Alors que l’édition 2023 du Festival Jerk Off vient de se terminer, nous ne quittons pas l’équipe, puisque cette semaine, sa prolongation « Vous en voulez encore ? » propose deux dates : Grand Crié de Nicolas Bary à l’Étoile du Nord le 03/10 et A part vous, il y a quoi à manger aujourd’hui ? de Acaua Shereya les 05 et 06/10 à la Briqueterie. Le directeur du Festival, Bruno Péguy, en profite pour décrire l’action de ce festival bienveillant et ouvert qui fait changer les mentalités tout au long de l’année par des propositions artistiques fulgurantes.
C’est une des plus belles éditions que nous ayons jamais eues. Nous avons ouvert beaucoup de directions nouvelles, notamment dans le dialogue avec le public, avec des tables-rondes sur le fait d’être queer dans l’espace public ou sur le « pink washing ». C’était bien aussi d’investir pour la première fois un lieu comme la Flèche d’or et d’y proposer à la fois des performances et une table-ronde militante. Cette année, nous avons pu compter également sur un nouveau partenariat avec le MAC/VAL, pour la première fois, en créant des happenings dans plusieurs espaces du musée. Nous avons aussi présenté deux performances de Daniel Hellmann à la Cité Internationale avec le Centre culturel suisse et je garde un souvenir émerveillé de la soirée de clôture aux Labos d’Aubervilliers avec le Centre Wallonie Bruxelles. La soirée Lafayette Anticipations au Klub était magique également. Une première collaboration avec Le Regard du Cygne nous a beaucoup ému.es, avec le travail de Jehane Hamm, ou fait rire, avec celui de Marius Barthaux et Simon Peretti. Et puis, cette année, tous nos événements étaient complets. Cela veut dire qu’on est là où le public souhaite nous retrouver, notamment avec nos partenaires historiques, comme le Point Éphémère : c’est très réjouissant et encourageant.
Nous avons toujours été queer et c’est encore plus important aujourd’hui de faire des liaisons avec toutes nos communautés : gays, bi, trans, F to M, M to F et toutes les autres. Dans un monde où les communautés se replient de plus en plus et où l’on se toise, il faut créer des espaces de bienveillance qui soient ouverts à toutes les sexualités et qui permettent de conserver et d’étendre un espace de dialogue. Dans la programmation et les équipes, je dois avouer qu’on ne se pose pas la question de la part des femmes, dans une logique de quotas. Pour moi et pour l’équipe, c’est juste naturel, il suffit de regarder : il y a plus d’artistes femmes que d’hommes dans la programmation et dans notre équipe à géométrie variable, nous sommes moitié-moitié.
J’ai toujours été très curieux et prêt à faire des kilomètres pour voir des propositions nouvelles. Nous recevons énormément de propositions via le site du festival. Les partenaires – les directeur.trices de salles, mais aussi l’ONDA – nous parlent souvent de ce qu’ils repèrent, et bien sûr je continue à parcourir de nombreux festivals comme Objectif danse à Bruxelles, Orlando à Bergame, Gender House à Aarhus… si bien que lorsqu’arrive le moment de choisir avec le reste de l’équipe, les discussions sont passionnantes mais il faut faire des choix.
C’est quelque chose que nous avons commencé à mettre en place il y a deux ans. Alors que nous sommes un petit festival et que nous n’avons pas toujours les effectifs et la technique pour programmer certains artistes, nos partenaires nous apprennent année après année que l’union fait la force. Quand une salle partenaire nous propose de mettre à l’affiche un spectacle qui nous ressemble, avec un vrai confort pour le public et les artistes, nous y allons ! A la Briqueterie, jeudi et vendredi soir, Acaua Shereya joue A part vous, il y a quoi à manger aujourd’hui ? Je l’ai découverte grâce à Sandra Neuveut [directrice de la Briqueterie] et j’aime beaucoup sa manière d’aborder des questions essentielles, comme si elle « regardait à travers les nuages ». Elle dit « Je veux créer un endroit où je n’ai pas besoin de changer quoi que ce soit pour entrer ». C’est important d’aller dans cette direction. C’est Jean-François Munnier, de l’Étoile du nord, qui m’a parlé du travail de Nicolas Bary. Ce dernier est proche d’artistes fidèles du festival et il était programmé dix jours après Jerk Off : nous aurions trouvé dommage de ne pas être partenaires de la soirée du 03 octobre. « Vous en voulez encore ? » est né de l’envie que le Festival soir plus qu’un temps fort à l’année. Nous ne nous interdisons pas d’être présents à d’autres moments, notamment, le 1er décembre, journée marquante de lutte contre le Sida, qui a beaucoup marqué nos communautés. En 2023, nous célèbrerons notre première collaboration avec la Maison des Métallos, avec une table-ronde, des ateliers, un cabaret… Et puis, pour le 17 mai, journée internationale contre l’homophobie et la transphobie, nous organisons plusieurs événements tournés vers l’éducation. Cette année, nous avons fait intervenir le collectif Cirque Fier au sein de l’INSPE [centre de formation des futur.es enseignant.es] pour sensibiliser les futur.e.s profeusseurices à la lutte contre l’homophobie et la transphobie. Cela reste artistique, parce que le but du festival est de faire changer le monde avec des propositions artistiques en interpelant les gens sur place.
Visuel(c) Lou Tuzar
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