Ce jeudi 27 mars au matin, le verdict est tombé : l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal est condamné à cinq ans de prison et à une amende de 500 000 dinars, ce qui équivaut à 3470 euros. À 80 ans, atteint d’un cancer, cette peine met directement sa vie en danger. Entre répression des voix dissidentes et tensions diplomatiques entre Paris et Alger, cette affaire s’inscrit dans un climat politique explosif.
Qualifié d’« imposteur qui ne connaît pas son identité, ne connaît pas son père et vient dire que la moitié de l’Algérie appartient à un autre État » par le président Abdelmadjid Tebboune, Boualem Sansal paie aujourd’hui ses prises de position. Dans une interview accordée à la revue Frontières, un journal d’extrême droite, il s’était exprimé sur l’appartenance de l’Ouest algérien au Maroc, un sujet hautement sensible. Ces déclarations lui valent d’être condamné pour « atteinte à la sûreté de l’État ».
Pendant des mois, l’incertitude pesait, notamment concernant une possible condamnation à perpétuité . Hier, la justice algérienne a finalement rendu son verdict : cinq ans de prison En Algérie.
Condamner un homme de 80 ans, atteint d’un cancer, à une peine de prison, c’est le priver de soins et d’un cadre de vie adapté. Boualem Sansal, dont l’état de santé est fragile, risque de voir sa condamnation se transformer en peine de mort déguisée.
Cette décision interroge sur la volonté du régime : s’agit-il vraiment d’une sanction judiciaire ou d’un moyen d’éliminer une voix dissidente ?
Cette condamnation intervient alors que les relations entre la France et l’Algérie restent tendues. Les autorités algériennes ont refusé les visites consulaires et empêché l’avocat de Boualem Sansal, François Zimeray, de se rendre sur place, ce dernier ayant des problèmes de visa. Cette rigidité s’inscrit dans un contexte de tensions, notamment après la reconnaissance par la France, en juillet dernier, de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, une décision mal perçue par Alger.
Toutefois, des signes d’apaisement émergent. Le ministre français des Affaires étrangères a récemment participé à un événement à la Grande Mosquée de Paris à l’occasion de la rupture du jeûne du ramadan, un geste qui témoigne d’un rapprochement en cours. Plusieurs déclarations laissent entendre que les présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune ont repris contact et cherchent à rétablir un dialogue.
Mais cette volonté de détente suffira-t-elle à faire évoluer le sort de Boualem Sansal ? Son avenir reste incertain, suspendu entre les impératifs politiques et les négociations diplomatiques en coulisses.
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