Prïncia Car a eu l’honneur de présenter son tout premier long-métrage à la 57ème édition de la Quinzaine des Cinéastes. Les Filles désir a également fait partie des films concourant à la Caméra d’or.
Ce film, c’est le fruit de huit ans de travail. Dans son tout premier long-métrage, la réalisatrice Prïncia Car interroge sur les dynamiques de genre, le rapport au désir et les aspirations de la jeunesse dans les quartiers populaires de Marseille.
Le récit s’ouvre dans un centre aéré, en plein été. Omar (Houssam Mohamed) y est le moniteur en chef, aux côtés de sa petite amie Yasmine (Leïla Haïchour) et du reste de leur bande de copains. À leurs yeux, les femmes sont classées en deux catégories : celles qu’on épouse et celles qu’on utilise. Dotés de cette belle mentalité, les garçons sont mis en scène en train de siffler des filles à longueur de journée. Mais lorsqu’il s’agit de les approcher, plus grand chose ne sort de leur bouche…
Cette dynamique est rapidement bouleversée par l’arrivée de Carmen (Lou Anna Hamon), une amie d’enfance ex-prostituée. En se réintégrant à la bande, elle provoque une réelle remise en question sur la mentalité du groupe, leurs principes et leurs aspirations.
Si le synopsis promet de tourner autour des personnages féminins, c’est pourtant Omar qui monopolise les trois quarts du film. Ce n’est que dans la dernière partie que Carmen et Yasmine se lient d’amitié pour s’émanciper des préjugés main dans la main. Pourtant, là aussi, une ambiguïté interpelle. Le scénario précipite cette liaison amicale, sans réellement y créer de profondeur. Les beaux plans sur fond musical ne suffisent pas pour transmettre la puissance de cette amitié et ce qu’elle représente ici. Elle symbolise une belle revanche sur tous ceux qui les ont réduites à de puérils préjugés. Le potentiel de mise en scène était immense, il aurait donc fallu l’exploiter plus en profondeur.
Le film se clôt sur les deux amies à bord d’un scooter, avec la musique qui donne son nom au film.
Visuel : © Zinc Film