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Amélie-Anne Chapelain : « C.A.M.P peut s’organiser autour de trois missions : habiter, accueillir, transmettre »

par Amélie Blaustein-Niddam
10.06.2024

Dans quelques mois, Amélie-Anne Chapelain ouvrira les portes d’un campement d’un nouveau genre ; C.A.M.P sera une résidence d’artistes, à Plouhinec, en Bretagne qui s’installera dans l’ancienne maison de la résistante Germaine Tillon; comme cela nous paraissait hautement Cult, nous avons longuement discuté avec la directrice générale de ce futur paradis pour les arts vivants les plus actuels.

Est-ce que vous pouvez m’expliquer ce que veut dire le nom de « C.A.M.P. » ?

C.A.M.P. veut dire « Capsule Artistique en Mouvement Permanent ». L’idée d’une capsule est celle d’une cellule de recherche, sur un territoire donné, dans notre cas, celui du pays de Lorient en Bretagne du Sud. J’aimais les références du mot « capsule », d’abord botanique, la capsule renfermant les graines qui permettent ensuite de polliniser un espace. Il y a aussi la capsule aérospatiale, très intrigante, qui part dans des espaces inconnus, avec des formes d’exploration aériennes ou aquatiques. Mon territoire est très relié au maritime, et j’aime beaucoup cette idée d’exploration scientifique. Enfin, la capsule implique un rapport au temps, avec l’idée de sauvegarde de la mer dans le temps. Ces trois dimensions de « capsule » me plaisent énormément. Évidemment, il y a aussi dans C.A.M.P. le mot « artistique », il s’agit d’un mouvement artistique. Permanent, parce qu’il y a cette volonté que la présence ici soit continue, pas seulement par le geste, mais aussi par la pensée et la vision. La question centrale est en tout cas : comment peut-on dérouler un fil sur un territoire, directement à partir de celui-ci ?

Pour qu’une maison soit solide, il faut des fondations. CAMP existe déjà. Comment cela a-t-il commencé ?

Quand C.A.M.P. a été fondé, il y a presque quatre ans, nous évoluions d’abord dans des lieux très différents. Nous avons été lauréats il y a deux ans de Mondes nouveaux. Ce programme du Ministère de la Culture nous a permis d’imaginer un campement artistique pour littoral, que l’on a installé dans un ancien camping municipal, près d’un marais classé Natura 2000. Nous avons travaillé dans des bunkers de la Seconde Guerre mondiale, avec des événements culturels liés à la culture maritime, dans des lieux militaires et des monuments historiques du pays de Lorient. On a beaucoup travaillé sans lieu proprement dit, et je crois que cela me plaisait beaucoup. Après avoir travaillé en institution pendant les vingt dernières années, au centre chorégraphique de Montpellier et au centre chorégraphique de Rennes, c’était une façon de me dire que je prenais un nouveau départ. Avant, j’étais beaucoup en tournée avec Boris Charmatz. Avec ce nouveau départ, j’avais en tête cette idée :  « peut-être que les théâtres ne sont plus les théâtres ». Qu’arriver sans théâtre, c’est avoir le plus beau des théâtres : c’est avoir à disposition tous les endroits qui ne sont pas dédiés à la culture. Sur un territoire comme celui-ci, le terrain d’exploration est gigantesque et passionnant, tout le rapport au littoral est à explorer, avec des données très liées à des questions environnementales.

Pouvez-vous nous donner des exemples ?

Oui, nous sommes confronté.e.s à la question de la submersion marine, du trait de côte et de la montée des eaux. Le territoire est également très lié à la course au large, dont Lorient est devenu un emblème, une vitrine en Europe. Les bateaux y sont construits, rénovés, beaucoup d’essais sont réalisés. Nous avons travaillé avec des biologistes marins, avec différentes personnalités et métiers, qui ont pour moi ouvert tout un nouveau rapport à l’art et à la culture. Le rapport au temps et au mouvement était intrinsèque, avec les chorégraphes que j’ai invités : que ce soit Aina Alegre, Betty Tchomanga, ils et elles avaient chacun.e un lien avec la question « comment peut-on invoquer quelque chose par le geste ? »

Quelle réponse donnez-vous à cette belle question ?

Nous avons expérimenté pendant trois ans, ce qui a permis de travailler le rapport à l’espace public, d’avoir des cohabitations assez inattendues, que je n’aurais jamais pu imaginer, qui, même, m’auraient sûrement effrayée il y a quelque temps. Finalement, cela a constitué une nouvelle façon d’envisager le rapport à l’espace. Je pense par exemple à une cohabitation effectuée avec une communauté de gens du voyage. Comment est-ce qu’on se partage l’espace, et comment est-ce qu’on habite dans un endroit ? Ces questions ont été assez centrales. Cela a également été le cas sur le littoral, sur des zones naturelles avec des espèces protégées. Il y avait de nombreuses espèces d’oiseaux en escale migratoire, par exemple, avec une période de multiplication et une période sensible. Nous avons développé une acuité à faire avec l’existant, faire avec ce qui est déjà sur place, tout en arrivant avec une vision artistique et une envie de réveiller l’endroit, avec tout ce que cela agite.

