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« Barbenheimer » : Deux blockbusters pour défendre la poursuite de notre civilisation

par Yaël Hirsch
le 26.07.2023

Ce mercredi 19 juillet sont sortis deux films qui sont – en même temps – sur toutes les lèvres : Oppenheimer de Christopher Nolan et Barbie de Greta Gerwig. Comment le biopic de celui qui a créé la bombe atomique et un conte de fée acidulé pour adultes séduisent-ils le même large public ? Il y a plus que la perspective de 5 heures dans la fraîcheur des salles obscures et même plus que tout l’art du marketing déployé pour justifier cette rencontre de deux mondes.

(Film réalisé par une IA)

« Barbenheimer », un monstre inattendu est sacré

Oppenheimer est un film en costumes, avec même des extraits en noir et blanc, qui suit la dystopie Tenet et rejoint l’obsession de Christopher Nolan pour l’état d’exception qui a engendré la Guerre. Le film Barbie est commandité par Mattel pour remettre au goût du jour la poupée à la plastique parfaite à travers une fable déjantée signée par le duo traditionnellement « east coast » : Greta Gerwig et Noah Baumbach. A priori rien à voir entre le projet Manhattan et une échappée belle de Barbie et Ken dans notre monde. L’image grise « guerre froide » de Oppenheimer ne devrait pas séduire le même public que les débauches d’expositions colorées de Barbie, et pourtant… Dès la première semaine d’exploitation Barbie compte 360 000 entrées (avec des avant-premières), deuxième meilleur score de l’année, et Oppenheimer 150 000. Alors qu’aux Etats-Unis, la sortie était jeudi, le phénomène est le même : tout le monde veut voir les DEUX films. Le phénomène porte un nom : « Barbenheimer » et fait l’objet d’une campagne assez drôle de mélange des genres sur les réseaux sociaux.

 

Deux fleurons de l’industrie du cinéma portés par des cinéastes indépendant.es

 

Quels sont donc les points communs entre les deux films ? Il s’agit de deux blockbusters assumés, aux budgets respectifs de 100 et 145 millions de dollars. Avec un marketing assez poussé, notamment pour Barbie qui a tout envahi : Google, le Grand Rex, un sandwich spécial chez Burger King… Bref, à cause de Barbie cet été, il nous FAUT voir la vie en rose. Les acteurs et actrices des deux films parlent aussi bien aux fans de cinéma qu’aux accros aux séries ou aux réseaux sociaux, à commencer par Cillian Murphy (Oppenheimer) et Margot Robbie (Barbie). Dans les deux films, tout part d’une crise que n’est pas seulement personnelle mais aussi une question de couples (bam, deux autres stars : Emily Blunt en madame Oppenheimer et Ryan Gosling extraordinaire en Ken).

 

Enfin et surtout, les deux cinéastes de ces deux succès inattendus sont des artistes plus qu’attendus. Très pointus, ils savent osciller de l’univers du film indépendant au blockbuster. Anglais de naissance, repéré notamment avec Memento, réalisateur du mythique James Bond qu’il a sublimé, Nolan a l’habitude de faire réfléchir le grand public avec des films chiadés qui revisitent le passé, l’avenir, ou bien, dans le cas de Tenet, les deux. Greta Gerwig a commencé par crever l’écran comme actrice chez les très sélectifs Whit Stillman et Todz Solondz avant de cosigner les scénarios de nombreux films avec son compagnon depuis 2011, Noah Baumbach. Elle incarne la jeune femme de la côte Est aussi bien dans Frances Ha, Mistress America que dans son très beau film sur l’adolescence Ladybug…

 

Sous le divertissement : les questions existentielles

Et devinez quoi ? Sous leurs dehors respectivement très historiques ou très pop, les deux films posent des questions philosophiques et politiques premières : du côté d’Oppenheimer, celle de la responsabilité de la destruction totale de l’humanité et de notre planète. Hiroshima et Nagasaki ayant ouvert la brèche de la réflexion métaphysique sur le soin à prendre de notre planète. Et du côté de Barbie, si normée, jusqu’à la cambrure des pieds, c’est bien la question des modèles de culture et de genre qui se pose et avec lesquels le film joue malignement. L’écologie d’un côté, l’imposition de modèles de l’autre : ces deux thématiques rejoignent d’autant mieux nos préoccupations actuelles que les deux héros et héroïne sont dans une situation de toute puissance : lâcher la bombe et vivre dans un monde où être la plus parfaite parmi les parfaits. Mais l’un se demande s’il n’a pas vendu son âme au diable et l’autre sort d’une soirée disco parfaite avec une crise d’angoisse et décide, tel le Bouddha de la légende, de quitter son château merveilleux pour s’aventurer dans le vrai monde où les gens souffrent… Ils sont bien humains soudainement nos sublimes Margot Robbie et Cillian Murphy…

 

Réformer plutôt que bombarder notre monde

« Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles « , disait le poète Paul Valéry en 1909. 104 ans plus tard, dans un XXIème siècle post guerre froide, post monde multipolaire, post covid et où la religion n’a pas été dépassée et la guerre n’a pas été éradiquée, nos deux blockbusters de l’été posent cette question de la fin de notre monde à travers les affres de leurs personnages. Nolan et Gerwig sont cultivés, malins et intenses, ils posent des questions justes. Mais ils sont aussi profondément libéraux et jouent avec les codes du marketing et du capitalisme qui caractérisent l’industrie du cinéma. On réfléchit avec ces deux films, et c’est énorme.

 

Mais la catharsis fonctionne car des deux côtés, on aime quand même notre civilisation, volontiers marquée par l’empreinte américaine. Et si Oppenheimer est capable de rester aux Etats-Unis contre le conseil d’Albert Einstein, même une fois destitué, et si Barbie accepte de remettre en cause son statut de parfaite princesse de sa promotion, c’est qu’elle a encore des choses à nous offrir, cette civilisation capitaliste, libérale, démocratique et américaine que nous partageons plus ou moins tous dans un « Occident » de plus en plus flou. Comme en 1920 avec Léon Blum au Congrès de Tours, aller voir les DEUX blockbusters de l’été c’est aussi voter avec les pieds pour « garder la vieille maison ». Au-delà des enjeux de gros sous pour Mattel et les producteurs de ce « Barbenheimer » plus subtil qu’on ne l’imagine, il est bien plus reposant un 19 juillet de reprendre des forces pour réformer notre système que de se lancer dans une révolution…