Anne-Marie Peigné est Directrice adjointe déléguée au développement du Théâtre Amandiers-Nanterre. Elle nous raconte le début de cette saison particulière qui donnera le jour à un bâtiment totalement repensé.
Dans un contexte où le spectacle vivant est fragilisé et où de nombreuses compagnies sont en difficulté, il était essentiel de maintenir cette programmation. Le théâtre doit rester un lieu où les artistes peuvent jouer, créer, rencontrer le public. Les engagements avec les compagnies avaient été pris depuis longtemps : il n’était pas question de les laisser tomber. Il fallait que les spectacles puissent être joués, sinon le théâtre et les artistes cessent tout simplement d’exister. Et, quoi qu’il arrive, nous tenons à préserver le lien avec le public et à faire vivre Les Amandiers malgré les travaux, comme nous le faisons depuis quatre ans.
Il ne s’agit pas de recréer à l’identique le théâtre éphémère, mais bien de proposer une installation provisoire, pour quelques semaines seulement. Malgré tout, la salle de spectacle a été entièrement rééquipée. Quant au hall, il aura sans doute un aspect plus brut, mais toujours aussi accueillant et chaleureux, avec un bar et une librairie, pour que le public s’y sente bien et que la vie du théâtre continue.
Nous ouvrons la saison avec deux spectacles profondément ancrés dans le monde d’aujourd’hui. FaustX, c’est le regard d’un artiste venu de l’autre bout du monde sur le mythe de Goethe. Dans son spectacle, il interroge une humanité prête à tout pour satisfaire son égo, mais aussi les rapports Nord-Sud et les grands déséquilibres de notre époque.
Superstructure évoque la jeunesse algérienne à travers trois générations, un sujet qui résonne avec les questions de mémoire, d’identité et de transmission qui traversent nos sociétés. C’est un spectacle qui a dû être plusieurs fois reporté et nous sommes heureux de pouvoir le présenter en partenariat avec le Festival d’Automne à Paris.
Il s’appuie sur un texte de Sonia Chiambretto, autrice associée aux Amandiers depuis quatre saisons. Sonia mène à Nanterre un travail de terrain essentiel avec les habitants, les associations, les lycéens et la maison d’arrêt. C’est aussi le retour d’Hubert Colas à Paris pour une longue série de représentations — un metteur en scène que nous soutenons dans sa recherche sur les nouvelles formes et les nouvelles écritures, à travers le festival Actoral.
À travers L’Autre Scène, nous continuons à proposer des formats variés — lectures, DJ sets, rencontres, projections, expositions — autant de manières différentes de rencontrer les artistes.
Cette saison, par exemple, nous accueillerons un Live Magazine, un journal vivant au théâtre consacré à l’Algérie et à la Méditerranée, un hommage à Jean-Pierre Vincent – qui a dirigé les Amandiers de 1990 à 2001 – et une exposition du Studio national des arts contemporains autour de la nature et du vivant. Nous proposerons aussi le Radio Live d’Aurélie Charon, des aftershows réguliers en partenariat avec Tsugi, et des événements en partenariat avec Visa pour l’image, la Cinémathèque idéale des banlieues ou encore Arte.
La réouverture du Théâtre des Amandiers est prévue courant décembre.
Les Amandiers rouvrent complètement transformés, avec la grande salle de 800 places, dont 150 strapontins, une salle transformable avec sept configurations différentes et une nouvelle petite salle de 200 places. Nous aurons aussi des espaces de travail remarquables, avec deux studios de répétition, le grand plateau du théâtre éphémère, et même des logements pour accueillir les artistes. C’est vraiment une maison d’artistes, un lieu pensé pour offrir des conditions de répétition et de création uniques.
Visuel : ©Bureau Nomade