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Au cabaret, des lieux d’exploration politique en dehors des grandes institutions

par Faustine Viallard
24.01.2025

Entre « plan pour la reconnaissance et le soutien des cabarets » annoncé par Rachida Dati ce mercredi 22 janvier et possible rachat de Chez Michou par Gad Elmaleh, le cabaret fait l’objet d’une attention prononcée dans l’espace public. L’occasion de plonger au coeur d’un secteur attractif et dynamique, qui cache, derrière les grandes institutions du « patrimoine français », des lieux dynamiques diversifiant de plus en plus leurs offres et proposant des productions artistiques profondément politiques.

Fêtes parisiennes

À l’issue des confinements successifs, le cabaret s’est imposé comme symbole d’une festivité perdue. Une représentation dont se sont joués certains espaces proposant du cabaret, en diversifiant leurs offres, désormais axées sur une vie nocturne assumée, avec des DJ-sets notamment, qui accueillent un public de plus en plus jeune. Entre autres, Le Boudoir des muses et La Bouche proposent, en plus des performances de cabaret, des soirées centrées live music, des ateliers d’écriture, et des ambiances techno, pour se transformer en véritables clubs.

C’est aussi sous forme itinérante que le cabaret se dynamise. La Barbichette de Monsieur K., anciennement à la tête du Secret et directeur artistique chez Madame Arthur de 2016 à 2018, renouvelle le genre sous la forme d’une troupe, se produisant dans toute la France.

Questionnements politiques

En dehors des spectacles traditionnels joués dans les grandes institutions parisiennes comme le Moulin Rouge ou le Paradis Latin, certains cabarets s’imposent comme des lieux transgressifs, offrant la possibilité d’un questionnement politique. Le Zèbre de Belleville par exemple, accueille le Cabaret de Poussière, un spectacle éminemment politique, déconstruisant les normes de genre, et exploitant des sujets d’actualité : immigration, climat, « en passant par les violences faites aux femmes, à la condition de la communauté LGBTQIA+, au racisme ambiant », et même du procès de Marine Le Pen.

Le célèbre Madame Arthur, où ont eu lieu les premières performances de femmes trans (Coccinelle et Bambi), rejoint également cet investissement politique que permet la forme hybride du cabaret, en renouvelant leurs thèmes chaque semaine, dans une ambiance drag, et le tout rythmé une musique archi festive : Madame Arthur enflamme Starmania, Madame Arthur fin du monde, Madame Arthur Chauffe ABBA…

Inspirations artistiques

Mais c’est aussi dans les lieux publics que le cabaret fait son show. Entre autres, il a fait l’objet, de par son univers pop prononcé et la mise en avant de corps marginalisés, d’une exploration en danse contemporaine. En novembre, le Théâtre national de la danse a consacré, avec CabaretS, un week-end de spectacles à ce genre artistique, mêlant chorégraphies, immersions dans les performances queers et réflexions dansées autour de cet art longtemps marginalisé. Le Théâtre du Rond-Point a aussi accueilli le cabaret Madame ose Bashung en décembre, l’érigeant ainsi en œuvre pérenne et transmissible. Des productions s’inspirant du genre pour dépasser l’éphémère des spectacles de cabaret.

Visuel : © Wikipédia