Créée par Marie-Sophie Chambon avec une vraie documentation et les conseils du chef Yves Camdeborde, la première saison de la nouvelle série de France Télévision, Bistronomia, est une ode à la gastronomie et à la jeunesse. À voir sur France.tv et bientôt sur France 2.
Paris, années 2000. Amandine est la fille d’un grand chef qui quitte SciencesPo pour entrer dans les rangs du service d’un étoilé « Le Régent ». En cuisine, elle croise l’hyper-talentueuse Johanna, une jeune femme qui habite en Seine-Saint-Denis avec ses grands-parents et qui rêve de devenir cheffe. Le soir, elles boivent des verres dans un couscous du 11ème où elles retrouvent leur ami Vivian, qui y fait le service en attendant de pouvoir vivre de sa passion : écrire sur la cuisine…
En 9 épisodes de 30 minutes c’est un monde en ébullition que dessine cette série extrêmement bien écrite. On revisite la France de 2005 à travers les ambitions des deux jeunes femmes qui rêvent de monter leur restaurant gastronomique mais pas prétentieux et la douceur paradoxale du critique qui finit par fonder un magazine en ligne qui fait furieusement penser au… Fooding. Normal puisque son fondateur, Alexandre Cammas, a soufflé l’idée originale de la série. Tout se passe entre le Régent et quelques intérieurs parisiens et pourtant, on voit bien, par le biais de la gastronomie et de ses enjeux, le passage d’un siècle à un autre, d’un élitisme et d’un machisme à toute épreuve à l’avènement de #meetoo et de la gastronomie accessible. On regarde d’un nouvel oeil « Bobos » qu’on a tant décriés mais dont nous sommes déjà nostalgiques, 20 ans après, dans leur idéal de partage, de beauté et de douceur.
Tout n’est pas manichéen dans cette série, tant s’en faut et les rapports de classes sont très joliment étudiés, également au sein du trio principal. Certaines scènes en cuisine sont d’une violence inouïe et se posent également les questions de la reproduction. Les trois acteurs principaux, Yowa-Angélys Tshikaya, Louise Labèque et Edouard Sulpice, crèvent le petit d’écran. En personnages secondaires, porteurs du vieux monde, Jean-Luc Anglade en chef colérique avec son verre de vin au bureau et Nicolas Briançon en critique pour gourmets vermeil de clubs de golf, sont parfaitement en deuxième plan.
Avec Bistronomia on revisite d’un oeil neuf tout un monde si proche et l’avènement d’une nouvelle ère par le biais des assiettes que l’on sert.
Visuel (c) Affiche