C.A.M.P s’installe aujourd’hui dans l’ancienne maison de la résistante Germaine Tillion…

Oui, nous avons été invité.e.s par le Conservatoire du littoral et la ville de Plouhinec, sur l’ancienne maison d’habitation de Germaine Tillion. Le fait que le lieu soit la propriété du Conservatoire de littoral fait que c’était un endroit forcément sensible, un lieu de patrimoine. Germaine Tillion a imaginé s’installer ici vers le milieu de sa vie, et elle a construit la maison en 1974. Elle y a passé trente ans avant de décéder, vivant entre cette maison et Saint-Mandé. Elle a pensé intégralement l’architecture de sa maison,  c’est elle qui a imaginé l’aménagement du jardin, le site faisant plus d’un hectare. Il y a un espace verger avec des cognassiers, un espace sur lequel elle a planté des arbres, des chênes-lièges qui sont assez rares. Elle a imaginé un potager, installé une serre, elle a vraiment aménagé ce magnifique jardin autour de différentes zones. Elle avait une roseraie, et l’un de ses amis m’a raconté qu’elle accueillait tous ses invités avec l’une de ses roses dans la chambre qui leur était attribuée. Elle avait le soin de l’extérieur et du jardin, de la manière qu’elle avait le soin d’accueillir des personnes, elle avait à cœur de recevoir des intellectuels, des amis, sa famille, etc. Sa maison était réellement pensée pour l’accueil, la surface était de plus de 220 mètres carrés, et elle recevait très souvent. Chaque chambre de la maison disposait d’une porte pour sortir de façon indépendante, et cela était sûrement lié à sa déportation, à sa vie en camp de concentration, qui faisait qu’elle ressentait le besoin de liberté et souhaitait que chacun puisse sortir et rentrer comme bon lui semble. Sa maison était aussi pensée selon la force des vents. Comment est-ce que cet endroit pouvait abriter et protéger des vents ? Il y avait chez elle une pensée de l’espace et du milieu dans lequel la maison s’inscrivait. Le fait qu’elle soit ethnologue, et qu’elle ait beaucoup pensé les lieux où elle allait en mission a certainement contribué à cette vision des endroits qu’elle investissait.

Est-ce que la maison est classée ? Avez-vous gardé exactement la même structure, c’est-à-dire est-ce que, par exemple, les artistes dormiront dans les chambres originelles ?

En partie. Je ne dirais pas que la maison a un caractère architectural important, c’était une maison des années 1970-1980, sans grand intérêt architectural. Elle n’est pas classée. Mais on retrouve certaines pièces, qu’on transforme : sa cuisine devient un atelier d’artistes, la chambre de sa sœur devient un espace bureau, son garage devient une salle d’observation.

Vous n’avez donc pas sanctuarisé ce lieu ?

Non, on n’avait pas du tout envie d’en faire un musée, un mémorial, mais plutôt un lieu qui réveille l’histoire de cette femme, ses enjeux et combats.

Cela m’amène sur le projet, et le lieu est encore en travaux, mais savez-vous déjà qui vous allez accueillir, sur quel format, quelle durée ?

Je suis passée hier dans la maison, ils sont en train de faire l’isolation à l’intérieur. Ils viennent de finir la peinture des murs extérieurs. Nous aussi, nous sommes en chantier. Au début, on a passé beaucoup de temps à se documenter, à lire sur cette femme, elle a écrit beaucoup de livres. On a essayé de comprendre qui elle était, on a rencontré beaucoup de personnes qui étaient liées à elle, pour comprendre la façon qu’elle avait d’envisager ses missions et ses combats, pour nourrir le projet. C.A.M.P peut s’organiser autour de trois missions : habiter, accueillir, transmettre. Transmettre les savoirs, car elle a créé des centres d’éducation, des centres sociaux en Algérie, liés à l’alphabétisation. Habiter, c’est habiter un environnement fragile. Accueillir, inclut la question des altérités, et de la façon de les recevoir. Nous sommes là pour réinvestir l’endroit à partir de ces trois missions, et ce, de manière concrète. L’idée, c’est d’avoir uneune quinzaine de résidences, des artistes, des scientifiques, des écrivains, des historiens, des chercheurs… . L’idée est de voir comment cette maison peut être pensée en ce sens. Nous allons réinvestir l’espace de la maison en ayant un accueil permanent, et chaque personne, invitée ou non, peut passer du temps dans cette maison et utiliser les pièces à leur disposition. On essaie de penser cette maison de manière très large, il y a la maison principale, il y a un terrain d’un hectare. Nous allons inviter d’autres artistes, en ayant plusieurs temporalités. On souhaite par exemple inviter des artistes qui viennent une semaine pour essayer des choses. Cela peut donner lieu à un moment de transmission, ou d’échanges informels, ou alors faire appel à des spécialistes. Nous avons imaginé accueillir des résidences plus longues, sur un mois, sur plusieurs mois. Nous nous demandons ce qu’on pourrait créer comme synergie, ce qu’il pourrait se passer dans cet espace si on reste plus longtemps, de la même façon que Germaine Tillion a imaginé. On souhaite explorer des nouveaux rapports au temps et aux espaces. Il y a encore beaucoup de choses à inventer, à expérimenter. Ce lieu est une invitation à expérimenter des nouveaux modèles, des nouvelles temporalités.

Quel.le.s sont les artistes qui vont être accueilli.e.s ?

Le plus simple pour vous répondre est de vous parler de notre semaine d’inauguration qui se tiendra du samedi 21 au dimanche 29 septembre. Vous y verrez Olga Dukhovna, Alexis Hedouin et Johnny Lebigot, Tatiana Julien, Marie Houdin, Mackenzy Bergile, Anthony Prigent Emmanuelle Péron et Inès Mauricio. Chaque artiste est invité à prendre le temps d’observer le lieu avant d’y (dé)poser un geste en public : dans un recoin de la maison, sous le châtaigner, en direction
de la Petite Mer de Gâvres. La technique sera minimale, la météo sera incertaine jusqu’au dernier moment, mais offrons-nous le luxe et la liberté d’interpréter l’avenir de ce lieu exceptionnel pendant quelques jours !

 

Portrait d’Amélie-Anne Chapelain, visuel (c) Nicolas Saint-Maur

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