Avishai Cohen ouvre le 20ᵉ Festival des Cultures Juives : jouer, c’est déjà beaucoup

par Yaël Hirsch
17.06.2025

Le 20ᵉ Festival des Cultures Juives s’est ouvert dimanche 15 juin au Théâtre du Rond-Point, dans un contexte particulièrement tendu. Quatre jours après une escalade militaire entre l’Iran et Israël, le trio d’Avishai Cohen et le Centre de Culture juive a décidé de maintenir la soirée d’ouverture, en partenariat avec l’ambassade d’Israël et la Ville de Paris. Le dernier album du contrebassiste israélien s’intitule  Bright Light , une lumière qui vient à point nommé pour éteindre quelques instants par la magie celles de nos smartphones toujours aux aguets d’une actualité meurtrière.

Continuer à jouer

C’était l’ouverture officielle du 20ᵉ Festival des Cultures Juives ce dimanche 15 juin, précédée vers 17 h d’un courriel annonçant au public que le concert était bien maintenu. C’est en l’absence de représentant·e·s de l’ambassade d’Israël (pourtant, pour la première fois, officiellement partenaire), mais avec son aval, que le concert du trio réuni par le contrebassiste israélien a pu être maintenu. Présenté par Fabienne Cohen‑Salmon, directrice du festival, Ariel Weil, maire du Centre de Paris, et Ariel Goldman, président du Fonds social juif unifié, le début du concert a été intense en émotion devant une salle comble. Tous trois ont insisté sur l’importance de faire vivre la culture juive à travers ses multiples expressions, malgré les tensions politiques actuelles. Ariel Goldman a été, pour une fois, plus pessimiste qu’à l’accoutumée en célébrant les vingt ans du festival, mais en demandant : « Est‑ce que ce festival existera encore dans vingt ans ? Et dans quelle France ? » Le maire du Centre de Paris, Ariel Weil, a rappelé qu’après le 7 octobre, et les massacres qui ont touché notamment le festival SuperNova, les victimes et leurs familles ont dit : « Nous danserons à nouveau ». Face à la guerre terrible en cours, les artistes disent : « Nous continuons de jouer ».

Une vive lumière dans la pénombre

Lorsque la pénombre est tombée vers 19 h 30, Avishai Cohen, lui, n’a presque rien dit. Il a simplement joué et présenté ses deux jeunes musiciens de génie, repérés à New York : Itay Simhovich au piano et Yali Stern à la batterie. À mains nues d’abord, puis sortant l’archet pour certains morceaux plus orientaux, il a déroulé un répertoire à la fois fluide, étrangement classique et homogène, souvent mélancolique et néanmoins toujours gorgé de lumière.

En effet, le fil rouge du concert était son nouvel album, paru à l’automne et déjà partagé sur la scène du Duc des Lombards : « Bright Light », le bien nommé, où toutes les compositions sont de lui, sauf « Liebestraum Nr. 3 » d’après Liszt et le vibrant « Summertime » de Gershwin.

Une chaleureuse « école » de jazz

Avec ses deux nouveaux musiciens (le batteur en est à sa 4ᵉ collaboration sur scène), il a aussi interprété des morceaux plus anciens, comme « Eternal Child » de Chick Corea avec lequel Cohen a joué. L’ambiance est intime ; le thermomètre est très haut, et l’attention remplace la tension. Le concert est généreux, à l’image du musicien, dont la carrière est plus longue que celle du Festival, et qui constitue à lui seul une véritable école en détectant de merveilleux jeunes talents.

Un concert emblématique des « Cultures juives »

« Qui est plus emblématique qu’Avishai Cohen pour inaugurer, dans ces conditions extrêmes, la 20ᵉ édition du Festival des Cultures Juives ? » demandait le maire du Centre de Paris. L’occasion de redéfinir, encore et toujours, dans leur diversité, le caractère à la fois caractéristique et universel des cultures juives.

visuel (c) Antoine Sage / Yaël Hirsch

Pour réserver un autre évènement au Festival des Cultures Juives, c’est ici.

Et pour en savoir plus sur le concert de clôture du 30 juin à travers l’interview de la violoncelliste Camille Thomas, c’est là.