Les vents qui soufflent sur nos façons de consommer continuent de venir de l’Ouest. Après Halloween, qui a peu à peu infusé dans les programmations d’octobre, le fameux « Black Friday » de novembre et, dans une moindre mesure, le Cyber Monday de décembre rythment désormais les jours les plus courts de l’année. Ils s’ajoutent aux vitrines des grands magasins illuminés, aux marchés de Noël et à leurs décorations, injectant jusque dans nos foyers — et au cœur de nos smartphones — un capitalisme qui ne connaît pas de trêve.
En temps de crise, on attend volontiers ces soldes générales pour payer moins cher certains biens. Mais cette fièvre d’achats « à bon compte » répond aussi à un besoin humain que les anthropologues du début du XXᵉ siècle avaient observé sur la côte pacifique des États-Unis : le besoin de faire « potlatch ». Certes, on « sur-consomme », mais on suspend aussi l’homo economicus pour entrer dans la logique du don et du contre-don (Marcel Mauss). Dans des périodes sombres comme la nôtre, le besoin de « Trop-Plein » se fait d’autant plus sentir.
La culture, comme toutes les autres industries, est désormais gagnée par ce Black Friday que l’on guette presque rituellement. Amazon (qui vend encore des livres !) a sans doute servi de cheval de Troie suivi par de nombreuses entreprises culturelles. Cette année, ce n’est pas l’offre PRIME mais « La Totale » de Canal+ qui fait la une. Cultura, comme la FNAC (Darty), applique des remises sur les livres, les disques, les DVD et même les spectacles via leurs filiales de billetterie. Désormais, même les secteurs les plus artisanaux affichent de nombreuses réductions : La Scala, le Théâtre Mogador avec son indétrônable Roi Lion, et même le Château de Versailles pour ses spectacles ou encore la boutique du Musée des impressionnismes proposent des soldes jusqu’en décembre.
Alors, si vous avez envie de vous gâter ou de gâter vos proches, pourquoi ne pas faire quelques provisions de concerts, de spectacles et d’autres biens culturels à offrir plus tard dans l’année ? Certaines formations artistiques à l’écriture ou à la scène proposent aussi de très belles remises à cette occasion.
Alors pourquoi ne pas profiter de cette mécanique bien huilée pour se constituer un petit trésor culturel — concerts, spectacles, ateliers artistiques — à offrir ou à s’offrir au fil des mois ? Une façon de détourner la logique commerciale pour nourrir aussi celle du don.
Ce week-end post Black Friday, qui demeure propice au shopping, et qui est peut-être le meilleur moment pour prendre (déjà!) de bonne résolutions d’années en s’offrant de heures de culture pour 2026,
Bon potlatch à vous et belles illuminations de fin d’année !
Yaël et Amélie