Le Collège des Bernardins, avec ses hautes voûtes, ses colonnes séculaires et ses pierres baignées de lumière, offre au visiteur un espace de contemplation. En ce début d’année 2025, ce lieu hors du temps accueille Épiphanies, une exposition où peinture et spiritualité s’entrelacent. Augustin Frison-Roche y déploie dix-neuf toiles, comme autant de visions suspendues entre ciel et terre.
Dès les premiers pas dans la nef, une forêt vous accueille et vous guide vers la grande salle. Parmi les arbres et les feuillages, se dressent des colonnes, comme des sentinelles. S’ouvre alors un paysage d’ombres et de lueurs, une errance inspirée des vers de Rimbaud. Cette série de toiles vous accompagne sur le chemin, où la nuit glisse lentement vers l’aurore. Le regard s’habitue à l’éveil, la matière semble prendre forme sous vos yeux.
À l’entrée de l’ancienne sacristie, l’Étoile rappelle l’astre des Mages, ce guide silencieux qui les mena à l’enfant de Bethléem. Ici, elle éclaire le parcours du visiteur, l’invitant à poursuivre sa route parmi les toiles, à suivre cette lumière qui fait naître le mystère.
Au-delà des épiphanies bibliques, Augustin Frison-Roche inscrit son travail dans une recherche plus large de manifestations du divin à travers l’art. Il s’inscrit dans la ligne tracée par Jean-Paul II dans sa Lettre aux artistes, qui les invite à devenir des « épiphanies de la beauté ». Créer, c’est essayer de donner forme à la transcendance et de rendre visible quelque chose du divin : « L’art devrait toujours être une apparition, un surgissement de quelque chose d’autre par les moyens des couleurs et des formes, un signe visible de l’invisible. C’est vers cela qu’il faut tendre », déclare l’artiste.
Dans ce contexte, Les sept jours de la Création trouvent naturellement leur place dans l’exposition. Pour l’artiste, la contemplation de la création est déjà une épiphanie à elle seule.
La toile est binaire : le ciel est vide, immense, créant un contraste fort avec ce qui se passe sur terre. Au sol repose l’enfant Jésus. Sa famille demeure hors-champ, comme effacée, pour accentuer la puissance du geste : les grands de ce monde, figures de pouvoir et de sagesse, s’inclinent devant un nouveau-né.
Avec Épiphanies, le Collège des Bernardins devient le théâtre d’une révélation artistique. Ces apparitions, qu’elles surgissent de l’Histoire Sainte ou de la nature, rappellent que l’art et la beauté sont une porte ouverte sur l’invisible et le divin.
Visuel : Augustin Frison-Roche, Les sept jours de la Création, huile sur bois et feuilles d’or, 100×100, © ADAGP Paris 2024
Augustin Frison-Roche, La forêt est devenue une immense basilique, huile sur bois, 100×200, © ADAGP Paris 2024
Augustin Frison-Roche, Les sept jours de la Création, huile sur bois et feuilles d’or, 100×100, © ADAGP Paris 2024
Augustin Frison-Roche, L’adoration des mages, acrylique, 350×460, © ADAGP Paris 2024