Paul : « Le festival de Cannes, c’est à la fois un moment riche, une lessiveuse dont on sort essoré, une série d’échanges avec des plus ou moins inconnu•es croisé•es dans les files d’attente, des excitations et des déceptions. C’est, de toute façon, toujours pour moi un moment extraordinaire et la cuvée 2025 n’a pas dérogé à la règle. Ce fut aussi cette gageure si excitante, chaque jour, de devoir pondre quelques lignes passionnées ou assassines sur les sentiments qui m’assaillent, sur le moment. Et, pris dans le rythme, ça coulait plutôt bien sous la plume, mais avec un talent variable selon les jours et l’humeur. Pour tout dire, j’ai déjà hâte d’y retourner l’année prochaine. »
Yaël : « La 78e édition est une jolie cuvée, avec plein de belles images et une bande originale un peu kitsch qui me suivra tout l’été. J’ai été émue de la délicatesse de certaines propositions, et ce dès le film d’ouverture Partir un Jour, une sensation de douceur poursuivie par l’ACID qui était particulièrement riche d’émotions, et par l’excellente sélection de la Semaine de la Critique. Seul petit bémol : pas de grand choc à la fois émotionnel et esthétique. Il me semble qu’en compétition les deux propositions les plus innovantes étaient les deux films qui ont reçu le prix du Jury : Sirat et Sound of silence, mais, et l’un et l’autre, ont du mal à nous toucher vraiment car ils se perdent un peu. Même impression avec le film de Julia Ducournau, Alpha, où la réalisatrice renoue avec ses tripes mais n’arrive pas à ficeler sa fin. Par-delà un palmarès très sage sur la forme pour privilégier le fond de la cause politique, ma déception et ma question sont : Cannes n’est-il pas contre-productif si son horizon force les équipes des films à boucler trop hâtivement leur ouvrage pour réellement livrer des chefs d’œuvres ? »
Lisa : « Pour ma part, c’était une première fois à Cannes. À peine sortie de la gare, j’avais déjà des étoiles dans les yeux. Toute la ville est transformée en un immense hommage au cinéma, et on a l’impression de se joindre à une colonie de vacances de cinéphiles. Une ambiance bien spéciale ! La Quinzaine des Cinéastes m’a fait vivre un ascenseur émotionnel, avec les rires de Classe Moyenne et les sursauts de Dangerous Animals. Même s’il fallait se livrer à une bataille très matinale pour obtenir des billets, rares ont été les projections qui n’en valaient pas la peine. Cette première expérience à Cannes m’a donné l’envie de découvrir les autres festivals de cinéma, mais aussi d’y retourner l’année prochaine ! »
En voilà, de jolies impressions, qui creusent la FOMO (Fear Of Missing Out – peur de rater quelque chose) autant que le réconfort de bientôt découvrir en salles de nouveaux jolis films, de celleux resté•es dans leurs pénates, à relire, d’arrache-pied les live-reports et les critiques, de la team descendue à Cannes. Car c’est aussi cela, le festival de Cannes, des petits yeux, des petites mains et d’autres amoureux•ses de cinéma, coincé•es ailleurs – à Paris, sur un bateau au large de la Bretagne, à Marseille ou en Alsace – et qui le vivent, au loin, avec parfois l’espoir de s’y rendre l’an prochain, ou simplement la joie de voir le cinéma sur un piédestal pendant quelques jours.