Le cambriolage du Louvre du 19 octobre apparaît déjà comme « le casse du siècle », et convoque les personnages fictifs les plus romanesques de la littérature et de la pop culture. Ces comparaisons traduisent aussi une dure réalité, celle de l’insuffisante sécurisation des établissements culturels français.
Fantômas, Arsène Lupin, les voleuses de nuit du manga Cat’s eyes… Le cambriolage du plus grand musée du monde a fait ressurgir les figures les plus romanesques – et fictives – du crime organisé.
Ce dimanche 19 octobre, les braqueurs n’ont pas eu besoin d’élaborer un plan tortueux à la Ocean’s Eleven pour dérober huit pièces de valeurs inestimables. Ces dernières appartenaient aux reines Marie-Amélie, épouse de Louis-Philippe Ier, Hortense, mère de Napoléon III, des impératrices Marie-Louise d’Autriche et Eugénie. La couronne de cette dernière a été retrouvée endommagée. Les auteurs du larcin ont juste eu à garer leur monte-charge, escalader une banale échelle électrique de déménageur située au niveau de la Seine, pour rejoindre la galerie Apollon, dont ils brisent une des vitres. Tout cela en plein jour, aux environs de 9h30.
Une fois entrés dans cette salle abritant la collection royale de gemmes et les diamants de la Couronne, les voleurs ont brisé deux vitrines avec une disqueuse. Le ministère de la culture l’assure : « Les alarmes […] se sont déclenchées. Au moment de l’effraction, particulièrement rapide et brutale, les cinq agents du musée, présents en salle et dans les espaces adjacents, sont immédiatement intervenus afin d’appliquer le protocole de sécurité. » Après avoir entendu l’alarme, les cambrioleurs s’enfuient par là où ils étaient venus. Ils n’ont toujours pas été retrouvés.
Depuis, plusieurs syndicats, dont la CGT-Culture se sont insurgés contre « les carences des établissements patrimoniaux ouverts au public ». Les allusions au gentleman cambrioleur ou à d’autres anti-héros iconiques font sourire, mais c’est surtout la sécurisation visiblement insuffisante du plus grand musée du monde qui soulève une question.
Le Louvre, fermé au public depuis dimanche, n’est pas un cas isolé. Par deux fois, les 12 et 13 octobre, le musée Jacques Chirac en Corrèze a été braqué puis cambriolé. Le 3 septembre, le musée Adrien-Dubouché de Limoges a subi un cambriolage pour un préjudice estimé à 6,5 millions d’euros. La nuit du 15 au 16 septembre, des voleurs avaient emporté 6 kg de pépites d’or du Muséum d’histoire naturelle à Paris.
Le syndicat culturel dénonce « la vétusté de l’établissement » et un « « plan présidentiel » […] déconnecté des véritables enjeux en termes de préservation et sécurisation des bâtiments ». Selon lui, « le projet de budget Culture 2026 [serait] très en deçà des besoins réels des établissements publics culturels nationaux ». Il pointe aussi la perte de « près de 300 millions d’euros par rapport à la loi de finance initiale 2025 » et de « 230 millions d’euros » pour le programme Patrimoines.
Laurence des Cars devra, selon une information de Public Sénat, répondre à ces questions lors d’une audition par la commission de la Culture du Sénat mercredi 22 octobre dans l’après-midi.
Le musée du Louvre du côté du Quai François Mitterrand où le vol a eu lieu. ©Louvre