui fait coup double en interrogeant le rôle des artistes et en revisitant plusieurs pages de l’histoire égyptienne grâce au procédé de mise en abîme. Un film dans le film, c’est toujours une grande idée.
Les aigles de la République, de Tarik Saleh avec Fares Fares, Lyna Khoudri, Zineb Triki, Amr Waked, Cherien Dabis, France, Suède, 2025, 2h09, En compétition au 78e Festival de Cannes. Sortie française prévue le 22 octobre 2025.
Visuel (c) Memento Films