La cour d’appel d’Alger confirme la peine de 5 ans de prison ferme prononcée par le juge de premier ressort contre l’écrivain Boualem Sansal.
Le 16 novembre 2024, Boualem Sansal était arrêté par la police algérienne à Alger, et une procédure pénale s’ouvrait contre lui pour “atteinte à l’unité nationale”. Cela aurait fait suite à des propos tenus par l’écrivain franco-algérien dans le média d’extrême droite Frontières – dont il fait partie du comité stratégique – dans lesquels il expliquait que le territoire du Maroc aurait été tronqué durant la colonisation au profit de l’Algérie. Il aurait précisément dit que « quand la France a colonisé l’Algérie, toute la partie ouest de l’Algérie faisait partie du Maroc : Tlemcen, Oran et même jusqu’à Mascara. Toute cette région faisait partie du royaume. »
Il a alors été poursuivi en vertu de l’article 87 bis du Code pénal algérien qui énonce qu’“est considéré comme acte terroriste ou subversif, tout acte visant la sûreté de l’Etat, l’intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions”.
En outre, plusieurs de ses livres sont censurés en Algérie dû à ses prises de position contre le régime.
Le 13 mars 2025, Boualem Sansal comparaissait devant un juge du tribunal de Dar El Beïda. Alors que le parquet du tribunal requérait 10 ans de prison et une amende d’un million de dinars (6 575€), l’écrivain se vit condamner à 5 ans de prison ferme et à une amende de 500 000 dinars (3 287€).
Après avoir fait appel de cette décision, il fut à nouveau jugé le 24 juin, se défendant contre la peine de 10 ans de prison ferme demandée par le procureur en disant : « La Constitution garantit la liberté d’expression et de conscience et pourtant je suis là ». Ce mardi 1er juillet, la cour d’appel d’Alger a confirmé la peine de 5 ans prononcée contre Boualem Sansal, de même que l’amende de 500 000 dinars.
Cette décision juridique s’inscrit dans le cadre plus global de la guerre diplomatique franco-algérienne entamée depuis près d’un an maintenant lors de la déclaration d’Emmanuel Macron sur la reconnaissance au nom de l’État français de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.
Boualem Sansal n’est pas le seul à avoir été condamné par les autorités algériennes : Christophe Gleizes, journaliste sportif, a été condamné le 29 juin 2025 à 7 ans de prison par la justice algérienne pour “apologie du terrorisme” et “possession de publications dans un but de propagande nuisant à l’intérêt national”. La justice algérienne lui reproche d’avoir été en contact avec un dirigeant de la Jeunesse Sportive de Kabylie, également responsable du Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK), lors d’un reportage qu’il effectuait sur l’un des plus gros clubs sportifs du pays.
Au vu de l’âge – 80 ans – et de la santé de Boualem Sansal – l’écrivain est atteint d’un cancer de la prostate – le premier ministre français, François Bayrou, a annoncé espérer des “mesures de grâce” du président algérien Abdelmadjid Tebboune.
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